Les pratiques adoptives occidentales donnent lieu à de nouvelles problématiques parentales et de nouvelles questions existentielles pour les enfants adoptés. Elles s’inscrivent dans un contexte mondial que l’on ne peut négliger. L’adoption internationale est devenue une nécessité devant la carence des enfants adoptables en France, mais elle sous-tend également un vrai désir de parents (stériles ou non) de prendre sien un enfant venu d’ailleurs. Parfois, les raisons d’un choix sont pragmatiques, mais elles sont aussi précises selon l’idée que l’on se fait de tel ou tel pays, de telle ou telle culture. Au-delà du désir parental, l’adoption internationale est devenue une forme de circulation inédite des enfants, qui bouscule les autres formes existantes localement, et qui participe d’une évolution des pratiques de parentalité.

Les liens qui unissent les parents adoptifs et leurs enfants s’inscrivent le plus souvent dans des rencontres extraordinaires et des histoires de générosité et d’amour profond. Ces projets d’adoption nécessitent cependant des pratiques professionnelles, psychologiques notamment, tenant compte dès le début de la protection de l’enfant, et de la préparation des futurs parents.

En effet, le désir d’ailleurs, comme soif de beauté et de nouveauté s’incarnant dans les pratiques parentales, se nourrit d’idéalisation et donc de potentielle déception. Le soin psychique des enfants adoptifs et de leurs parents nécessite ainsi un détour anthropologique, qui dégage les implications de ce geste vivant et généreux, mais parfois ambivalent, que constitue l’adoption internationale. Sa complexité pourra être ensuite éclairée par une approche clinique incluant des données multiples. Ce numéro se propose ainsi de croiser différentes approches pour mieux éclairer les enjeux psychiques et anthropologiques de l’adoption internationale.