Françoise Héritier entourée par Claire Mestre (à gauche), Marie Rose Moro et Michèle Fiéloux (à droite) Source D.G.
Publié dans : L’autre 2008, Vol. 9, n°1
L’Exercice de la Parenté. Paris : Ed. Le Seuil-Gallimard ; 1981 (Traductions italienne et espagnole).
Les Deux sœurs et leur mère. Anthropologie de l’inceste, Paris : Ed. Odile Jacob ; 1982 (Traductions italienne, espagnole, anglaise).
« Le sperme et le sang ». Paris : Nouvelle Revue de Psychanalyse ; 1985.
Les Complexités de l’alliance (avec Élisabeth Copet-Rougier). Paris : Ed. des Archives contemporaines ; Vol. 1. Les systèmes semi-complexes, 1990 ; Vol. 2. Les systèmes complexes d’alliance matrimoniale, 1991 ; Vol. 3. Économie, politique et fondements symboliques (Afrique), 1993 ; Vol. 4. Économie, politique et fondements symboliques, 1994.
Masculin/Féminin. La pensée de la différence. Paris : Ed. Odile Jacob ; 1996 (Traductions espagnole et italienne ; traductions arabe et japonaise en cours).
Séminaire de Françoise Héritier. De la violence I et II. Paris : Ed. Odile Jacob ; 1996 et 1999.
De l’inceste (avec B. Cyrulnik et A. Naouri). Paris : Ed. Odile Jacob ; 2000.
Masculin / Féminin 2. Dissoudre la hiérarchie. Paris : Ed. Odile Jacob ; 2002.
Corps et affects (avec Margarita Xanthakou). Paris : Ed. Odile Jacob ; 2004.
Citons le livre en hommage à l’œuvre et à la personne de Françoise Héritier : En substances. Textes pour Françoise Héritier. Sous la dir. de Jean-Luc Jamard, Emmanuel Terray, Margarita Xanthakou. Paris : Ed. Fayard ; 2000.
Fiéloux M, Mestre C, Moro MR. Une anthropologue dans la Cité. Entretien avec Françoise Héritier. L’autre, Cliniques, cultures et sociétés, 2008, Vol. 9, n° 1, pp. 11-36
Françoise Héritier a été élue en 1982 à la chaire d’Étude comparée des Sociétés Africaines, reprenant le flambeau de l’anthropologie sociale que Claude Lévi-Strauss allait laisser l’année suivante. Elle a succédé à ce dernier à la direction du Laboratoire d’Anthropologie sociale pendant dix-huit ans. Elle cumulait les fonctions de professeur au Collège de France et de Directeur d’Études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Anthropologue de renom, elle a mené ses recherches sur la parenté et sur les systèmes symboliques en Afrique de l’Ouest, principalement chez les Samo du Burkina Faso (à l’époque Haute-Volta) mais également chez les Mossi, les Bobo, les Pana, les Dogon, totalisant plus de cinq années de travail de terrain, par le biais de missions financées par le CNRS.
Françoise Héritier a eu la chance, comme elle le dit, de rencontrer chez les Samo un système de parenté connu sous le nom de Omaha et qui relève avec le système Crow de ce qu’elle a catégorisé comme structures semi-complexes d’alliance. C’est à partir des travaux pionniers qu’elle a réalisés, en usant de l’informatique, sur le fonctionnement de ces systèmes à prohibitions matrimoniales multiples et en élargissant son regard à la prohibition de l’inceste qu’elle a été conduite progressivement à élaborer la théorie de l’inceste du deuxième type et plus près de nous à travailler sur le socle fondateur de ces institutions, à savoir le rapport entre les sexes.
Françoise Héritier a mené pendant toutes ces années d’enseignement au Collège de France une exploration de l’anthropologie symbolique du corps dont il n’est pas question dans cet entretien et parallèlement a conduit un séminaire qui s’est ouvert progressivement à l’analyse des problèmes de la société contemporaine. Bien qu’à la retraite, elle continue d’assurer la direction de groupes de recherche, l’un à l’EHESS avec des collègues historiens et ethnologues sur des questions de parenté (le passage du système romain au système canonique comme point de départ), l’autre au Laboratoire d’Anthropologie sociale intitulé depuis quelques années «Corps et affects» (qu’elle co-dirige avec Margarita Xanthakou).
Il faut souligner l’engagement exceptionnel de Françoise Héritier comme «anthropologue dans la Cité», participant, dans le fil de sa carrière, à des instances qui débordent le cadre de la vie professionnelle comme la Présidence du Conseil National du sida pendant six ans. Elle a également présidé une commission mixte sciences biologiques/sciences sociales à l’Inserm et a fait partie du comité consultatif d’éthique pour les sciences de la vie et du comité d’éthique pour les sciences au CNRS. Elle a été membre du Haut-Conseil de la francophonie et du Haut-Conseil de la population et de la famille: et elle est toujours membre de l’Académie universelle des Cultures et vice-présidente de la fondation Méderic-Alzheimer ainsi que du Conseil National sur le Handicap et d’autres institutions semblables.
Cet entretien a été pour nous une rencontre très chaleureuse et un grand moment de réflexion autour d’un questionnement incisif sur les profondeurs de notre être social et culturel.
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