Les entretiens

© Daniel Delanoë. D.G.

Rendre visible l’invisible

Entretien avec Doris BONNET


Daniel DELANOË

Daniel Delanoë est psychiatre, psychothérapeute, anthropologue, responsable de l’Unité Mobile Trans-Culturelle, EPS Barthélemy Durand, 91152 Étampes, Chercheur associé INSERM Unité 1018, Fellow Institut Convergences Migrations (2021-2025) Maison de Solenn, Maison des Adolescents, Cochin, Paris.

Deluz, A. (1998). Denise Paulme (1909-1998). Journal des anthropologues, 72-73(1-2), 187-188.

Houis, M. (1963). Les noms individuels chez les Mossi. IFAN.

Lallemand, S., Journet, O., Ewombé-Moundo, E., Ravololomanga, B., Dupuis, A., Cros, M., & Jonckers, D. (1992). Grossesse et petite enfance en Afrique noire et à Madagascar. L’Harmattan.

Lallemand, S. (1988). La mangeuse d’âme. Sorcellerie et famille en Afrique noire. L’Harmattan.

Mauss, M. (1999). Les techniques du corps. Dans M. Mauss, Sociologie et Anthropologie (pp. 365-386). P.U.F.

Paulme, D. (1986). La mère dévorante. Essai sur la morphologie des contes africains. Gallimard.

Retel-Laurentin, A. (1979). Un pays à la dérive. Une société en régression démographique. Les Nzakara de l’Est centrafricain. Jean-Pierre Delarge.

Retel-Laurentin, A. (1979). Évasions féminines dans la Volta noire. Cahiers d’études africaines, 19(73-76), 253-298.

Principales publications de Doris Bonnet

Bonnet, D. (1982). Le Proverbe chez les Mossi du Yatenga. SELAF.

Bonnet, D. (1988). Corps biologique, corps social : la procréation et l’interprétation de la maladie de l’enfant chez les Moose du Burkina. Éditions de l’ORSTOM.

Bonnet, D., & Pourchez, L. (2007). Du soin au rite dans l’enfance. ÉRES.

Bonnet, D. (2009). Repenser l’hérédité. Éditions des Archives Contemporaines.

Bonnet, D., & Duchesne, V. (2016). Procréation médicale et mondialisation : expériences africaines. L’Harmattan.

Pour citer cet article :

Delanoë D. Rendre visible l’invisible. Entretien avec Doris Bonnet. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2021, volume 22, n°1, pp. 7-19


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/entretiens/rendre-visible-linvisible/

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Doris Bonnet est anthropologue. Elle a mené ses recherches en Afrique, en particulier au Burkina Faso, et en France auprès des migrants originaires d’Afrique subsaharienne. Chercheuse émérite à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), elle s’intéresse actuellement aux nouvelles formes de parentalité en situation migratoire. Sensible à la question de la transmission, elle maintient de nombreux liens avec ses étudiants. Elle poursuit au sein de son laboratoire « Population et Développement » (Ceped, Université de Paris) un séminaire avec des collègues sur l’histoire et l’anthropologie de la petite enfance.

L’autre : Merci Doris Bonnet d’accueillir L’autre aujourd’hui. La première question que nous posons à tous les chercheurs ainsi qu’aux cliniciens dans le champ transculturel que nous rencontrons pour la revue L’autre, est de savoir si leur enfance, le lieu où ils sont nés, leur famille, leur adolescence – ces éléments de l’affiliation première – ont une influence sur leur parcours intellectuel.

Doris Bonnet : C’est toujours difficile de déterminer l’origine d’un parcours professionnel. Je suis née à Paris, dans le 9e arrondissement, et j’habitais dans le 19e, aux Buttes Chaumont. Mon père était maroquinier, il avait une entreprise d’articles de voyage et ma mère travaillait dans l’hôtellerie. À l’âge de 10 ans, on est parti vivre à Nice. J’étais scolarisée dans une école religieuse qui avait organisé un système d’aide humanitaire par aire culturelle et avec des correspondants étrangers. Il y avait un groupe qui s’occupait de l’Asie, un de l’Afrique, un autre de l’Amérique du Sud, etc. J’étais responsable du groupe Afrique et mon correspondant était congolais. Une correspondance s’est alors engagée pendant plus d’une année. Il me racontait des tas d’histoires sur le Congo qui suscitaient mon admiration et excitaient mon imaginaire. On était au début des années 1960 et il y avait, dans la classe, des élèves qui revenaient d’Afrique suite aux indépendances.

L’autre : Des Françaises qui avaient quitté le pays avec leurs parents ?

DB : Oui. Certaines amies de classe revenaient du Cameroun et avaient régulièrement des crises de paludisme. J’étais très intriguée par cette maladie. Elles étaient souvent absentes et m’expliquaient ce qu’elles vivaient durant ces crises.

Une correspondance s’est alors engagée pendant plus d’une année. Il me racontait des tas d’histoires sur le Congo qui suscitaient mon admiration et excitaient mon imaginaire.

L’autre : Que tu retrouveras bien plus tard.

DB : Exactement. Il y en avait une qui était ma grande amie, elle était née à Bobo-Dioulasso, Haute-Volta1, et elle me parlait de son vécu d’enfant. On avait toutes une dizaine d’années, on était en 6e. Ça a beaucoup développé mon imaginaire sur l’Afrique. Mais je pense que tout ça s’est ensuite endormi car nous avons de nouveau déménagé et avons quitté Nice pour revenir à Paris. Il n’y a pas eu de continuité, de liens avec tout cet univers. J’ai perdu mon correspondant, j’ai aussi perdu mes copines qui sont restées à Nice. J’étais dans d’autres univers. Je pense qu’il y a un moment où tout ça est revenu par des lectures, lorsque je me suis mise à beaucoup lire, autour de 17-18 ans, beaucoup d’ouvrages sur l’Afrique, sur l’anthropologie.

L’autre : Te rappelles-tu d’un ouvrage anthropologique qui t’a particulièrement marqué ?

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  1. Depuis 1984, la Haute-Volta se nomme Burkina Faso, à l’initiative de Thomas Sankara, chef de l’Etat de 1983 à 1987.

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