Les entretiens

© portrait de Nurith Aviv, Julie Azoulay, Paris, 2014. D.G.

Le photo-portrait de Nurith AVIV

et


Julie AZOULAY

Julie Azoulay Samuel est psychiatre à Le Perray-En-Yvelines.

Marion FELDMAN

Marion FELDMAN est maître de conférences en psychologie clinique – Université Paris Descartes, psychologue-clinicienne à l’O.S.E, Chercheure au laboratoire PCPP EA 4056 Sorbonne Paris Cité, Institut de Psychologie.

Pour citer cet article :

Azoulay J, Feldman M. Le photo-portrait de Nurith Aviv. Entretien avec Nurith Aviv. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2016, volume 17, n°2, pp. 234-242

DOI : 10.3917/lautr.050.0234

Lien vers cet article : https://revuelautre.com/entretiens/le-photo-portrait-de-nurith-aviv/

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Nurith Aviv est la première femme chef opératrice en France. Elle a travaillé sur une centaine de films avec de grands cinéastes comme Agnès Varda, Amos Gitai, René Allio, Jacques Doillon et bien d’autres. Depuis 1989, Nurith Aviv est devenue auteur et réalisatrice de ses propres films. A ce jour, elle a réalisé douze films documentaires d’un genre nouveau, sobres et émouvants. Ces films nous font voyager par l’intermédiaire de rencontres avec des hommes et des femmes. Ils sont écrivains, poètes, philosophes, chercheurs, traducteurs, artistes ou érudits. Nurith Aviv nous transmet, par ses mises en lumières, son vif intêret pour des thématiques aussi variées qu’universelles telles que l’image, la langue, la poésie, la traduction, la maternité et la filiation. Nurith Aviv est aussi enseignante dans des écoles de cinéma en France, en Israël et en Allemagne. En 2009, elle a été lauréate du prix Edouard Glissant.

En juillet 2014, la revue L’autre est allée à la rencontre de la cinéaste chez elle, à Paris. C’était quelques mois après la sortie en salle de son film Annonces. Ce film nous avait, cette fois encore, séduit par son originalité, sa liberté de ton et son aboutissement. Il mettait en images, en lumière et en mots, des histoires de vie singulières, des textes religieux et une riche iconographie médiévale autour de l’annonce de la maternité et de la filiation (sacrée ou profane). Avec Annonces s’ouvrait l’espace d’un dialogue fécond entre représentations individuelles, représentations culturelles et représentations religieuses.

Tout au long de cet entretien, Nurith nous a parlé de sa pratique du cinéma : belle, singulière et très exigeante. C’est bien sûr le cinéma d’une artiste engagée.

L’autre : Quel est votre parcours, pour réaliser des films ?

Nurith Aviv : Petite, j’ai commencé par être photographe, il faut dire que mon père était photographe. J’ai fait par la suite des études à l’IDHEC (aujourd’hui appelée la FEMIS) puis je me suis mise à la prise de vue et je suis ainsi devenue la première femme chef opérateur en France.

J’ai d’abord fait l’image pour les autres et, à un moment donné, sans le décider vraiment, j’ai glissé vers la réalisation. Mais l’image est toujours restée très importante pour moi.

L’autre : Pourquoi avez-vous choisi le « film » comme support ?

NA : Sait-on vraiment le pourquoi des choses ? J’ai commencé par être attirée par la photographie, puis par l’image animée. J’étais très contente de faire l’image et puis on m’a demandé de faire un film. Je pouvais le faire et j’avais fait tellement d’images… J’ai fait l’image et dans ma façon de faire, la réalisation était déjà là. Je fais souvent des plans très longs, des plans séquences et lorsque l’on fait des plans séquences très longs, on peut déjà dire que l’on fait de la réalisation… mais ce n’était pas encore la réalisation de mes propres films. Je continuais à signer l’image. C’était les films des autres, leurs idées, mais la réalisation proprement dite, la construction venait de moi. Ensuite pour les deux premiers films, les sujets ne venaient pas de moi. Je continuais à faire l’image.

On peut dire que le premier film intégralement de moi, c’est Circoncision en 2000. L’idée c’était de mettre en scène la parole. Et ensuite chaque film a vraiment fait naître le suivant. Il est comme la suite logique du film précédent. Je suis restée fidèle à mon idée de mise en scène de la parole, d’un point de vue cinématographique.

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