Les entretiens

© Yoram Mouchenik D.G.

La rigueur du qualitatif

Entretien avec Jean-Pierre Olivier DE SARDAN


Yoram MOUCHENIK

Yoram MOUCHENIK est Psychologue-clinicien. Membre du comité de rédaction de la revue "L’autre". Professeur en psychologie clinique interculturelle à l’Université Paris 13. Responsable de l’équipe de recherche en psychologie inter et transculturelle du Laboratoire URTPP.

Une politique publique de santé et ses contradictions. La gratuité des soins au Burkina Faso, au Mali et au Niger avec V. Ridde (eds), Karthala. 2015

Une politique publique de santé et ses contradictions. La gratuité des soins au Burkina Faso, au Mali et au Niger avec V. Ridde (eds), Karthala. 2015.

La rigueur du qualitatif. Les contraintes empiriques de l’interprétation socio-anthropologique. Louvain-La-Neuve: Bruylant, 2008.

Etat et corruption en Afrique. Une anthropologie comparative des relations entre fonctionnaires et usagers (Bénin, Niger, Sénégal), avec G. Blundo, Paris, Karthala, 2007.

Une médecine inhospitalière. Les difficiles relations entre soignants et soignés dans cinq capitales d’Afrique de l’Ouest, avec Y. Jaffré, Paris, Karthala, 2003.

La sage-femme et le douanier. Cultures professionnelles locales et culture bureaucratique privatisée, Autrepart, 2001.

La construction sociale des maladies. Les entités nosologiques populaires en Afrique de l’Ouest avec Y. Jaffré (eds.), PUF 1999.

Les sociétés songhay-zarma (chefs, guerriers, esclaves, paysans…), Paris, Karthala, 1984.

La construction sociale des maladies. Les entités nosologiques populaires en Afrique de l’Ouest avec Y. Jaffré (eds.), PUF 1999.

Anthropologie et développement. Essai en socio-anthropologie du changement social, Karthala, 1995.

Anthropologie et développement. Essai en socio-anthropologie du changement social, Karthala, 1995.

Les sociétés songhay-zarma (chefs, guerriers, esclaves, paysans…), Paris, Karthala, 1984.

Pour citer cet article :

Mouchenik Y. La rigueur du qualitatif. Entretien avec Jean-Pierre Olivier de Sardan. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2018, volume 19, n°2, pp. 223-234


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/entretiens/la-rigueur-du-qualitatif/

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Jean-Pierre Olivier de Sardan est anthropologue, chercheur au LASDEL, Laboratoire d’Etude et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local, structure de recherche en sciences sociales au Niger dont il est un membre fondateur. Il est professeur associé à l’Université Abdou Moumouni et responsable scientifique du master de socio-anthropologie de la santé et directeur de recherche émérite au Centre National de la Recherche Scientifique et directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris.

Chercheur engagé et impliqué, il travaille depuis plusieurs dizaines d’années au Niger dont il possède la nationalité. Ses objets de recherche sont multiples : l’anthropologie de l’action publique, les services publics, la santé, le développement, la corruption, la gouvernance, le travail de l’anthropologue, qui ont tous en commun la place essentielle de l’enquête de terrain, ses modalités et sa restitution avec le souci que la recherche fondamentale en anthropologie puisse avoir des effets sociaux ou au minimum soit une ressource pour l’action publique.

Olivier de Sardan occupe une place particulière, inclassable, particulièrement impliqué dans son terrain, le Niger où il crée des structures de recherche, d’enseignement, et forme de futurs anthropologues africains. Il est un des rares anthropologues à avoir effectué une anthropologie du développement qu’il nomme socio-anthropologie du développement, travail considérable sous forme d’enquêtes empiriques de terrain produisant de nouvelles formes d’intelligibilité des phénomènes sociaux.

Il démontre ainsi que les représentations et les pratiques liées aux interventions de développement sont des phénomènes sociaux qui peuvent être étudiés au même titre que les sujets favoris et plus classiques des anthropologues, comme la parenté, les mythes, etc.

L’autre (Yoram Mouchenik) : Peux-tu nous parler de ton milieu familial, tes premières années, ta formation ?

Bien qu’étant originaire du Languedoc, j’ai fait toute ma scolarité à Paris. A la fin de la scolarité et au début de l’université la guerre d’Algérie était encore là. C’est comme ça que je suis entré dans des mouvements anti-guerre d’Algérie et ensuite à l’Union des étudiants communistes qui, à l’époque, était un peu oppositionnelle par rapport à la ligne du parti. J’ai commencé Sciences-Po qui était une sorte de programmation familiale et logique parce que mon père avait été conseiller d’Etat, mais je n’ai pas voulu continuer dans cette filière. Après trois ans à Sciences-Po, je suis passé en socio, ce qui, à l’époque, correspondait à une sorte de déclaration d’identité un peu gauchiste. J’ai pas mal milité pendant toutes ces années. Ensuite, j’ai fait le centre de formation à la recherche ethnologique qui venait d’être créé par Leroi-Gourhan, qui était le seul lieu de formation au terrain, le seul lieu vraiment de formation spécialisée en anthropologie, j’ai été je crois de la deuxième promotion. C’est à ce moment-là aussi, que j’ai eu l’occasion de partir au Niger parce que Jean Rouch avait demandé à André Leroi-Gourhan un doctorant pour partir au Niger, étudier un groupe insulaire de la vallée du fleuve au Niger.

L’autre : Qui s’appelait comment ?

Les Wogos, et ça a donné lieu à ma première thèse et aussi au premier ouvrage qui a été publié à l’Institut d’ethnologie, que j’avais intitulé Système des relations économiques et sociales chez les Wogos du Niger. Il y avait la volonté de l’inscrire un peu dans l’anthropologie économique marxiste à l’époque. C’était aussi le moment, quand j’étais au Niger, où j’ai travaillé avec Claude Meillassoux qui représentait, pour l’Afrique, le pôle du marxisme en anthropologie.

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