Les entretiens

András Zempléni D.G.

En quête de l’autre : notes autobiographiques

Rencontre avec András ZEMPLÉNI

et


Marie Rose MORO

Marie Rose Moro est pédopsychiatre, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, cheffe de service de la Maison de Solenn – Maison des Adolescents, CESP, Inserm U1178, Université de Paris, APHP, Hôpital Cochin, directrice scientifique de la revue L’autre.

Michèle FIÉLOUX

Michèle Fiéloux est anthropologue et réalisatrice au Laboratoire d’Anthropologie sociale (CNRS), Collège de France, 52 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris.

L’enfant Nit Ku Bon : un tableau psychopathologique traditionnel chez les Wolof et Lebou du Sénégal, avec Jacqueline Rabain, Psychopathologie africaine 1965, Paris : 329-441 (republié in L’enfant ancêtre, Grenoble, Éditions la Pensée Sauvage, 2000. Pages 33-91).

La dimension thérapeutique du culte des rab : Ndëp, tuuru et samp, rites de possession chez les Lebou et les Wolof, Psychopathologie Africaine, 1966, II, 3 : 295-439.

L’interprétation et la thérapie traditionnelles du désordre mental chez les Wolof et les Lébou du Sénégal, Thèse de 3e cycle inédite, Université de Paris, 1968, 543 p.

Psychologie clinique et ethnologie (Sénégal), avec Ortigues Bulletin de Psychologie 1968 ; 70 (21) : 950-58.

Le bâton et l’aveugle : divination, maladie et pouvoir chez les Moundang du Tchad, avec Alfred Adler. Paris : Hermann ; 1972.

Pouvoir dans la cure et pouvoir social. Nouvelle Revue de Psychanalyse 1973 ; 8 : 141-178.

Du symptôme au sacrifice : Histoire de Khady Fall. L’Homme 1975 ; XIV : 31-77.

De la persécution à la culpabilité In Piault, Colette éd, Prophétisme et thérapeutique, Paris : Hermann, 1975 : 153-218.

La chaîne du secret. Nouvelle Revue de Psychanalyse 1976 ; XIV : 313-325.

Possession et sacrifice. Le Temps de la Réflexion, Paris : Gallimard,
1984 : 325-352.

Secret et sujétion : pourquoi ses « informateurs » parlent à l’ethnologue ?, Traverses 1984 ; 30-31 : 102-115.

Causes, agents et origines de la maladie dans les sociétés sans écriture, Paris : Société ethnographique de Paris, 1985.

La « maladie » et ses « causes ». Introduction. L’ethnographie 1985 ; 81(2) : 13-44.

Des êtres sacrificiels, In Cartry, Michel, éd. Sous le masque de l’animal : Essais sur le sacrifice en Afrique Noire, Paris : Presses Universitaires de France, 1987 : 267-317.

Entre sickness et illness : de la socialisation à l’individualisation de la maladie. Social Science and Medicine 1988 ; 27 : 1171-1182.

Le scorpion et le revenant, in Jean Malaurie, Paris : Plon, 1990 : 71-77.

L’Amie et l’Etranger : Hommes et femmes en société matrilinéaire. Autrement 1991 : 57-75.

Savoir taire : du secret de l’intrusion ethnologique dans la vie des autres. Gradhiva 1993 ; 20 : 23-41.

L’invisible et le dissimulé : du statut religieux des entités initiatiques. Gradhiva, 1993 ; 14 : 3-15.

How to say things with assertive acts : About some pragmatic properties of Senoufo divination. In Bibeau Gilles and Ellen Corin, Eds. Beyond textuality : Ascetism and Violence in Anthropological Interpretation, New York-Berlin : Mouton de Gruyter, 1995 : 233-249.

Les manques de la nation. Sur quelques propriétés des notions de patrie et de nation en Hongrie contemporaine. In Fabre Daniel, L’Europe entre cultures et nations, Paris ; Maison de Sciences de l’Homme, 1996 : 121-157.

Exposer le sens : l’objet et le corps au musée anthropologique, avec Jacques Mercier. Le Débat, 2000 ; 108 : 96-114.

La politique et le politique : les assemblées secrètes du Poro sénoufo In Détienne Marcel éd., Qui veut prendre la parole ? Paris : Seuil ; 2003 : 107-147.

Pour citer cet article :

Moro M.R, Fiéloux M, En quête de l’autre : notes autobiographiques. Rencontre avec András Zempléni. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2015, volume 16, n°2 , pp. 215-236


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/entretiens/en-quete-de-lautre-notes-autobiographiques/

Mots clés :

Keywords:

Palabras claves:

Formé en psychologie, ethnologie et linguistique à l’ancienne Sorbonne et au Musée de l’Homme, András Zempléni a commencé par associer les méthodes ethnographiques et cliniques dans sa thèse sur les interprétations et les thérapies traditionnelles des désordres mentaux chez les Wolof, ses monographies sur le N’doep et l’enfant nit ku bon, ainsi que ses multiples contributions théoriques aux travaux de l’équipe d’ethnopsychiatrie de Fann qu’il a co-fondée avec le Dr Henri Collomb à Dakar.

En 1968 il rejoint le laboratoire d’ethnologie de Nanterre où il introduit l’enseignement et la recherche en l’anthropologie de la maladie. Le Bâton de l’aveugle qu’il co-signe ensuite avec A. Adler sur la divination, la médecine et la possession chez les Moundang du Tchad marque le début de ses écrits en anthropologie comparée des rituels : de possession (une forme particulière du sacrifice), de divination (une action assertive qui doit sa véracité à l’évacuation du sujet d’énonciation humain) et des rites d’initiation (que leur autoréférentialité distingue des actes religieux).

En 1972, il se fixe chez les Sénoufo Nafara réputés à la fois pour leur omniprésente institution initiatique masculine, le poro, et pour leur système de visite nocturne des hommes au village maternel de leurs partenaires sexuelles. Une fois admis dans le poro, il approfondit le lien entre ces deux institutions, décrit le fonctionnement des assemblées secrètes du poro et formule une théorie du secret qu’il affine dans une série d’écrits. Plus récemment, il crée l’installation multimédia sur la divination sénoufo de l’exposition permanente du Musée du Quai Branly.

L’autre : Je vais commencer par te demander ton parcours : où es-tu né ? Comment as-tu grandi ? Et comment es-tu devenu psychologue et anthropologue ?

András Zempléni (AZ) : Je suis né à Budapest dans l’année de l’Anschluss (1938) et j’ai quitté cette ville après l’écrasement de la révolution de 1956. Autant dire que les expériences déterminantes de mon enfance étaient la guerre, puis la sinistre ambiance du stalinisme auquel nous avons cru mettre fin en 1956. En juin, j’ai passé mon baccalauréat. En octobre, la révolution a éclaté. Entre-temps, j’ai travaillé comme responsable des draps dans un hôtel situé au centre de Budapest. C’est ce qui fait que j’ai pu suivre de très près les événements que j’ai notés au dos des tracts ramassés dans les rues de la ville fumante. Ce genre d’observation participante n’était pas du goût des agents de la police politique qui m’ont attrapé. Mais, ce ne sont pas leurs coups de pied qui m’ont décidé à émigrer. Quelques mois plus tôt, je me suis présenté à la section de journalisme de l’université et, bien évidemment, j’ai été refusé dans ce département hautement surveillé. Magasinier ou réceptionniste d’hôtel au mieux, j’avais l’impression de n’avoir aucun avenir en Hongrie. Comme tant d’autres, j’ai donc pris la direction de la frontière autrichienne. Nous avons été refoulés deux fois de suite car nous étions nombreux. Il fallait y aller seul et invisible à cause des fusées éclairantes. C’est ce que j’ai fait enveloppé dans deux draps « empruntés » à mon hôtel dans la nuit blanche de Saint Sylvestre. Ma vie occidentale a commencé ainsi.

 L'accès à cet article est réservé aux abonnés.


Connectez-vous pour accéder au contenu

ou abonnez-vous en cliquant ici !


Lire, Voir, Écouter

Entretien avec Philippe Claudel

Colloques & séminaires
Bibliothèque