Note de recherche
L’interprétariat en santé mentale : les enjeux de la formation
Publié dans : L’autre 2017, Vol. 18, n°3
Nicolas CHAMBON
Halima ZEROUG-VIAL
Halima ZEROUG-VIAL est directrice de l'Orspere-Samdarra et médecin psychiatre au Centre Hospitalier Le Vinatier.
Natacha CARBONEL
Laforcade M. Rapport relatif à la santé mentale 2016. http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgos_rapport_laforcade_mission_sante_mentale_011016.pdf
Les Cahiers de Rhizome: L’interprétariat en santé mentale 2015; (55). http://www.ch-le-vinatier.fr/orspere-samdarra/rhizome/anciens-numeros/cahiers-de-rhizome-n55-l-interpretariat-en-sante-mentale-1058.html
L’interprétariat en santé et en santé mentale. Film d’animation diffusé par l’Orspere-Samdarra 2017. http://www.ch-le-vinatier.fr/orspere-samdarra/ressources/films-d-animations/espace-multimedia-857/l-interpretariat-en-sante-et-en-sante-mentale-338.html?cHash=52bb6e5de0a72dc7c27a14a27d7b3e8e
Pour citer cet article :
Chambon N, Zeroug-Vial H, Carbonel N. L’interprétariat en santé mentale : les enjeux de la formation. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2017, volume 18, n°3, pp. 362-368
Lien vers cet article : https://revuelautre.com/notes-de-recherche/linterpretariat-sante-mentale-enjeux-de-formation/
L’interprétariat en santé mentale: les enjeux de la formation
Cet article rend compte de la dynamique de l’Orspere-Samdarra sur l’interprétariat en santé. L’absence d’interprète pouvant entraver le soin du public migrant, le souci du recours à l’interprétariat est un souci majeur partagé par de nombreux acteurs. Mais, par-delà le manque de moyens dans certaines structures, le bouleversement de la configuration du soin peut aussi être un frein au recours aux interprètes.
D’une part, cet article détaille les épreuves auxquelles sont confrontés chacun des participants, que ce soit le professionnel en santé, l’interprète, ou encore le migrant. D’autre part, les auteurs questionnent les enjeux liés à la professionnalisation de l’activité d’interprétariat; dans un contexte où la puissance publique reconnait de plus en plus cette activité comme participant à l’efficience du soin.
Si la formation est déjà une manière d’agir contre l’isolement des interprètes et de dispenser des connaissances qui pourraient leur faire défaut, il y a aussi un intérêt à proposer des espaces d’échange entre soignants et interprètes, non seulement pour partager la question de la place et du rôle de chacun des participants, mais surtout pour discuter les réponses pratiques que cette question amène.
Mots-clés: traduction, santé mentale, accès aux soins, relation, soignant, confiance, distance professionnelle, professionnalisation, formation, interprète.
Mots clés :
Interpreting in mental health: the issues of training
This article deal with the dynamics of Orspere-Samdarra on interpreting in the health sector. The lack of an interpreter can harm the health care of migrants. Turning towards an interpreter is a major concern shared by many actors. But above and beyond the lack of means of certain structures, the upheaval and the makeup of health care can also prove to be an obstacle to turning towards an interpreter.
On one hand, this article points out the challenges that each of the participants is faced with, whether on behalf of a health professional, an interpreter, or the migrant. On the other hand, the actors question challenges related to the professionalization of the interpreter’s activity within the context in which the public increasingly recognizes this activity as being an integral part of effective health care.
While training is a means of reacting against isolating interpreters and spreading knowledge which may be lacking, there is also the interest of proposing opportunities for dialogue between care givers and interpreters not only for sharing the place and the role of each of the participants, but also for discussing ensuing practical answers to this issue.
Key-words: translation, mental health, access to health care, relation, care-giver, confidence, professional distance, professionalization, training, interpreter.
Keywords:
El interpretariado en salud mental: la importancia de la formación
Este artículo trata de la dinámica del Orspere-Samdarra sobre el interpretariado en el campo de la salud. La ausencia de intérprete puede afectar la atención en salud de la población migrante, razón por la cual el acceso a este servicio es una preocupación mayor de numerosos profesionales. Pero, más allá de la falta de recursos en ciertas instituciones, el cambio radical en la configuración de la atención en salud puede también disuadir los profesionales de solicitar el servicio de interpretariado.
De una parte, este artículo detalla los retos a los que se confrontan cada uno de los participantes, sea este un profesional de la salud, un intérprete o incluso el migrante mismo. De otra parte, los participantes cuestionan los factores asociados a la profesionalización de la actividad de intérprete en un contexto en el que la opinión pública reconoce cada vez más esta actividad como determinante en la eficiencia de la atención en salud.
Si la formación es una manera de actuar contra el aislamiento de los intérpretes y de proporcionar los conocimientos que podrían faltarles, es también pertinente proponer espacios de intercambio entre intérpretes y personal de salud, no solamente para compartir las dudas acerca del papel de cada uno de los participantes, sino también y sobre todo para debatir sobre las respuestas prácticas derivadas de este cuestionamiento.
Palabras claves: traducción, salud mental, acceso a la atención médica, relación, personal de salud, confianza, distancia profesional, profesionalización, formación, intérprete.
Palabras claves:
L’interprétariat en santé est une thématique présente au sein de l’Orspere-Samdarra1 depuis plusieurs années2. Cet article rend compte de la dynamique qui est la nôtre : se positionner dans une perspective de recherche et une autre qui consiste à être « ressource » auprès des professionnels et bénévoles. Du côté recherche, nous avons terminé une première enquête3 et nous sommes actuellement partie prenante de la recherche financée par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) Remilas4 avec des chercheuses en linguistique interactionnelle du laboratoire ICAR – Interactions, Corpus, Apprentissages, Représentations (qui contribuent au dossier « Interprétariat dans le soin »). Du côté ressource, comment le savoir ainsi constitué à partir de nos recherches peut s’opérationnaliser, notamment pour faciliter l’accès au soin et le soin des demandeurs d’asile, réfugiés et migrants ?
Le contexte est tel que les sollicitations d’interprète augmentent, notamment en santé5. En effet, les dix dernières années ont vu une augmentation importante des demandes d’asile et une évolution des formes de migrations6. Les services de santé sont de plus en plus sollicités par des migrants, notamment allophones. À titre d’exemple, certaines Permanences d’Accès Aux Soins de Santé (PASS) de la région Auvergne-Rhône-Alpes reçoivent un public pour moitié allophone. Les migrants qui rejoignent ces dispositifs de soin cumulent des vulnérabilités, avec des tableaux cliniques complexes qui associent des troubles post-traumatiques et des problématiques sociales.
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- L’Orspere-Samdarra est un observatoire national sur les thématiques de santé mentale et vulnérabilités, fondé en 1996 et hébergé par l’hôpital du Vinatier à Lyon. L’observatoire édite notamment la revue Rhizome et porte le diplôme universitaire « Santé, société, migration ».
- La thématique de l’interprétariat en santé mentale a été soulevée lors d’une première journée d’étude organisée à Lyon par l’Orspere en juin 2006, « La figure du tiers dans la rencontre de la clinique interculturelle ».
- Recherche financée par le Conseil Scientifique de la Recherche du Vinatier, avec Arnaud Béal, Natacha Carbonel et Nicolas Chambon.
- Du côté de l’Orspere-Samdarra, ce sont Anne-Sophie Haeringer, Gwen Le Goff et Roman Petrouchine qui participent à ce projet en plus des auteurs de cet article.
- Elles ont, par exemple, été multipliées par 4 entre 2011 et 2014 dans le pôle d’un hôpital lyonnais qui héberge une Permanence d’Accès Aux Soins (Pass).
- Entre 2007 et 2016, leur nombre a plus que doublé.