Note de recherche

© G. McCracken Stranger. Source (CC BY 2.0)

De la nomination à la renomination, la cohabitation de deux systèmes de nomination (Kabylie)

et


Hocine IDIR

Thierry BAUBET

Thierry BAUBET est professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Paris 13, chercheur à l’INSERM U1178, chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, psychiatrie générale et addictologie spécialisée, Hôpital Avicenne, 125 route de Stalingrad, 93009 Bobigny Cedex.

Baubet, T., & Moro, M. R. (1998, 2009). Psychopathologie transculturelle. Masson.

Kaës, R. (2010). Le sujet, le lien et le groupe. Groupalité psychique et alliances inconscientes. Cahiers de psychologie clinique, 1(34), 13-40.

Kaës, R. (2014). Les alliances inconscientes. Dunod.

Lacoste-Dujardin, C. (2005). Dictionnaire de la culture berbère en Kabylie. La Découverte.

Moro, M. R. (2015). La nécessité transculturelle aujourd’hui pour une société «bonne » pour tous. Le Carnet PSY, 188, 18-21.

Ould-Ennebia, K. (2009).  Histoire de L’état civil des Algériens – Patronymie et Acculturation. Revue Maghrébine des études Historiques et Sociales, 1, 05-24.

Pour citer cet article :

Idir H, Baubet T. De la nomination à la renomination, la cohabitation de deux systèmes de nomination (Kabylie). L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2022, volume 23, n°3, pp. 316-319


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/notes-de-recherche/de-la-nomination-a-la-renomination-la-cohabitation-de-deux-systemes-de-nomination-kabylie/

De la nomination à la renomination, la cohabitation de deux systèmes de nomination (Kabylie)

Dans ce travail de recherche nous nous proposons d’analyser les pratiques et les stratégies mises en place par la population kabyle pour réussir à maintenir le système de nomination kabyle malgré l’état civil créé par la France en 1882. Pour répondre à nos questionnements, nous avons utilisé des entretiens semi-directifs menés dans la langue kabyle. Ces derniers ont été traduits en français dans le but de les analyser. Les premiers résultats démontrent que les sujets ont mis en place des stratégies identitaires pour s’adapter et cohabiter avec les deux noms.

Mots clés : colonisation, état-civil, identité, Kabylie, nom.

From naming to renaming, the cohabitation between two naming systems (Kabylia)

In this research we set out to analyse the practices and strategies put into place by the Kabyle population to succeed in maintaining the Kabyle naming system despite the civil status created by France in 1882. To answer our questions, we used semi-structured interviews conducted in the Kabyle language. These were translated into French for the purpose of analysis. The first results show that the subjects implemented identity strategies to adapt and live with the two names.

Keywords: civil status, colonisation, identity, Kabylia, name.

De la nominación a la renominación, la coexistencia de dos sistemas de nominación (Cabilia) 

En este trabajo de investigación nos proponemos analizar las prácticas y estrategias puestas en marcha por la población cabila para lograr mantener el sistema de asignación de un nombre en la sociedad cabila a pesar del estado civil creado por Francia en 1882. Para responder a nuestras preguntas, utilizamos entrevistas semiestructuradas realizadas en lengua cabila. Estos han sido traducidos al francés con fines de análisis. Los primeros resultados muestran que los sujetos han implementado estrategias identitarias para adaptarse y convivir con los dos nombres.

Palabras claves: Cabilia, colonización, estado civil, identidad, nombre.

Dans l’Algérie colonisée, la loi du 23 mars 1882 instaura l’état civil « des Indigènes musulmans d’Algérie » en imposant à tous les Algériens de porter un patronyme. L’article cinq précise que « l’accolation du nom patronymique sera faite par le commissaire à la constitution de l’état civil ». La loi laissait en principe les Indigènes choisir leur patronyme mais dans la réalité « des noms ont été attribués à la tête du client (…), suivant l’humeur du recenseur, et même le milieu où l’action se déroulait » (Ould Ennebai 2009, p. 9). Il en résulta des frères avec des noms totalement différents, des régions arabophones avec des patronymes berbérophones et inversement, des douars où les patronymes imposés commençaient tous par la lettre A pour l’un, par la lettre B pour le douar voisin et C pour le troisième et ainsi de suite. Les Kabyles ont perçu le dispositif d’état civil comme un procédé destiné à les ficher et plus largement comme un processus de domination.

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