Les entretiens
© Neptune D.G.
Siegi HIRSCH : artisan des relations humaines et de la « résilience »
Publié dans : L’autre 2023, Vol. 24, n°2
Marion FELDMAN
Marion FELDMAN est maître de conférences en psychologie clinique – Université Paris Descartes, psychologue-clinicienne à l’O.S.E, Chercheure au laboratoire PCPP EA 4056 Sorbonne Paris Cité, Institut de Psychologie.
Isabelle DURET
Isabelle Duret est responsable du Service de Psychologie du Développement et de la Famille et chargée de cours à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Elle est psychothérapeute de couple et de famille et formatrice en thérapie systémique à Forestière Asbl et à l’ULB. Ses recherches portent sur la parentalité, la filiation et la transmission intergénérationnelle dans les contextes post-traumatiques. Service de psychologie du développement et de la famille, Faculté des sciences psychologiques et de l’éducation, Université libre de Bruxelles (ULB), CP 122, 50 Av. F.D. Roosevelt, B-1050 Bruxelles.
Fossion, P., & Rejas, M.-C. (2002). Siegi Hirsh au cœur des thérapies. Érès.
Harel, S. (2018). Un enfant sans ombre, parcours d’une vie. Studio Effect-tiv.
Jeanne, Y. (2005). Anton Makarenko : un art de savoir s’y prendre. Reliance, 17, 144-150.
Nysenholc, A. (2004). Le livre des homes (Enfants de la Shoah – AIVG 1945-1959). Didier Devillez.
Schouten, J., Hirsch, S., & Blanckstein, H. (1993). Garde ton masque. Prise en charge d’adolescents difficiles en structures d’hébergement: l’expérience de Zandwijck. Érès.
Pour citer cet article :
Feldman M, Duret I. Siegi Hirsch : artisan des relations humaines et de la « résilience ». L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2023, volume 24, n°2, pp. 147-157
Lien vers cet article : https://revuelautre.com/entretiens/siegi-hirsch-artisan-des-relations-humaines-et-de-la-resilience/
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Siegi Hirsch, rencontré le 5 février 2023 à Bruxelles, a 98 ans. Pionnier européen de la thérapie familiale systémique, il a exercé à Bruxelles, comme thérapeute de famille et de couple et comme superviseur d’équipes. Il a formé des centaines de thérapeutes familiaux dont beaucoup sont devenus eux-mêmes formateurs. En 2018, il devient Docteur Honoris Causa de l’Université Libre de Bruxelles. Déporté à 17 ans, survivant des camps de la mort, il participe dès l’après-guerre à l’organisation des homes1pour les enfants juifs orphelins de la guerre. Il trouve là sa voie dans l’aide aux jeunes en difficultés, laquelle dominera sa vie professionnelle. Le travail qu’il réalise avec les jeunes à la sortie des camps est basé sur le respect, la fraternité, la confiance. La solidarité, la dimension artistique et l’humour y occupent une place toute particulière. Son travail est à la base d’une nouvelle manière d’interroger le groupe, la famille et leurs turbulences. À l’époque, le paradigme systémique émergeait aux quatre coins de la planète et a germé dans l’approche novatrice qui est la sienne. Siegi Hirsch qui dit de lui qu’il est un artisan des relations humaines, est une parfaite illustration de la notion de « résilience » et de la phrase de Sartre : « L’important n’est pas ce que l’on fait de nous mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous »2.
Revue L’autre : Où êtes-vous né ?
Siegi Hirsch : En Allemagne. À Rostock, c’est une petite ville de port, pas tellement loin de la frontière polonaise, où beaucoup de juifs immigrants s’étaient installés en venant de l’Est. J’ai passé mon enfance là-bas. Je me rappelle avoir fait de la publicité pour Hitler ! Nous les gosses, on avait des trottinettes. Et en 1930, on avait les drapeaux rouges des communistes, et puis Hitler est arrivé. Alors il y a eu ce beau drapeau avec la croix gammée, qu’on ajoutait comme deuxième drapeau, sur nos trottinettes. Et on était très fiers de rouler avec ça. Je me rappelle, j’avais 6 ans, 7 ans, 8 ans et alors après… les problèmes ont commencé…
Revue L’autre : Ce qui intéresse la revue L’autre, c’est comment votre parcours vous a amené à vous intéresser à la famille et à devenir thérapeute familial ?
S. H. : Ça ce n’est pas difficile ! On a quitté l’Allemagne, on s’est installés ici3, quand j’avais 13 ans, c’était juste après ma bar-mitsvah. On a passé la frontière à travers la forêt, puis ma mère m’a engueulé car elle croyait que je parlais le français, parce que j’avais passé une année à apprendre le français à l’école juive. En fait, je ne parlais pas le français mais par contre, comme je viens d’une région de l’Allemagne, Rostock où on parle le dutch, ce qui veut dire le néerlandais, c’est-à-dire le flamand, je parlais le dutch.
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