L’observation et l’étude, par les ethnologues, de la diversité des émotions, représentations et pratiques culturelles entourant le « naître humain » (et le « devenir parent ») de par le monde – avec ce retour critique sur nos propres manières de ressentir, de penser et de faire que ce regard implique – devrait sans conteste questionner et nourrir, à tout le moins selon nous, le bébé des psychanalystes. Chez ces derniers, les données issues de l’étude des interactions précoces, dont l’observation du bébé selon la méthode d’Esther Bick, ouvrant de nouvelles perspectives sur le « devenir humain » et notamment sur le rôle actif du bébé lors de sa rencontre avec son environnement, nous semble avoir de quoi stimuler, symétriquement, la communauté anthropologique. A l’heure où cette observation du bébé s’ouvre à des contextes culturels multiples et bien différents de celui qui l’a vu naître ; à l’heure, aussi, où ce même bébé ne devrait plus être considéré comme un « petit sujet » pour l’anthropologie, il nous sera donc apparu stimulant de réunir, dans ce numéro, des spécialistes de disciplines différentes : la règle du jeu proposée ayant été que chacun(e), fort de son expérience dans l’étude du bébé et de ses interactions précoces, ait accepté de rebondir sur un même texte « tremplin », présenté ici en introduction, où nous nous serons efforcés de poser les jalons d’une rencontre possible.