Les entretiens

© Myriam Harleaux, 2013 D.G.

Un anthropologue des confluences

Entretien avec Alfred ADLER


Yoram MOUCHENIK

Yoram MOUCHENIK est Psychologue-clinicien. Membre du comité de rédaction de la revue "L’autre". Professeur en psychologie clinique interculturelle à l’Université Paris 13. Responsable de l’équipe de recherche en psychologie inter et transculturelle du Laboratoire URTPP.

Le Bâton de l’aveugle avec Andras Zempléni, Hermann, 1972

La Mort est le masque du roi, Payot, 1982

Le Pouvoir et l’Interdit, Albin Michel, 2000

Roi sorcier, mère sorcière, parenté, politique et sorcellerie en Afrique noire, Le Félin, 2006

Pour citer cet article :

Mouchenik Y, Un anthropologue des confluences. Entretien avec Alfred Adler. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2013, volume 14, n°2, pp. 135-142


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/entretiens/un-anthropologue-des-confluences/

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Alfred Adler, né en 1934, est pendant la guerre un enfant juif caché, il perdra ses parents et sa sœur, assassinés en déportation. Il développe ses travaux d’anthropologue africaniste en abordant des sujets d’une grande complexité, mais il nous fait aussi partager un itinéraire de formation intellectuelle d’une foisonnante richesse où les disciplines ne connaissaient pas encore les cloisonnements contemporains et où nombre d’entre elles participaient à une exceptionnelle formation intellectuelle et humaine.

Alfred Adler est chercheur au CNRS depuis 1964, Directeur d’études émérite à l’École pratique des hautes études (section des sciences religieuses) et enseignant à l’université Paris X, ses travaux ont marqué l’anthropologie politique et religieuse de l’Afrique noire.

L’autre : En psychiatrie trans-culturelle, l’éclairage des anthro- pologues est plus que nécessaire. Dans leur diversité, vos travaux sont à plusieurs entrées : sorcellerie, divination, anthro-pologie politique. Dans les consultations transculturelles nous recevons des familles migrantes en difficulté pour faire émerger des éléments du discours et une narrativité comme facteur théra-peutique. Il est souvent question de pouvoirs et de sorcellerie. Le terme sorcellerie est sous-tendu par des conflits, donc dans un rapport avec le politique.

Alfred Adler (AA) : Le lien entre sorcellerie et politique est l’objet explicite de plus de la moitié de mon livre : Roi sorcier, mère sorcière1.

L’autre : Vous l’associez à la royauté ?

AA : Le mot royauté ne doit pas faire illusion. Il s’agit de tout ce qui est pouvoir, chefferie, etc. Ça peut être un roi puissant, un chef de village, tel type de détenteurs du pouvoir. Il ne faut pas, non plus, chercher une définition générale de la sorcellerie car le fait même que le terme soit d’un usage tellement large, englobant, montre qu’on ne peut pas passer de l’idiome de la sorcellerie dans telle ou telle société à une notion générale. Mon premier livre, écrit en collaboration avec Andras Zempléni (1972) portait sur la divination. La divination est un système qui comporte des catégories, que ce soit un système formalisé comme la géomancie ou un système qui a l’air purement aléatoire comme un geste, une attitude, qui permet de discriminer une réponse positive ou négative. C’est toujours un ensemble de catégories qui s’applique au champ de la demande : la maladie, les conflits, l’état dans lequel on se trouve au moment où par exemple il y a une célébration, une cérémonie, un rituel.

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  1. Le lecteur trouvera les références des ouvrages d’Alfred Adler cités ici dans l’onglet Bibliographie.

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