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Entretien

© Julia Kristeva, Paris, 2008 Source Autre

Le féminisme d’ici et d’ailleurs ; d’ailleurs à ici

Une photographie de Julia KRISTEVA

Myriam HARLEAUXMyriam Harleaux est psychologue clinicienne et ethnothérapeute.

Marie Rose MOROMarie Rose Moro est pédopsychiatre, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, cheffe de service de la Maison de Solenn – Maison des Adolescents, CESP, Inserm U1178, Université de Paris, APHP, Hôpital Cochin, directrice scientifique de la revue L’autre.

Thérèse mon amour. Paris : Fayard ; 2008.

Cet incroyable besoin de croire. Paris : Bayard ; 2007.

Seule une femme. Paris : L’Aube ; 2007.

La haine et le pardon. Paris : Fayard ; 2005.

Le génie féminin, tome III, Colette. Paris : Fayard ; 2002.

Au risque de la pensée. Paris : L’Aube ; 2001.

Le génie féminin, tome II, Mélanie Klein. Paris : Fayard ; 2000.

Le génie féminin, tome I, Hannah Arendt. Paris : Fayard ; 1999.

Sens et non-sens de la révolte. Paris : Fayard ; 1996.

Les nouvelles maladies de l’âme. Paris : Fayard ; 1993.

Étrangers à nous-mêmes. Paris : Fayard ; 1988.

Soleil noir. Dépression et mélancolie. Paris : Gallimard ; 1987.

Harleaux M, Moro MR. Le féminisme d’ici et d’ailleurs ; d’ailleurs à ici Une photographie de Julia Kristeva. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2013, volume 14, n°1, pp. 7-1

L’espace psychique où se réfléchit à la fois la joie et le mal de vivre ou la liberté et la sujétion, est-il en train de s’ensevelir? Julia Kristeva soulève cette question inquiétante qui révèle un malaise de notre civilisation. Dans Les Nouvelles Maladies de l’âme (1993), elle explique comment les images médiatiques qui aplanissent les différences et les émotions produisent également une uniformisation de la psyché. Elle affirme que «pressés par le stress, impatients de gagner et de dépenser, de jouir et de mourir, les hommes et les femmes d’aujourd’hui font l’économie de cette représentation de leur expérience qu’on appelle une vie psychique». Julia Kristeva poursuit ce questionnement dans Sens et non sens de la révolte (1996), où, dans un discours sur les pouvoirs et les limites de la psychanalyse, elle se demande si face à la culture «show», éphémère et périssable, il est possible de bâtir et d’aimer une culture-révolte? L’approche psychanalytique d’Étrangers à nous-mêmes (1988) contribue à une nouvelle compréhension de la migration, de l’exil et de l’altérité. En s’appuyant sur la conception «d’inquiétante étrangeté» qu’elle emprunte à Freud, la peur de l’autre s’expliquerait par le fait que la rencontre de l’altérité nous renvoie à l’étrangeté, qui est présente en nous-mêmes. Le statut de la femme dans la société occidentale connaît d’incessantes variations qui à la fois orientent et embrassent l’évolution de leurs désirs. Grâce à la contraception et à l’avortement, les contraintes du corps et de la condition féminine se sont allégées. La maternité peut se vivre comme un choix et non comme un destin procréateur. Les paramètres ont changé. Les familles sont en mouvement. Femme engagée, s’intéressant notamment aux femmes écrivains et aux intellectuelles, Julia Kristeva est l’auteure d’une trilogie Le Génie féminin (1999-2002) dédiée à Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette, où elle se dissocie du «féminisme massificateur» et insiste sur l’irréductible singularité de chaque sujet. Intellectuelle européenne, Julia Kristeva a une réelle influence sur le féminisme international et son œuvre, empreinte des ambiguïtés humaines de la psychanalyse, siège dans le paysage de la pensée contemporaine.

Entretien réalisé le 23 juin 2011

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