Les entretiens
Aïcha L’Khadir D.G.
Entre deux mondes, une anthropologie clinique appliquée et impliquée
Publié dans : L’autre 2023, Vol. 24, n°3
Yoram MOUCHENIK
Yoram MOUCHENIK est Psychologue-clinicien. Membre du comité de rédaction de la revue "L’autre". Professeur en psychologie clinique interculturelle à l’Université Paris 13. Responsable de l’équipe de recherche en psychologie inter et transculturelle du Laboratoire URTPP.
Pour citer cet article :
Mouchenik Y. Entre deux mondes, une anthropologie clinique appliquée et impliquée. Entretien avec Aïcha L’Khadir. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2023, volume 24, n°3, pp. 276-287
Lien vers cet article : https://revuelautre.com/entretiens/entre-deux-mondes-une-anthropologie-clinique-appliquee-et-impliquee/
Mots clés :
Keywords:
Palabras claves:
Aïcha L’Khadir est docteure en anthropologie et psychologue clinicienne. Après avoir longtemps travaillé dans la consultation de médecine transculturelle du CHU de Bordeaux, elle exerce actuellement dans différentes structures sociales et médico-sociales pour enfants, adolescents, familles et également auprès des MNA (mineurs non accompagnés). Elle est par ailleurs formatrice dans différentes structures de la santé, du social, de la justice et de l’éducation nationale. Elle a réalisé des recherches dans le cadre du FNUAP (Fonds des Nations unies de l’aide à la population) et au sein du CHU en collaboration avec l’Université Bordeaux 2. Ses recherches portent sur les représentations de la maladie mentale et ses différents registres interprétatifs, elle étudie particulièrement les apports de l’anthropologie à la clinique.
L’autre : Peux-tu nous parler de l’enfance, le cadre où tu as grandi, ton itinéraire.
A.L. : Je suis née au Maroc, d’une maman berbère et d’un papa arabe, donc d’une maman qui est du centre du Maroc et d’un papa du Nord et en fait l’un ne parlait pas la langue de l’autre quand ils se sont rencontrés, il a fallu un traducteur pour qu’ils se marient. Ma maman est née au Moyen Atlas, mon père s’était renseigné par rapport à ses parents, ma mère ayant perdu son père lorsqu’elle était petite, c’est ma grand-mère qui l’avait reçu, elle ne parlait pas un seul mot en arabe, ils avaient nécessité d›un traducteur. Enfin, j’insiste là-dessus parce que c’est ce qui va m’amener à mon tour à m’intéresser à la traduction et aux langues.
L’autre : Que sais-tu de leur communication, ce n’est pas banal, ils ont chacun leur langue et ils ne connaissent pas la langue de l’autre ?
A.L. : Je suppose qu’ils ont dû communiquer par la gestuelle au départ et puis finalement c’est ma mère qui a fini par apprendre la langue de mon père. Ma grand-mère, elle, est restée évidemment dans sa langue à elle, la langue berbère et moi je me rappelle, petite, je traduisais à ma grand-mère les paroles de mon père.
L'accès à cet article est réservé aux abonnés.
Connectez-vous pour accéder au contenu