Éditorial

© Tim Reckmann Source (CC BY 2.0)

Que sommes-nous face à la guerre ?

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Yoram MOUCHENIK

Yoram MOUCHENIK est Psychologue-clinicien. Membre du comité de rédaction de la revue "L’autre". Professeur en psychologie clinique interculturelle à l’Université Paris 13. Responsable de l’équipe de recherche en psychologie inter et transculturelle du Laboratoire URTPP.

Christian LACHAL

Christian Lachal est Psychiatre, pédopsychiatre et psychanalyste à Clermont-Ferrand, Ex-consultant International pour MSF, Chargé de cours à l'Université de Paris XIII, attaché à l'Hôpital Avicenne, Bobigny, membre du comité de rédaction de la revue L'autre.

Betty GOGUIKIAN RATCLIFF

Betty Goguikian Ratcliff est docteure en psychologie, enseignante et chercheuse à l'Université de Genève, faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, psychothérapeute FSP à Appartenances-Genève.

Daniel DELANOË

Daniel Delanoë est psychiatre, psychothérapeute, anthropologue, responsable de l’Unité Mobile Trans-Culturelle, EPS Barthélemy Durand, 91152 Étampes, Chercheur associé INSERM Unité 1018, Fellow Institut Convergences Migrations (2021-2025) Maison de Solenn, Maison des Adolescents, Cochin, Paris.

Hélène ASENSI

Hélène ASENSI est psychiatre pour enfants et adolescents, directrice médicale du CMPP du Puy-De-Dôme, présidente de l’association Cantara-GREM. Elle anime la consultation de psychiatrie transculturelle du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU de Clermont-Ferrand.

Julie AZOULAY

Julie Azoulay Samuel est psychiatre à Le Perray-En-Yvelines.

Malika BENNABI BENSEKHAR

Malika Bennabi Bensekhar est maître de conférences à l’université de Picardie Jules Verne, Chemin du Thil, 80025 Amiens, co-thérapeute à la consultation transculturelle, Maison des adolescents, Hôpital Cochin.

Stéphane BOUSSAT

Stéphane Boussat est psychiatre des Hôpitaux, Président de Psychiatrie Sans Frontières, 1 rue Vulpian, 75 013 Paris.

Daniel DERIVOIS

Daniel Dérivois est professeur de psychologie clinique et psychopathologie à l'Université de Bourgogne Franche Comté.

Najib DJAZIRI

Najib Djaziri est professeur de psychologie clinique, directeur de l’unité de recherches Enfances UR11ES26, Institut supérieur de l’enfance, 26 rue Taieb Mehiri 2016 Carthage Tunisie.

Marion FELDMAN

Marion FELDMAN est maître de conférences en psychologie clinique – Université Paris Descartes, psychologue-clinicienne à l’O.S.E, Chercheure au laboratoire PCPP EA 4056 Sorbonne Paris Cité, Institut de Psychologie.

Michèle FIÉLOUX

Michèle Fiéloux est anthropologue et réalisatrice au Laboratoire d’Anthropologie sociale (CNRS), Collège de France, 52 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris.

Marion GÉRY

Marion GÉRY est psychologue clinicienne à Marseille.

Jacques LOMBARD

Jacques Lombard est anthropologue et cinéaste à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), 44 Boulevard de Dunkerque, 13572 Marseille Cedex 02.

Malika MANSOURI

Malika Mansouri est Psychologue-clinicienne, doctorante en psychologie - Université Paris 13 (Unité Transversale de Recherches Psychogenèse et Psychopathologie, Psychanalyse et Anthropologie, EA3413).

Héloïse MARICHEZ

Héloïse Marichez est psychologue clinicienne. Université Paris 13 SPC, AP-HP, Hôpital Avicenne, Service de psychopathologie de l’enfant, de l’adolescent, psychiatrie générale et addictologie.

Véronique MELOCHE

Véronique Meloche est Professeure agrégée de Philosophie, Formatrice à l’INSPE de Mayotte.

Brigitte MOÏSE-DURAND

Brigitte MOÏSE-DURAND est pédopsychiatre, psychanalyste membre de la société de Psychanalyse de Paris, co-thérapeute à la consultation transculturelle de la Maison des adolescents de Cochin.

Alice TITIA RIZZI

Alice Titia RIZZI est psychologue clinicienne, à la maison de Solenn (MDA) de l’hôpital Cochin, au Centre Babel, enseignante chercheuse à l’Université PARIS Cité et à l’INSERM. Elle fait partie du comité de rédaction de la revue L’autre et du bureau de l’AIEP. Elle a effectué une thèse à propos des dessins d’enfants, et dirige le séminaire : « Mieux écouter le dessin d’enfants » à PARIS. Elle a théorisé le génogramme transculturel en 2010, actuellement, elle coordonne une recherche autour de la théorisation du contre-transfert sur le dessin (groupe D-traces).

Laetitia SOLIS

Gésine STURM

Gesine Sturm est psychologue clinicienne, MCF en psychologie clinique interculturelle, LCPI - EA 459, Université Jean Jaurès, Toulouse, membre du comité de rédaction de la revue L’autre.

Silvina TESTA

Silvina Testa est psychologue, Direction de la protection judiciaire de la jeunesse, Ministère de la Justice, Paris.

Marie Rose MORO

Marie Rose Moro est pédopsychiatre, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, cheffe de service de la Maison de Solenn – Maison des Adolescents, CESP, Inserm U1178, Université de Paris, APHP, Hôpital Cochin, directrice scientifique de la revue L’autre.

Pour citer cet article :

Repéré à https://revuelautre.com/editoriaux/que-sommes-nous-face-a-la-guerre/ - Revue L’autre ISSN 2259-4566

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En Ukraine, l’armée russe et son président sont en train de détruire un pays et de massacrer sa population, mais jusqu’où nous conduira notre lâcheté collective ? Habituellement à distance des guerres et des différentes catastrophes humanitaires, nous pouvons facilement ne pas nous sentir concernés ou très peu. Après l’omniprésence de la pandémie du Covid, nous commençons à l’apprivoiser et à apprendre à vivre avec. Voilà maintenant les images de crimes, de morts et de destruction qui envahissent nos écrans, nos radios, nos journaux et nos conversations. Un sentiment d’effroi, d’impuissance et de culpabilité nous traverse de plus en plus, avec peu d’effets sur nos gouvernements. Dans la fausse surprise de cette guerre, les diplomates et commentateurs nous expliquent à longueur de journaux télévisés et d’émissions politiques combien il est sage d’en rester à une dissuasion molle, à une diplomatie utopique et de regarder ce spectacle apocalyptique avec froideur, sans bouger, en justifiant notre paralysie malgré les gesticulations des gouvernements. Un regard rétrospectif sera en mesure de décrire les différentes étapes des guerres de Poutine : Tchétchénie, Crimée, Donbass, Géorgie, etc., avec nos attentismes complices qui lui ont permis de croire que le moment était venu de montrer, à grande échelle, son pouvoir et sa puissance, et qu’il était temps de défier l’Europe et les États-Unis. Les différentes interprétations, un projet de rétablir une Union Soviétique, la Russie des Tsars ou des hypothèses psychopathologiques ne changent rien aux spectacles de destructions et aux massacres que nous pouvons voir en direct, dans l’ici et maintenant. Notre reddition sans conditions et une ligne rouge à ne pas franchir ont donné toute latitude à Poutine, « s’il s’en tient à la destruction de l’Ukraine et de ses habitants ». Plutôt craindre Monsieur Poutine dont les menaces de danger nucléaire pourraient justifier une non-intervention comme si à l’image de Tchernobyl, la guerre ne pouvait franchir les frontières. Presque en catimini jusqu’ici et avec beaucoup de retenue, des états fournissent des armes aux combattants ukrainiens, avec les longs délais nécessaires dans chaque pays à un consensus. En vérité, plutôt que de s’impliquer davantage, plutôt que d’avoir au minimum fermé l’espace aérien aux avions russes, il s’agirait de se convaincre d’une Ukraine en mesure de combattre et de vaincre l’armée russe malgré les bombes, les missiles et les rapports de force. Et plutôt que d’un cauchemar, il s’agirait de rêver en bonne conscience d’un enlisement et d’une défaite comme celles des armées napoléoniennes ou bien d’une bataille de Stalingrad à Kiev ou à Marioupol. Le pays est détruit, les familles sont brisées, anéanties, assassinées ; côté vie pour ceux des femmes, des vieux, des enfants qui parviennent à fuir vers l’Europe, et côté mort pour des hommes qui restent. En bénéfice secondaire, l’Europe qui construit des murs anti-migrants pour d’autres réfugiés provenant de contrées plus lointaines, se découvre un cœur par une mobilisation exceptionnelle de la société civile pour plusieurs millions de réfugiés ukrainiens quand la France se prévaut très sobrement d’en accueillir 100 000. Cette lâcheté en renvoie à d’autres comme en Syrie pour des millions de victimes civiles, où malgré les règles du droit international et les pires atrocités, les USA et l’Europe moins émus, se sont voilés la face sans intervenir. Les références omniprésentes à un passé plus lointain seraient malvenues, nous dit-on. Attendons les catastrophes à venir, faiblesse et aveuglement ne nous sont pas inconnus.

Paris, le 10 avril 2022

Yoram Mouchenik, Christian Lachal, Betty Goguikian, Daniel Delanoé, Agathe de Coignac, Hélène Asensi, Julie Azoulay-Samuel, Malika Bennabi, Stéphane Boussat, Daniel Derivois, Najib Djaziri, Marion Feldman, Michèle Fiéloux, Marion Gery, Jacques Lombard, Malika Mansouri, Héloïse Marichez, Véronique Méloche, Sevan Minassian, Brigitte Moïse Durand, Alice Titia Rizzi, Laetitia Solis, Gesine Sturm, Silvina Testa, Marie Rose Moro.



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Entretien avec Jacqueline BILLIEZ

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