Le peuple crève de faim. Les tempêtes tropicales enterrent les enfants du pays. Les gouvernements se succèdent. On ne compte plus les cas de kidnapping. L’événement sismique du 12 janvier 2010 surgit de la terre, avec son cortège d’autres catastrophes : ouragan, choléra, émeutes électorales… L’histoire continue ou recommence. Elle n’a peut-être même pas encore commencé. Elle est en cours. Tout le monde court dans les rues de Port-au-Prince et des provinces.

Le peuple attend. Pendant ce temps, Patrick Cauvin – dit Ti Cauvin – regarde. Saisi de l’intérieur, il flashe sur ses toiles des yeux scellés, éclatés ou exorbités par l’expérience vécue. Ce ne sont pas seulement des scènes locales qu’il montre sur la scène internationale lors de ses expositions en Amérique, en Europe, au Maghreb ou en Afrique, avec son association Promart Haïti. C’est la violence scopique qui traverse le peuple haïtien depuis son embarcation originaire qu’il met en perspective, la longue durée du processus créateur qu’il met en profondeur. Un peuple qui sublime et qui espère… les yeux à la fois fermés et grands ouverts sur l’espace des possibles.

Patrick Cauvin a été le peintre invité du 16^e colloque de la revue L’autre « Effets de la mondialisation sur la clinique » les 16 et 17 octobre 2014 à Lyon. Par-delà l’exposition sur les peintures d’enfants des rues qu’il a encadrés en Haïti avec ses collègues peintres, sa toile « Rencontre » a été en résonance avec la thématique du colloque. Régulièrement invité à exposer à l’étranger, Ti Cauvin travaille à faire se rencontrer des talents d’horizons divers pour le simple plaisir de créer. Il a accompagné tout le projet RECREAHVI (Résilience et processus créateur chez les enfants et adolescents haïtiens victimes de catastrophes naturelles) de 2010 à 2015. Actuellement vice-consul au Consulat haïtien à Paris, il continue de travailler à la promotion de l’art haïtien en Haïti et à travers le monde.