Editorial

© Téléchargée le 6 août 2019 Prise le 24 juillet 2019. CC by 2.0. Source (CC BY 2.0)

Le racisme après Frantz Fanon

Claire MESTREClaire Mestre est psychiatre, psychothérapeute, anthropologue, responsable de la consultation transculturelle du CHU de Bordeaux, Présidente d’Ethnotopies, co-rédactrice en chef de la revue L’autre.

Ajari, N. (2011). Frantz Fanon : lutter contre la bestialisation, démolir le biopouvoir. GRM (Groupe de Recherches Matérialistes) – Séance du 16 avril 2011.

Anam, Y. (2018). Et ma langue se mit à danser. La Cheminante.

Cherki, A. (2016). Fanon au temps présent. L’assignation au regard. Politique africaine, 3(143), 145-152.

Davids, F. (2021). Être noir et en psychanalyse. L’année psychanalytique internationale, 1, 79-91.

Fanon, F. (1952). Peau noire, masques blancs. Seuil.

Fassin, D. (2006). Du déni à la dénégation. Psychologie politique de la représentation des discriminations. Dans D. Fassin & E. Fassin (éd.), De la question sociale et la question raciale ? Représenter la société française (pp. 133-157). La Découverte.

Hall, S. (2014). La vie posthume de Frantz Fanon. Pourquoi Fanon ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi Peau noire, masques blancs? Cahiers philosophiques, 3(138), 85-102.

Mestre, C., & Beneduce, R. (coord.). (2012). Actualité clinique de Frantz Fanon. [Dossier]. L’autre, 13(3).

Mestre, C. (2019). Enfance en noir et blanc. Spirale, 2(90), 117-119.

Winnicott, D-W. (1971). Le rôle de miroir et de la famille dans le développement de l’enfant. Dans Jeu et réalité. L’espace potentiel (pp.153-162). Gallimard, 1975.

Frantz Fanon est né il y a bientôt un siècle. Son œuvre est revenue sur le devant de la scène ces dernières années, lui assurant une vie posthume. Pour reprendre les mots de Stuart Hall (2014) : pourquoi maintenant ? En quoi Peau noire masques blancs nous apprend-il encore quelque chose ? Le racisme n’a pas disparu, bien sûr, malgré les décolonisations historiques, beaucoup reste à faire pour comprendre les mécanismes psychiques et sociaux qui enclenchent le rejet, le mépris voire l’insulte à celleux qu’on qualifie désormais de « racisé.e.s ». La psychanalyse et la psychologie ont peu avancé sur ce sujet depuis Peau noire, masques blancs, au contraire des autres sciences humaines qui ont exploré sur le plan social et surtout historique les ressorts du racisme. La revue L’autre a toutefois ouvert le dossier Fanon depuis quelques années (Mestre & Beneduce, 2012).

Le regard, tout particulièrement, n’a pas fait l’objet de développement. Pourtant Frantz Fanon insiste beaucoup sur le regard qui immédiatement fige, fixe l’humain dans un « schéma épidermique racial ». « Sale nègre » ou bien « Tiens un nègre », phrases qui introduisent le chapitre de « L’expérience vécue du Noir » dans Peau noire, masques blancs, ne sont pas des expressions en voie de disparition… Affronter le regard blanc, pour une personne de couleur de peau foncée, est une expérience banale, et pourtant cruciale et centrale dans toute rencontre. C’est ce que me racontent des patient.es noir.es : au premier coup d’œil ils savent comment va évoluer une rencontre. Le regard n’est pas neutre – même pas celui du médecin – ; c’est pourtant le premier jalon qui fera qu’une rencontre ne sera pas qu’un face-à-face ou une confrontation, où deux personnes échangent sans se reconnaître, séparées par une frontière étanche.

Les enfants sont-ils racistes ? (Mestre, 2019)

Telle est la question qui nous rassemblait ce jour-là d’automne il y a quelques années, autour d’une « causerie » dans un local chic de Paris, avec des convives où le « noir » dominait. Une association anti-raciste m’avait contactée pour participer à ce thème. La question suscite d’emblée des réponses qui mêlent nos choix moraux, nos idéaux, mais aussi la réalité crue de l’enfance que nous observons ou qui nous est racontée. Si un enfant (blanc) profère des mots racistes à l’égard d’un autre (noir), quelles peuvent bien être les réactions d’un adulte qui en est le témoin ? La pensée : « Cela vient de ses parents… », la gêne, la stupéfaction, la tristesse, sont autant de réactions mélangées qui signent notre embarras et notre impuissance. Nombre de témoignages d’hommes et de femmes noirs racontent comment les mots de l’enfance ont pu les blesser et les poursuivre parfois toute leur vie. Il en est ainsi du témoignage de la grande Christiane Taubira, ancienne ministre, mais aussi de Lilian Thuram, l’ancien footballeur, et tant d’autres encore, inconnus pour la plupart. Car les mots sont aussi des armes, doit-on dire aux enfants. Dans le beau film La ligne de couleur de Laurence Petit-Jouvet, une petite fille aux cheveux crépus [« paillasse », dirait l’écrivaine Ysiaka Anam (2018)] se plaint à sa mère qui la coiffe : ses cheveux ne sont pas beaux et elle aimerait tellement les avoir plats et clairs ! Les parents d’enfants vivant dans un milieu métissé ou dans un milieu opposé fondamentalement au racisme, le professent : ils ont été stupéfaits d’apprendre ou d’observer que leur enfant avait des paroles racistes. Non, ces propos ne reflétaient pas leur opinion ! Ils en étaient même profondément outrés ! La question est donc pertinente : les enfants sont-ils racistes ? même si elle est abrupte.

L’enfant naît-il raciste ? Non. Mais il ne s’agit pas d’une réponse qui fermerait le débat. Une trentaine de personnes, noires majoritairement, de condition plutôt intellectuelle, des étudiant. es, des femmes et des hommes en activité, un homme politique, participaient à ce débat. La première conclusion qui se dessinait rapidement est que le racisme existe dans tous les milieux, de l’enfance à l’âge adulte.

Il y en eut un témoignage particulièrement éclairant, sensible et touchant : une jeune mère, cheveux à la frisure serrée, peau sombre et tenue élégante, expliqua qu’elle avait monté un centre de beauté pour femmes noires. Lors d’un gala de danse de fin d’année, elle accompagna sa petite fille qui s’est déshabillée en coulisse devant sa copine blanche. Alors que la petite fille à la peau foncée était en culotte, l’autre petite fille lui dit en présence des parents, le père à la peau claire et notre mère témoin : « Ah, ta peau n’est vraiment pas belle, je préfère la mienne », puis devant l’absence de réaction, elle le répète. La mère nous dit alors : « Je vis ma fille baisser la tête, et moi, regardant le père, je le vois tourner la tête et faire mine de n’avoir rien entendu. » La mère demeura seule, bouleversée et démunie, elle se demandait : « Ai-je échoué ? » Avait-elle échoué dans son combat à rendre belles les femmes noires ? Avait-elle échoué dans son éducation à être fière ? Avait-elle échoué à défendre sa fille ? À interpeler l’autre parent ? À poser des mots malgré la « fuite » de l’autre adulte ? Tant de questions qu’elle examina avec l’assemblée. Moment délicat quand une femme blanche à la chevelure blonde platine décréta que cette scène démontrait le manque de politesse de la petite fille blanche, ce qui fit réagir vivement le reste de l’assemblée.

Ainsi, les Blancs banalisent la portée du racisme, il s’agit d’un insu que les personnes « de couleur » expérimentent dès le plus jeune âge. Les plus armé.es ont appris à réagir immédiatement à tout signe suspect de racisme. Les adultes, parents et professeurs, sont très mal à l’aise avec cette donnée : ils le prennent comme un reproche qui leur est destiné, et donc ils nient ou banalisent la remarque raciste. Les Blancs découvrent que le racisme, par ses petites et grandes expressions, blesse. Enfin, les enfants de couleur marron apprennent dans la bouche de leurs camarades qu’ils sont noirs et que c’est péjorativement chargé. Ainsi donc, si le racisme est affaire d’éducation précoce, pour d’un côté défaire les préjugés, et de l’autre se défendre de propos blessants, il nous faut aller au-delà de cette seule conclusion. C’est particulièrement questionnant pour nous soignants : qu’en est-il du regard, de son importance pour celui, psychothérapeute en particulier, qui écoute un.e patient.e, en particulier noir.e ? Qu’en est-il de la blessure engendrée par la découverte précoce que la peau porte un sens péjoratif, voire pire de « bestialisation » selon les propos de Norman Ajari (2011) ? Sur quels mécanismes psychiques, articulés à un contexte postcolonial, reposent la rencontre primordiale par le regard ?

Revenir à Fanon

« Et puis, il nous fut donné d’affronter le regard blanc… Dans le monde blanc, l’homme de couleur rencontre des difficultés dans l’élaboration de son schéma corporel » (1952, p. 89). Fanon raconte avec vigueur l’expérience traumatique qu’est la confrontation à une société blanche, ce texte se situant en période coloniale. Le regard blanc lézarde le schéma corporel construit depuis l’enfance de la personne noire. Il est important de noter qu’il s’agit d’une confrontation sans précédent, Fanon venant des Antilles. Jusqu’à cette expérience, la question de la couleur n’était qu’affaire intellectuelle, nullement émotionnelle, écrit-il. Il ne fait pas que se lézarder, car, les blessures s’accumulant… « Le schéma corporel attaqué en plusieurs points, s’écroula, cédant la place à un schéma épidermique racial » (ibid., p. 90). Comment dire de façon aussi précise et condensée comment les regards lourds d’une histoire et d’un contexte qui infériorisent les colonisés, attaquent la psyché, la modifient.

Ce regard est toujours aussi actif. Ainsi, Alice Cherki, psychanalyste et élève de Fanon, accorde une place primordiale au regard aliénant de l’autre qui assigne à l’exclusion, qui expose à la violence et à des conséquences sur plusieurs générations (2016, p. 146). La honte, affect à l’intersection du monde interne et externe, est engendrée par le regard : elle pétrifie et fait place à la haine et à la violence. Elle confirme, par son expérience de psychiatre auprès des jeunes générations, que le regard blanc heurte de plein fouet l’image spéculaire qu’ils ont d’eux-mêmes. « Figure imposée du dominant », l’image du dominé, qu’il soit descendant d’anciens colonisés, ou habitant des banlieues, ou exilé, ou « sans papier », est portée et transmise par le regard : c’est une image fruit d’une histoire qui se prolonge. La bestialisation évoquée par Norman Ajari se perçoit encore dans les propos guerriers des politiques désignant l’autre comme sauvage, ou bien comme dangereux. Ces propos, créant une atmosphère nauséabonde, peuvent aussi laisser la place à des propos ouvertement racistes. Ainsi donc l’attaque vient de l’extérieur, le racisme s’inscrit dans une histoire longue de plusieurs générations, histoire le plus souvent insue, créant un « schéma historico-racial ». Fanon l’écrit, Cherki le confirme.

Il est intéressant de s’arrêter sur le terme « épidermisation » utilisé par Fanon. Cette « inscription de la race sur la peau » (Hall, 2014, p. 87), engendrée par le regard du dominant, désigne une intériorisation de la différence, une altérisation potentiellement infâmante, avec son cortège discursif issu des petites histoires et de la grande Histoire. Il désigne aussi ce qu’est la race : un ensemble, la peau, les cheveux et le sexe, éléments constitutifs (sans support biologique) et fonctionnels qui ont des effets réels et immédiats. « Ces éléments ne font sens que parce qu’ils signifient, par un processus de déplacement tout au long d’une chaîne d’équivalence, métonymiquement (peau noire, gros pénis, petit cerveau, pauvre et arriéré, tout est dans les gênes, il faut stopper l’aide sociale, qu’ils rentrent dans leur pays) ; » … cet arrangement dans cette chaîne discursive permet à ces signifiants d’être lus « de manière sociale, psychique, cognitive, politique, culturelle, civilisationnelle, etc. » (Ibid., pp. 92-93). L’on voit comment il existe tout un continuum du contexte à la psyché construit par les signifiants de la race.

Si cette « épidermisation » est née au contact de l’homme blanc et du monde colonial, qu’en est-il aujourd’hui ? Le sujet « racisé », né avec la colonisation, qu’en dit la psychanalyse ?

Comprendre le racisme interne

Sigmund Freud, le psychanalyste viennois, a eu le mérite de donner la parole aux femmes hystériques. Elles ont participé à la création de la « talking cure ». Grâce à cette rencontre, nous avons pu comprendre combien les traumatismes sexuels, sur des femmes infériorisées par une société patriarcale, faisaient le lit de la souffrance psychique et de la maladie. Mais le grand psychiatre viennois n’a rien dit du traumatisme par le regard. Ainsi, jusqu’à Fanon, sujet colonial explorant la société française, rien n’est dit de la dimension psychique du racisme.

Aujourd’hui, Fakhry Davids (2021), psychanalyste anglais noir, élabore une théorie psychique du racisme grâce à son expérience dans une société multiraciale. Une minutieuse exploration d’une situation clinique d’un de ses patients, est extraordinairement utile pour comprendre l’importance du regard, celui du psychanalyste regardant son patient souffrir dans son corps, et l’exploration des racines du mal probablement dès la naissance. Ce patient noir a souffert toute sa vie d’une préoccupation pour les organes sexuels des hommes, préoccupation qui ne l’a pas empêché de réussir socialement. Cependant, cette souffrance a résisté à plusieurs cures psychanalytiques menées par des psys blancs. Il est né d’une femme blanche et d’un soldat américain noir qui ne l’a pas élevé. Bien qu’entouré par une famille aimante, les propos racistes étaient habituels, le patient ayant évolué dans un monde blanc. L’homme se présente devant le psychanalyste de telle sorte que ce dernier ressent le profond malaise de son patient. Ce malaise, sensation corporellement et sexuellement douloureuse, est attribué à un regard le considérant comme une « saleté ». Ce qui est très frappant dans l’analyse de Fakhry Davids est la mise à disposition de sa « connaissance émotionnelle » de la couleur de la peau et l’analysefinedecequelepatientavaitintériorisé des projections racistes mais aussi aimantes de son entourage, à commencer par sa mère. La souffrance corporelle résultait de l’intégration du lien entre « noir » et « sale ». Ainsi Fakhry Davids fait l’hypothèse d’une structure interne raciste qui régule la relation à l’autre, qu’il soit à l’intérieur ou à l’extérieur du groupe. J’accorde à cette analyse une dimension extrêmement précieuse et inspirante, quant à l’importance de mettre en mots des ressentis très précoces, passant par le regard et jusque-là non verbalisés.

Winnicott (1975) (à la suite de Lacan) tire lui aussi de sa clinique, la théorie fondamentale du rôle de la mère, de son regard et de l’environnement dans la construction du soi. La façon dont elle regarde son tout petit (puis la façon dont la dyade s’expose au miroir) permet à l’enfant, dès bébé, d’avoir une image de lui-même. Le regard de la mère puis l’image spéculaire sont donc décisives pour la formation du sujet. Winnicott ne dit rien de ce qu’il appelle « environnement » dont il affirme que le bébé est initialement non séparé. Il s’agirait, selon moi, d’une dimension complexe (et compliquée) qui associe le contexte (social, politique, culturel…). Il ne dit rien non plus de la dimension historique (personnelle et collective) de ce regard. Ainsi, le premier regard, maternel (de celui ou celle qui s’occupe de l’enfant), transmet la façon dont la mère est affectivement à ce moment précis (triste, déprimée, déçue d’avoir un tel enfant, joyeuse, aimante, etc.) ; il est infiltré de son histoire dans le contexte d’une société plus ou moins hospitalière à l’égard de la différence, raciale en l’occurrence. Selon la façon dont le bébé, puis l’enfant, sera regardé et vu, il intériorisera, épidermisera la différence, la sienne, en une structure régulatrice de la relation raciale à l’autre.

Le racisme en psychothérapie : faut-il être noir pour comprendre le racisme ?

Ce que disent les patients de F. Davids est que lui seul peut comprendre ce que vit le sujet racisé, lui-même étant noir, issu de la colonisation. En un sens, cela est parfaitement compréhensible. Cette affirmation entraîne d’autres questions : faut-il être femme psychanalyste pour comprendre les femmes ? Faut-il être psy migrant.e pour comprendre les sujets migrants ?

Fakhry Davids, à la suite de Frantz Fanon, ouvre au psy blanc (et bien au-delà) ce qu’il ne voit pas forcément, ou bien ce qu’il dénie ou évite. Certes le déni de la différence raciale n’est pas qu’une question individuelle : la représentation et le traitement des discriminations raciales appartiennent à l’ensemble de la société (Fassin, 2006). Si l’on revient à la scène très signifiante de la mère noire accompagnant sa petite fille à un gala, et qui fait face à un père de couleur blanche qui fait mine de ne pas entendre ce que dit sa petite fille, il nous faut reconnaître que la marche sera encore longue pour lever le déni, pour inviter les blancs dans ce débat (apaisé si possible), comme une solution à l’amélioration des relations de race.

Sans doute faut-il être d’abord soi-même à l’aise avec la couleur de sa peau, entendue dans sa dimension historique et personnelle : comment ai-je été regardé.e par mes proches dès bébé ? Quel sens la couleur de la peau avait-elle pour la société qui m’a vu.e naître et dans laquelle j’évolue ? Il serait ainsi plus facile d’aborder la question avec nos patient.es noir.es.

Ainsi, un de mes patients africains vint en thérapie amenée par une souffrance corporelle et psychique de longue date, l’ayant conduit à une situation de handicap empêchant son travail. Il avait rencontré sa femme blanche, devenue son épouse, membre d’une ONG dans son pays. Son histoire personnelle et familiale était jonchée d’abandons et de vie de solitude, puis d’incompréhensions graves avec son épouse, le mettant dans une situation disqualifiée surtout vis-à-vis de ses enfants. Il se plaignit d’une intervention chirurgicale dont il était ressorti plus douloureux encore. À ma question : « Pensez-vous avoir été victime de racisme ? », il put dérouler tout un récit d’attaques racistes plus ou moins silencieuses : dans son travail, puis au contact de médecins ne tenant pas compte de son expression douloureuse. Ce récit préambule permit d’aborder la question très épineuse de la relation à son épouse.

Il faut sans doute oser s’aventurer dans cette relation noir/blanc, certes pavée de risques, mais aussi de promesses de compréhension, de qualité de relation, pour donner la parole à l’autre et offrir son écoute. Pour ne pas que l’autre devienne un « schéma épidermique racial », selon les termes de Fanon, soit un schéma vidé de substance, il faut lui donner la parole et créer les conditions d’une rencontre possible. Le soin commence par là : avoir une maîtrise de l’accueil et de son regard, une attention à ce début, du tact, une adresse (être adroit pour parler à l’autre) et immédiatement une forme de réflexivité. Mais oui, un médecin peut être raciste, des études le montrent désormais ! Raciste, rarement par intention politique, mais le plus souvent par négligence sans avoir soigné son regard etsonécoute.Par préjugé ou du fait d’une théorie inappropriée, la réponse est sans appel : il.elle applique une forme de rejet. Si notre œil, selon Fanon, doit être un correcteur des erreurs culturelles, il y faut un apprentissage, une culture : « du rouge de Van Gogh, du concerto de Tchaïkovski, de l’Ode à la joie de Schiller, de la lecture de Césaire » selon ses termes et je rajouterai de la lecture de Toni Morrison, de la musique de Miles Davis, du bleu nuit des peintures haïtiennes, de la lecture de Marguerite Duras… Bref, en plus d’un vrai engagement politique, il s’agit pour les psys comme pour tout citoyen de s’abreuver aux beautés culturelles du corps et de ses expressions.

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