Au gré des crises migratoires, la prise en charge des personnes exilées qui était jusqu’à présent restée à la marge des enjeux de santé publique, a ouvert de nouveaux champs cliniques. Face aux parcours traumatiques extrêmes, à la complexité des psychopathologies, des contextes de précarité sociale, des parcours migratoires variés, des difficultés liées aux différences culturelles, langagières et aux modalités d’accès aux systèmes de soins, il s’est avéré nécessaire d’adapter des dispositifs de soins dédiés à cette population particulièrement vulnérable.

L’approche transculturelle dans ses différents développements a permis de mieux penser cette clinique tant du point de vue théorique que des efforts pour construire des dispositifs tenant compte à la fois des cadres collectifs, culturels et sociaux et des ressources permettant la restauration face au chaos, à l’éclatement et la perte de sens induite par les traumas extrêmes.

Intégrer les compétences et les ressources culturelles dans ces dispositifs de soin s’est avéré particulièrement adapté pour accompagner les trajectoires spécifiques de ces patients. L’enjeu est d’offrir des lieux de pensée, des repères et des espaces imaginaires permettant de se détacher des réalités traumatiques ; de mobiliser les ressources et les compétences des patients pour élaborer leur histoire et la construction de leur avenir. Les leviers culturels favorisent ainsi un travail de narrativité qui facilite la symbolisation et aide à surmonter les profondes désorganisations induites par les parcours traumatiques extrêmes de ces populations. Les dispositifs thérapeutiques transculturels peuvent ainsi soutenir l’accès à un récit de soi souvent gelé par le trauma et l’exil.

Au-delà des leviers culturels, c’est l’engagement du collectif, du groupe et des professionnels qui permet aujourd’hui d’élaborer des réponses spécifiques à ces situations complexes. En assumant une démarche complémentariste et un engagement profond pour le droit à l’hospitalité, ces professionnels dont plusieurs ont participé à ce dossier, développent des manières efficaces de soigner et d’accueillir la souffrance consécutive à ces traumas.