Être parent, on sait désormais parfaitement comment cela se passe biologiquement : le prolongement de notre regard et le progrès de nos techniques permettent non seulement de connaître la réalité de nos cellules, mais aussi de provoquer ou d’arrêter la vie. Pourtant, il ne suffit pas d’un homme et d’une femme pour faire des parents. Tout d’abord parce que la fonction sociale et culturelle d’être parent ne recouvre pas la génétique ; même si notre époque a fortement valorisé ce lien par rapport aux liens affectifs et sociaux, toutes les cultures de toutes les époques ont construit des pratiques et des obligations à travers les systèmes d’alliance, d’échanges matrimoniaux et de filiation.

Dans notre société, la fonction de parents se modifie sous l’impact des divorces, de la monoparentalité, des recompositions familiales et de l’adoption internationale… Désormais, il existe des enjeux autour des revendications des homoparents, de la procréation médicalement assistée et de la gestation pour autrui. Sexualité, procréation et éducation ne sont plus dans un rapport de continuité. Ces questions sont ainsi des plus étudiées sur le plan des sciences sociales. Même si, comme l’affirme Françoise Héritier, les nouvelles possibilités techniques de procréation ne bouleversent pas les questions posées sur les rapports homme/femme, les multiples façons d’être parents sont cependant totalement nouvelles. Maurice Godelier, quant à lui, en a fait un inventaire détaillé.

La procréation médicalement assistée, la migration interrogent nos rapports aux petits d’homme, tandis que d’autres formes d’être parents élargissent les modes de parentalités. Ainsi, nous souhaitons dans ce numéro interroger les différentes articulations de la fabrication parentale : biologique, sociale, et culturelle, tant du point de vue clinique et psychanalytique, anthropologique et philosophique.