Actualité
© Franco Folini Sidewalk Stencil : Palestine, Valencia Street, San Francisco, CA, 12 aout 2006. Source (CC BY-SA 2.0)
Inventer un cadre thérapeutique pour une possible rencontre des palestiniens sortants de prison
Elsa GANAS
Elsa Ganas est psychologue clinicienne.
Jamila CHAIB
Jamila CHAIB est psychologue clinicienne dans le service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, psychiatrie générale et addictologie spécialisée, Hôpital Avicenne, 125 route de Stalingrad, 93009 Bobigny Cedex.
Mélanie KERLOC'H
Mélanie Kerloc’h est psychologue clinicienne.
Pour citer cet article :
GANAS E, CHAIB J, KERLOC’H M. Inventer un cadre thérapeutique pour une possible rencontre des palestiniens sortants de prison. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2015, volume 16, n°3, pp. 361-365
Lien vers cet article : https://revuelautre.com/actualites/inventer-un-cadre-therapeutique-pour-une-possible-rencontre-des-palestiniens-sortants-de-prison/
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La présente réflexion est née de notre pratique clinique au sein de l’équipe pluridisciplinaire du programme de santé mentale – Médecins Sans Frontières – de la région de Naplouse, au nord de la Cisjordanie en Palestine. Naplouse est à soixante kilomètres au nord de Jérusalem. Avec son histoire plurimillénaire, elle est nommée « la petite Damas » et est connue par la résistance de ses habitants et l’état de siège qu’elle a vécu au cours de la seconde Intifada. Nous intervenons en zones urbaines et rurales sur un territoire qui comprend environ 450000 habitants palestiniens. La culture communautaire est prédominante et le contexte socio-politique massivement déterminé par l’occupation et la colonisation israélienne ainsi que par les conflits entre factions politiques palestiniennes. La situation est caractérisée par une violence chronique, des poussées sporadiques d’intense violence, et une impossibilité à se projeter dans le futur, pour l’individu et pour le groupe.
Dans notre programme, nous accueillons une population qui a vécu un évènement ou une série d’évènements potentiellement traumatiques et qui y a répondu par une souffrance psychique qui bénéficierait d’un accompagnement clinique. Notre porte d’entrée est la clinique du trauma. Les prises en charge proposées peuvent durer de quelques semaines à quelques mois. Dans ce cadre, nous proposons à une personne ou à un groupe familial de témoigner, de « déplier » son expérience subjective, en rapport à l’évènement et à l’altérité, de cette rencontre traumatique déterminée de manière circulaire, interdépendante du contexte. La reconnaissance de la subjectivité et de la souffrance de l’individu ou du groupe permet de travailler sur la dimension narcissique et sur la restauration de la dignité. La dimension éthique de notre travail est à l’œuvre dans la rencontre du sujet, de l’humain, au-delà de l’évènement. Si la personne/groupe le permet, nous travaillons sur un second niveau qui concerne les processus de passivation afin d’atteindre une position de possible changement pour le sujet.
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