Dossier

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Enfants dans les rues du monde

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Ils déambulent dans les rues du monde, transportant parfois avec eux la misère et l’injustice de ce monde. Ils sont à des milliers de kilomètres les uns des autres mais si proches au niveau de leurs destins et de leurs parcours existentiels. Leurs trajectoires familiales, sociales et urbaines sont différentes mais un point commun les rassemble : la précarité transculturelle.

Précarité, au sens économique certes – ces enfants sont privés ou déprivés de beaucoup de choses – mais précarité d’abord et surtout dans le sens de besoin de l’autre, tel que le propose J. Furtos (2001). Une précarité existentielle. Transculturelle aussi est cette précarité car quelle que soit la région du monde, le métissage des altérités s’impose comme une évidence, un ingrédient essentiel du vivre ensemble. Ce besoin d’altérité transculturelle est d’autant plus nécessaire que le monde d’aujourd’hui est plus que jamais ébranlé dans ses fondements. La précarité et l’altérité transculturelles participent ainsi de la capacité à continuer à habiter ce monde.

Les enfants des rues vivent au bord du monde, au bord d’un monde qui s’effondre et qui, dans son processus d’effondrement, espère un renouveau, à l’image de ces enfants qui, la main tendue vers l’autre dans l’espace social, espèrent, par-delà les dons matériels, un peu plus de fraternité, d’humanité, de solidarité, de relation et de considération dans nos sociétés clivées, rongées par la montée des radicalités.

Ce numéro donne la parole à de jeunes chercheurs cliniciens à qui des enfants dans les rues du Maroc, du Burundi, du Mali, d’Haïti, d’Israël et de la France ont confié quelques bribes de leurs histoires marquées et traversées par la violence, le traumatisme mais aussi la créativité.

Amira Karray et ses collègues dressent un aperçu de la résilience et de l’espoir des enfants des rues en Haïti suite au séisme du 12 janvier 2010. Nour Laabi relate comment sa rencontre singulière avec les enfants des rues au Maroc l’amène à apprécier la soif de liberté motivant la vie dans la rue. Adrien Ninahazimana nous entraine dans le contexte du Burundi où les trajectoires de ces enfants les font naviguer entre statut de victime et celui de déviant. Dans les rues du Gabon, Stella Ignoumba nous invite à visiter les univers culturels de ces enfants en quête d’altérité. Iris Buzaglo, en Israël, parle de ces filles et garçons en détresse sur la scène sociopolitique.

Ces textes sont issus du 16e colloque de la Revue L’autre (Effets de la mondialisation sur la clinique) qui a eu lieu à Lyon les 16 et 17 octobre 2014 sous la responsabilité de Daniel Derivois et de Marie Rose Moro avec notamment la collaboration de l’AIEP (Association Internationale d’EthnoPsychanalyse), de l’Université Paris 13, de l’Université Catholique de Lyon et de l’Université Lyon 2. Ce colloque interdisciplinaire et international a réuni plus de 350 participants et intervenants venant d’au moins 20 pays (Europe, Afrique noire, Maghreb, Amérique, Antilles, Asie) autour de diverses thématiques comme les migrations, les mineurs non accompagnés, les séquelles post-traumatiques, le contre-transfert…

Les enfants des rues étaient à l’honneur à cette manifestation scientifique et culturelle. En marge de nos sociétés de consommation, ces enfants travaillent discrètement au tissage de liens sociaux. Leurs symptômes bruyants (violence, vol, addiction, prostitution, etc.) masquent souvent un lent et long travail de tolérance et de vivre ensemble entre eux et avec ceux à qui ils tendent la main dans l’espace urbain. Malgré leur isolement familial et social, ces enfants se nourrissent quotidiennement de la culture du collectif et en ce sens, ils ont de quoi inspirer les décideurs de ce monde.


Remerciements à l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), l’ANR et l’Université Lyon 2 pour leur participation financière à ce colloque. Remerciements à l’Université Catholique de Lyon qui a mis gracieusement des locaux à notre disposition.