Note de terrain
© grelot à chien Albert Bassoumba. Source
Muntu fwa : la mort Kongo
Olivier BIDOUNGA
Olivier Bidounga est né en 1941 à Bakongo, un des quartiers de Brazzaville au Congo, dans une famille kongo-lari originaire de la région du Pool, après avoir travaillé quelques années au Musée de Brazzaville puis au Musée de Kinkala, Olivier Bidounga s’est fixé en France en 1984. Loin désormais de son pays et de ses origines, Olivier Bidounga n’a de cesse de creuser sa mémoire pour retrouver les traits de la culture kongo en voie de disparition, de s’interroger sur la langue lari, sur l’étymologie des mots, sur le sens des proverbes, sur l’origine des institutions kongo. Créateur de l’association ADECA (Association pour le Développement Culturel et Artistique du Congo), Olivier Bidounga est également co-fondateur de la FCD (Fédération des Congolais de la Diaspora) qui s’est fait connaître par ses prises de position très fermes en regard de la situation politique actuelle au Congo. En février 2015, Olivier Bidounga a été fait chevalier des Arts et Lettres par le Ministre de la Culture et de la Communication, Madame Fleur Pellerin.
Bidounga O. Le Bunganga, source de création des objets qui soignent chez les Kongo. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2005 ; 6 : 419-431.
Bidounga O. Bunzonzi, un art de la parole chez les Kongo, Lari, Sundi. Droit et culture, 2007 ; 53 (1) : 220-226.
Bidounga O. Le Kimuntu. L’autre, cliniques, cultures et société, 2009 ; 10 (3) : 359-366.
Bidounga O. Ndambulu, la cuisine chez les Kongo. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2013 ; 14 (1) : 105-110 (publié en version plus longue dans la revue électronique Anthropoweb, octobre 2012).
Mabanza E. Visage des Palmiers. Paris ; L’Harmattan, Coll. « Poètes des cinq continents » : 2008.
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Lien vers cet article : https://revuelautre.com/notes-de-terrain/muntu-fwa-la-mort-kongo/
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C’est un sujet grave que celui de la mort, fatal corollaire de la vie, que les Kongo appellent Lufwa, chez les Lari comme chez les Soundi1.
Lorsqu’un vieillard meurt de mort naturelle, on dit que « Nzambi l’a rappelé » : Nzambi ku mbonguélé. Mais s’il s’agit d’un enfant, d’un adolescent ou d’un adulte dans la force de l’âge, on dira : Dia ba ndidi, « on l’a mangé », c’est-à-dire envoûté, ensorcelé ! La mort chez les Kongo n’est en effet jamais anodine : que l’on meure de maladie ou d’épidémie, individuellement ou en groupe, qu’on décède par accident, qu’une femme meure en couches, dans tous les cas, le décès est attribué à la malfaisance du ndoki, cet ennemi de l’ordre familial et villageois. La famille fait donc appel au nganga ngombo qui a pour tâche de rechercher dans tous les cas la cause du décès (Bidounga 2005). Lorsque le crime du ndoki est mis à jour par le nganga, il ne peut être canalisé ou apaisé que par la sagesse du nzonzi, autre personnage jouant un rôle important dans l’équilibre de la société kongo (Bidounga 2007).
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