Note de terrain

© Jonny window-in-abando 29 avril 2011. Source (CC BY 2.0)

La maison un lieu d’intimité : incidences transculturelles


Alberto EIGUER

Alberto Eiguer est psychiatre, psychanalyste, auteur notamment de la Clinique psychanalytique du couple, Dunod, 1998, Du bon usage du narcissisme, Bayard éditions, 1999, est Président de la Société de thérapie familiale psychanalytique d’Ile de France.

Anzieu, D. (1984). Le moi peau. Dunod.

Bion, W. R. (1960). La grille. Repris dans W. R. Bion. Entretiens psychanalytiques (1980). Gallimard.

Blanket, B., & Watelet, C. (2021). Toit et moi. Du décor de la maison au bien-être intérieur. Éditions du Chêne.

Eiguer, A. (2004). L’inconscient de la maison, Dunod.

Eiguer, A. (2013). Votre maison vous révèle. Michel Lafon.

Eiguer, A. (2016). Une maison natale. Dunod.

Freud, S. (1913). Totem et tabou. OC XI. PUF.

Freud, S. (1928). Dostoïevski et la question du parricide, OC XVIII. PUF.

Freud, S. (1931). Nouvelle suite des conférences d’introduction à la psychanalyse, OC XIX. PUF.

Héritier, F. (1994). Les deux sœurs et leur mère, Anthropologie de l’inceste. Odile Jacob.

Héritier, F. (1996). Masculin-féminin I. La pensée de la différence. Odile Jacob.

Héritier, F. (2002). Masculin-féminin II. Dissoudre la hiérarchie. Odile Jacob.

Kaës, R. (2015). L’extension de la psychanalyse. Dunod.

Moscovici, S. (1976). La psychologie de la représentation sociale. Revue européenne des sciences sociales et Cahiers Vilfredo Pareto, 14(38-39), 409-416. Repris in Kalampalikis N (2019) Serge Moscovici. Psychologie des représentations sociales. HAL Id. hal – 02091985.

Piaget, J. (1926) La représentation du monde chez l’enfant. Alcan.

Tisseron, S. (1998). La honte. Psychanalyse d’un lien social. Dunod.

Pour citer cet article :

Eiguer A. La maison un lieu d’intimité : incidences transculturelles. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2022, volume 23, n°2, pp. 199-208


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/notes-de-terrain/la-maison-un-lieu-dintimite-incidences-transculturelles/

La maison, un lieu d’intimité: incidences transculturelles

La maison est le lieu privilégié de l’intimité avec soi et de celle que l’on entretient avec les autres, l’extimité. Cela étant, les lieux dans la maison où ces intimités se développent influencent voire forgent, le caractère des résidents ainsi que le fonctionnement familial. L’auteur l’étudie au niveau de la cave et du grenier, des espaces d’intimité et de mémoire. On les vit de manière singulière, leur attribuant des oppositions et de la complémentarité. Certains mythes africains sur le masculin et le féminin aident à comprendre pourquoi les humains chargent ces endroits de tant de symboles. L’auteur illustre ces idées par une expérience personnelle.

Mots clés : espace transitionnel, féminité, intimité, logement, masculinité, psychologie, symbolisation.

Home, an intimate place: transcultural incidences

Home is the ultimate place for intimacy with the self and for intimacy with others, “extimacy”. Having said that, the places in the home in which this intimacy develops, influence, and even forge, the residents’character and the family functioning. The author here studies intimacy as it relates to the basement and the attic in a house, as spaces of intimacy and memory. These spaces are experienced in a singular manner, and they are attributed notions of opposition and complementarity. Certain African myths on the male and the female genders can help to understand why human beings endow these spaces with so many symbols. The author illustrates these ideas using personal experience.

Keywords: accommodation, femininity, intimacy, masculinity, psychology, symbolisation, transitional space.

El hogar, lugar de intimidad: implicaciones transculturales

El hogar es el lugar privilegiado de la intimidad con uno mismo y con los otros. Dicho esto, los lugares de la vivienda donde se desarrollan estas intimidades influyen, incluso forjan, el carácter de los residentes así como el funcionamiento de la familia. El autor lo estudia a nivel del sòtano y el desván, espacios de intimidad y memoria. Estos lugares de la vivienda se experimentan de manera única, atribuyéndoseles oposiciones y complementariedades. Ciertos mitos africanos sobre lo masculino y lo femenino ayudan a explicar por qué los humanos cargan estos lugares con tantos símbolos. El autor ilustra estas ideas con su experiencia personal.

Palabras claves: espacio transicional, femineidad, intimidad, masculinidad, psicología, simbolización, vivienda.

Pour aborder ce thème, en commençant, je vais introduire la dimension transculturelle, en deuxième lieu, présenter la psychologie de la maison, cherchant ensuite à les articuler dans le but de développer notre clinique.

La psychanalyse familiale apporte un élément qui la différencie de la psychanalyse individuelle ; elle intègre l’environnement humain à l’interprétation sur le fonctionnement mental du sujet ; les membres de la famille de celui-ci présentent de nombreuses incidences et influences sur lui dans la mesure où ils établissent des liens intersubjectifs et une groupalité que l’on peut sans hésiter appeler inconsciente. Cette position favorise l’idée que les grands groupes, les institutions, la société dans son ensemble, entretiennent des liens significatifs avec le sujet et sa famille. À mon tour, je me suis demandé si l’environnement matériel dans lequel nous habitons, c’est-à-dire notre maison, n’a pas aussi un lien avec ses résidents et j’ai pu explorer des aspects de ce lien (Eiguer, 2004).

Avec la notion d’extension de l’analyse, Kaës (2015) rend possible ces perspectives de compréhension ; la psychanalyse de groupes apporte un modèle suffisamment ouvert et dynamique pour que notre lien à l’environnement soit saisi dans sa complexité.

Cette extension a permis de nourrir des recherches contribuant à développer des idées théorico-pratiques aujourd’hui intégrées comme celle de représentation sociale (Moscovici, 1976). Ainsi que l’analyse étend son application à d’autres domaines que le sujet singulier, cet auteur propose que l’interprétation de certaines productions sociales (par exemple, les aprioris, les préjugés, les idéologies, les modes, les légendes, les mythes) gagneraient à se fonder sur le modèle analytique et piagétien de la représentation (Piaget, 1926). Une représentation sociale est une figure subjective qui s’étaye sur une perception pour se constituer en un « concept », une pensée donnant forme à ce que l’on perçoit. Moscovici dit : « La représentation collective ne se réduit pas à la somme des représentations des individus qui composent une société. Elle est en fait un des signes de la primauté du social sur l’individuel, du débordement de celui-ci par celui-là » (op. cit., p. 2). Pour souligner leur évolution, Moscovici précise plus loin : « Leur aspect perceptif suppose la présence de l’objet, l’aspect conceptuel, son absence » (op. cit., p. 3) Cette idée évoque celle de Freud lorsqu’il suggère qu’au début de la formation de la représentation inconsciente chez l’enfant, l’éloignement de la mère est déterminant.

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