Note de terrain

© valeyoshino, senza parole, 27/08/2008. Source (CC BY 2.0)

Devenir interprète en psychothérapie

Du décalage en traduction


Lotfi NIA

Lotfi Nia est interprète au Centre Osiris à Marseille et auprès de diverses structures de soin.

Austin J-L. Quand dire, c’est faire. Paris. Points Seuil ; 1970.

Bouquin-Sagot G. et Maurin M. « Une pratique avec un interprète co-intervenant : de l’être en groupe à penser le groupe », Cahiers du rhizome 2015 ; 55 : 76-85.

De Pury S. Comment on dit dans ta langue ? Pratiques ethnopsychiatriques. Paris : Les empêcheurs de penser en rond ; 2005.

Haute autorité de santé (2017), Interprétariat linguistique dans le domaine de la santé. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/jcms/c_2746031/fr/interpretariat-linguistique-dans-le-domaine-de-la-sante

Ladmiral J-R. Traduire : théorèmes pour la traduction, Gallimard ; 1994.

Oseki-Dépré I. « Théories et pratiques de la traduction littéraire en France », Le Français aujourd’hui 2003 ; 142 : 5-17.

Pointurier S. Théories et pratiques de l’interprétation en service public. Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle ; 2016.

Simon A. De la langue de ma mère à celle de l’école : Parcours langagier des enfants tamouls du Sri Lanka [thèse]. Paris 13 ; 2011. Disponible sur: http://www.theses.fr/2011PA131016

Pour citer cet article :

Nia L. Devenir interprète en psychothérapie. Du décalage en traduction. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2020, volume 21, n°1, pp. 94-102


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/notes-de-terrain/devenir-interprete-en-psychotherapie/

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Je traduis en séances de psychothérapie. Comme la plupart de ceux qui se retrouvent « interprètes dans le soin », je me suis engagé dans cette voie parce que je parlais une autre langue, en plus du français (c’est de la situation en France dont il sera question ici). Pourtant, ce n’est pas parce qu’on parle plusieurs langues qu’on est interprète. Il faut le devenir, et beaucoup d’entre nous apprennent sur le tas, deviennent interprètes en exerçant. Le métier d’interprète dans le soin est assez récent, sa pratique est hétérogène et son apprentissage ne répond pas à des normes arrêtées1. Pourtant, certaines structures qui font appel à des interprètes leur proposent de les accompagner dans la construction de leur pratique au moment où ils débutent – avec, dans l’idée aussi de les préserver dans un contexte professionnel émotionnellement éprouvant. Le centre Osiris à Marseille, en tant que centre de soutien thérapeutique aux personnes victimes de torture et de répression politique, fait appel à des interprètes, et a fait le choix de les étayer et de les former. C’est dans ce centre que j’ai commencé à exercer et que je suis devenu interprète, effectuant des allers-retours fréquents entre pratique et réflexion – réflexion clinique à laquelle m’invitent mes collègues psychothérapeutes, réflexions sur la traduction avec mes collègues interprètes. Dans la continuité de ce travail de réflexion qui accompagne l’exercice du métier, mon objectif, ici, sera double : d’abord, décrire cette profession en me penchant sur comment a pris forme ma pratique singulière ; ensuite souligner en quoi ce genre d’interprétariat se démarque des modèles de traduction majeurs, entre autre parce que l’interprète en psychothérapie est partie prenante d’une situation de communication complexe où la parole est elle-même souvent troublée.

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  1. Un document d’octobre 2017 émanant de la Haute autorité de santé tente de fixer les contours d’une profession qui « s’est imposée historiquement dans la prise en charge des patients/usagers parlant peu ou pas français et atteints de maladies infectieuses, notamment l’infection du VIH/SIDA et la tuberculose. » cf. HAS (2017), p. 12. Par ailleurs, Pointurier S. (2016) exprime l’inquiétude que peut inspirer une pratique professionnelle non uniformisée : « S’il a été possible de normaliser la pratique de l’interprétation de conférence et de créer des règles et des conditions de travail partagées par les professionnels dans la plupart des pays du monde, cela n’a pas été le cas pour l’interprétation de service public… » p. 31.