Article original

© Dan Ox wheeless Source (CC BY 2.0)

Violence en MECS* : migration et transfert


Armelle HOURS

Armelle Hours est psychiatre, psychanalyste à Lyon.

Pour citer cet article :

Hours A. Violence en MECS : migration et transfert. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2024, volume 25, n°1, pp. 90-99

DOI : https://doi.org/10.3917/lautr.073.0090

Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-originaux/violence-en-mecs-migration-et-transfert/

Violence en MECS : migration et transfert

Les MECS (Maison d’enfant à caractère social) telles qu’elles s’organisent de nos jours en France sont-elles suffisamment adaptées aux besoins des enfants/adolescents qui leur sont confiés et à leur mission de protection ? Comment se fait-il que la violence s’y propage aussi facilement ? Après avoir envisagé ce contexte particulier du placement avec son cortège d’impasse, nous suivrons le fil d’une écoute clinique groupale pour l’abord de la dimension transférentielle au sens large. La réflexion prendra appui sur certaines séquences de groupe conte. Nous mettrons en évidence ce phénomène de propagation migratoire, prenant sa source dans le vaste champ du transfert. Ces considérations utiles à la prise en compte de cette facette de la clinique institutionnelle caractéristique de ces déliaisons infernales et du péril de l’altérité, permettront ensuite d’entrevoir les réaménagements à envisager.

Mots clés : contre-transfert, groupe, institution, maison d'enfants à caractère social, migration, placement de l’enfant, protection sociale de l’enfance, transfert, violence.

Violence in children’s homes: migration and transference

Are children’s homes in France sufficiently adapted to the needs of the children/adolescents entrusted to them, and fully suited to their protective mission? Why does violence spread so easily in these facilities? After considering this particular context of child placement, with its procession of dead-ends, we will follow the progress of a listening group structure in an attempt to approach the transferential dimension in the broad sense. The reflection will be based on certain sequences in the course of narrative (story-telling) group sessions. We will highlight the phenomenon of migratory propagation, taking its source in the vast field of transference. These considerations have the advantage of taking into account this facet of the institutional clinical dimension, characteristic of the breakdown of ties and the peril of otherness. This will then enable us to forge an idea of the redeployments to be considered.

Keywords: child placements, child protection, children’s homes, counter-transference, group, institution, migration, transference, violence.

La violencia en los MECS (hogares sociales para la infancia) : migración y transferencia

¿Están los MECS (Hogares Sociales para la Infancia), tal como están organizados hoy en Francia, suficientemente adaptados a las necesidades de los niños/adolescentes que se les confían y a su misión de protección? ¿Cómo es posible que la violencia se propague tan fácilmente allí? Después de haber considerado este contexto particular y problemático de separación de los niños de sus familias a fines de protección, seguiremos la pista de la escucha clínica grupal para abordar la dimensión transferencial en un sentido amplio. La reflexión se basará en determinadas secuencias de un grupo terapéutico con base en cuentos. Destacaremos este fenómeno de propagación migratoria, tomando su origen en el vasto campo de la transferencia. Estas consideraciones, útiles para tener en cuenta esta faceta de la clínica institucional característica de estas desconexiones infernales y del peligro de la alteridad, nos permitirán vislumbrar los reordenamientos a considerar.

Palabras claves: contratransferencia, grupo, hogar de salud infantil, institución, migración, protección social de la infancia, protección social infantil por separación de la familia, transferencia, violencia.

« Un caneton sans eau, s’il survit, deviendra autre chose qu’un canard même si ses capacités d’adaptation le feront ressembler, par mimétisme, entre autres, à un canard. (…) Ce SDF psychique aura plus ou moins, suivant l’ampleur des défaillances environnementales, de capacité à se subjectiver. L’hypothèse d’un milieu ambiant, d’un déplacement dans un espace-temps institutionnel, soigneux, agent de sécurité de base, est le préalable, non pas à repriser, à ravauder le passé, mais à une mise en place aquatique, un paysage où le greffon subjectal pourra croître. Cet écosystème, à la fois individuel, groupal et ins-titutionnel, mais aussi inscrit dans des espaces-temps, pourra se vivre, se raconter, car la finalité en sera toujours le langage comme témoin et but d’une mise en sens et d’une appropriation subjective ».

R. Puyuelo (2012)

Cest à partir d’une longue expérience clinique en MECS, que nous allons ici envisager les spirales infernales de l’emballement de la violence, qui y surgissent trop fréquemment, pour pouvoir penser les conditions du dégagement. Dans une MECS, sont accueillis en France, les enfants et des adolescents en situation de placement, sur décision du juge des enfants ou des services sociaux, dans des contextes de violences familiales, de carences et de négligences éducatives sévères. De plus en plus, on fait le constat de ces situations d’impasse en cascade. On déplore trop régulièrement cette difficulté récurrente à sortir de ces schémas de violence infernale qui, de fait, font obstacle à la mise en place d’une protection effective. Après avoir envisagé ce contexte particulier du placement de l’enfant et/ou de l’adolescent en MECS, avec son cortège d’impasse, nous suivrons le fil d’une écoute clinique groupale pour l’abord de la dimension transférentielle au sens large. La réflexion prendra principalement appui sur certaines séquences de groupe thérapeutique autour du conte qui seront revisitées dans cette perspective. Cela permettra dans un premier temps d’examiner le surgissement de la violence in statu nascendi. Puis, en continuant à suivre un fil clinique, nous essaierons de rendre compte de ce qui peut se jouer au sein de la psyché de l’enfant. À partir de là, il sera possible de considérer que ce qui se passe dans un petit groupe reflète assez bien ce phénomène de propagation migratoire, prenant sa source dans le champ du transfert. Le transfert est entendu ici dans son acception la plus large. Ces considérations utiles à la prise en compte de cette facette de la clinique institutionnelle caractéristique de ces déliaisons infernales et du péril de l’altérité, permettront ensuite d’entrevoir les conditions du dégagement.

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