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© Dinesh Valke Bugadi (Marathi: ) avril 2011 Source (CC BY-SA 2.0)

Rite initiatique traditionnel de la puberté chez les enfants de migrants tamouls : les enjeux du métissage culturel

et


Martin DONZE

Martin Donze est assistant spécialiste de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Île de France.

Amalini SIMON

Amalini Simon est Psychologue clinicienne, Hôpital Avicenne, Doctorante, Université de Paris 13.

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Pour citer cet article :

Donze, M. et Simon, A. (2024) . Rite initiatique traditionnel de la puberté chez les enfants de migrants tamouls : les enjeux du métissage culturel. L’autre, Volume 25(3), 334-344.


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-originaux/rite-initiatique-traditionnel-de-la-puberte-chez-les-enfants-de-migrants-tamouls-les-enjeux-du-metissage-culturel/

Rite initiatique traditionnel de la puberté chez les enfants de migrants tamouls : les enjeux du métissage culturel

L’enjeu de cet article est d’illustrer la complexité de la négociation identitaire chez les enfants de migrants pris entre deux affiliations culturelles. Le cas que nous présentons est celui d’une jeune fille d’origine tamoule reçue en consultation transculturelle à l’hôpital Avicenne à Bobigny (France) dans le cadre du suivi d’une décompensation maniaco-délirante survenue lors du rituel de passage traditionnel célébrant les premières menstruations des jeunes filles. Ce cas illustre l’intrication entre la problématique du pubertaire et une histoire familiale complexe marquée par la question du trauma psychique. La maladie de cette jeune fille souligne l’importance du concept ethnopsychiatrique de métissage culturel et l’opérativité thérapeutique du dispositif transculturel s’attachant plus singulièrement à la dimension identitaire au sens d’une circulation créative entre des systèmes d’appartenance complémentaires et métissés.

Mots-clés : rite de passage, enfant de migrant, transculturel, ethnopsychiatrie, ethno­psychanalyse, consultation, décompensation psychotique, cas clinique, pubertaire, menstruation, Tamoul, traumatisme psychique.

Mots clés :

Traditional initiation rites at puberty among the children of Tamil migrants: the challenges of cultural cross-breeding

The aim of this article is to illustrate the complexity of identity negotiation among children of migrants caught up between two cultural affiliations. The case presented here concerns a young girl of Tamil origin who was seen in transcultural consultation in Avicenne hospital, Bobigny (Paris area) for the follow-up of an manic delusional episode that occurred on the occasion of the traditional rite of passage at the time of the first menstruation for young girls. The case illustrates the interweaving of issues around puberty and a complicated family history characterised by the existence of psychic trauma. This girl’s illness undermines the importance of the ethno-psychiatric concept of cultural blending and the therapeutic action of the transcultural system, putting greater emphasis on the identity dimension, with a creative loop linking complementary systems of belonging.

Keywords: rites of passage, children of migrants, transcultural, ethno-psychiatry, ethnopsychoanalysis, consultation, psychotic decompensation, clinical case, puberty, menstruation, Tamil, psychic trauma.

Keywords:

Rito tradicional de iniciación a la pubertad entre los hijos de inmigrantes tamiles: los desafíos del mestizaje cultural

El objetivo de este artículo es ilustrar la complejidad de la negociación de la identidad en los niños de inmigrantes atrapados entre dos afiliaciones culturales. El caso que presentamos es el de una joven de origen tamil vista en la consulta transcultural en el hospital Avicenne de Bobigny (Francia) como parte del seguimiento de una descompensación maníaco-delirante ocurrida durante el tradicional rito de iniciación que celebra la primera menstruación de las niñas. Este caso ilustra la complejidad entre el problema de la pubertad y los antecedentes familiares complejos marcados por la cuestión del trauma psicológico. La enfermedad de esta joven subraya la importancia del concepto etnopsiquiátrico de mezcla cultural y la operatividad terapéutica del dispositivo transcultural centrándose más específicamente en la dimensión Identidad en el sentido de una circulación creativa entre sistemas de pertenencia complementarios y mixtos.

Palabras clave: rito de paso, niño migrante, transcultural, etnopsiquiatría, etno­psicoanálisis, consulta, descompensación psicótica, caso clínico, pubertad, menstruación, tamil, trauma psicológico.

Palabras claves:

La puberté est une période de transition corporelle irréductible, faisant glisser symboliquement le sujet de son statut d’enfant à celui d’adulte. La maturation des caractères sexuels secondaires plonge l’individu dans des angoisses identitaires marquées par la question du sexuel au sens large. Pour y répondre, l’adolescence devient le théâtre d’une illusion douloureuse, où le sujet, sans cesse en représentation, est illusion à la fois pour les autres et pour lui-même. La cellule familiale joue dans ce contexte le rôle de support de projections, de contenant de l’appareil psychique et de l’activité fantasmatique de l’adolescent, constituant ainsi son « espace psychique élargi » (Jeammet, 1980). La famille intervient en tant qu’espace de médiation culturellement codé entre l’intimité psychique de l’adolescent et l’espace social. Le sujet intègre un système d’interactions qui lui permettront de donner un sens au monde perçu et aux expériences vécues. La recherche de figures d’identification dans l’espace socioculturel lui assure un équilibre narcissico-objectal tolérable en regard de la réactualisation des angoisses œdipiennes (Kestemberg, 1999). Le contenant familial délègue la prise en charge de l’identité de l’enfant au contenant social. Cette « socialisation transitionnelle » (Chauvel, 2003), qui permet à l’adolescent de se construire comme un sujet capable d’agir selon ses propres lois, est prise dans le paradoxe qui met en tension le désir d’autonomie avec la relation de dépendance vis-à-vis d’un autre qui rend son existence possible. L’autre devient nécessaire à l’avènement d’un « je » sujet d’une énonciation capable de dénier au moins partiellement sa dépendance essentielle vis-à-vis de l’objet pour pouvoir se vivre comme tel. La réassurance narcissique souvent vécue en demi-teinte vient restaurer transitoirement la blessure produite par l’attaque des liens de filiation. Cette agrégation au complexe culturel qui infuse les institutions extra-familiales inscrit l’adolescent dans une génération dont ses parents n’ont plus la prérogative, à peine un droit d’accès. En quête du sentiment d’exister qui l’aliène au miroir du regard de l’autre, il s’émancipe de sa passivité d’enfant pour devenir un « je » agissant, porté par le collectif. Le groupe lui offre la possibilité de s’identifier à un « Nous1 », et de s’incarner « comme sujet capable de se nouer comme maillon, héritier, bénéficiaire et serviteur de l’ensemble dont il est partie constituante et partie constituée » (Kaës, 2005, p. 245).

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  1. « Le Nous est ce par quoi se désigne l’identité des sujets par une communauté d’identifications et d’appartenances communes, de représentations et de signifiants partagés. Le mythe, les rites, les coutumes et les usages constituent un ensemble de références identifiantes pour soutenir l’appartenance à un groupe introjecté par ses membres comme un Nous. » René Kaës (2005, p. 245).