A união faz a força: expressões do mito familiar em famílias negras
L’ouvrage de Reimy Solange Chagas analyse de manière détaillée les conséquences de l’esclavage passé et du racisme présent sur la construction et la transmission identitaires des familles afro-brésiliennes. A travers une lecture clinique d’entretiens intergénérationnels menés avec plusieurs familles, l’auteure réussit à mettre en lumière un des tabous fondamentaux de l’histoire du Brésil. Comme elle le mentionne à plusieurs reprises, peu de recherches universitaires se sont intéressées jusque-là au sort psychologique des familles afro-brésiliennes qui pourtant subissent depuis plusieurs siècles des traumatismes et des discriminations sans égal. La première partie de son livre est consacrée à une revue historique de cette « catastrophe humanitaire » (p. 60), depuis l’avènement de l’esclavage au XVIe siècle, en passant par son abolition à la fin du XIXe siècle et des politiques hygiénistes racistes du début du XXe siècle, jusqu’au maintien du « mythe de la démocratie raciale » (p. 55) d’aujourd’hui, lequel cache une évidence difficilement dissimulable : les inégalités sociales excessives au Brésil désavantagent avant tout les citoyens de descendance africaine. La deuxième partie de l’ouvrage étudie les concepts et dynamiques autour du mythe familial. Y sont analysées plus particulièrement les notions de secret familial, de non-dits, de clivage et de honte, lesquels sont transmis d’une génération à l’autre dans un contexte de traumatismes familiaux répétitifs. Ces transmissions inconscientes sont illustrées dans la troisième partie à travers l’étude de trois familles afro-brésiliennes. L’auteure ne se contente pas à cet égard de présenter uniquement les dimensions dévastatrices des transmissions familiales, mais soulève également ses éléments résilients, tels que le sentiment d’union et de combat propres aux familles interviewées. Ainsi, loin de se réduire à un catalogue d’éléments traumatogènes et pathogènes, cet ouvrage a comme ambition d’articuler les événements violents et tragiques de l’histoire brésilienne aux subjectivations afro-brésiliennes multiples, sans omettre ni leurs dynamiques de répétition aliénantes, ni leurs possibilités de création insoupçonnées. Et il y parvient avec brio.