Hommage

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Une présence

Hommage : Françoise Héritier en partage


Véronique NAHOUM-GRAPPE

Véronique Nahoum-Grappe est anthropologue à l’EHESS.

Nahoum Grappe V. Un jour, un cours. In : D’Onofrio S, Terray E, éditeurs. Cahier Françoise Héritier. Paris : Editions de l’Herne ; 2018. p. 187-189.

Devereux G. Ethnopsychanalyse complémentariste. Paris : Flammarion ; 1972.

Sei Shônagon (Unesco, 1966, pour la traduction française et l’introduction). Notes de Chevet. Paris : Gallimard/Unesco ; 1993

Héritier F. L’exercice de la parenté. Paris : Editions du Seuil ; 1981.

Héritier F. Le sel de la vie. Paris : Odile Jacob ; 2012.

Héritier F. Héritier F. Masculin/Féminin. La pensée de la différence. Paris : Odile Jacob ; 1996.

Héritier F. Les deux sœurs et leur mère. Anthropologie de l’inceste. Paris : Odile Jacob ; 1994.

Pour citer cet article :

Nahoum-Grappe V. Une présence. Hommage : Françoise Héritier en partage. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2019, volume 20, n°1, pp. 7-10


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/hommage/une-presence/

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Un enseignement

Assister à un cours vraiment magistral est une des grandes aventures intérieures que la jeunesse puisse vivre. La manière de faire de l’enseignant peut transformer un chapitre aride en aventure non seulement de la pensée, mais de la conscience… Apprendre, comprendre, n’est pas si souvent lié à l’expérience passionnante d’un changement intime de perspective… C’est la personne de l’enseignant.e, en chair et en os, et en paroles, son étrange passion (parfois) du vouloir faire comprendre, qui traverse la salle de cours d’une vague de générosité invasive. L’éthique forte du vouloir expliquer oblige l’enseignant à une totale mobilisation de toute sa science et de toute sa personne. C’est toute sa présence physique qui se met en ordre de bataille pour l’explication la plus logique, la plus juste : elle (il) se donne « à fond » dans la force théorique de son exposé, et dans le scintillement de son imaginaire… Et ce faisant, elle (il) fait d’autres cadeaux : elle (il) livre son humeur et son humour, son éthique et son désespoir ancien, sa solidité acquise, son rapport au monde et à la vie… au point où il/elle en est, ce jour là… Il (elle) s’exprime du fond d’un « je » solitaire et rendu fort, quelques soient les problèmes privés, par ce talent formidable de faire exister dans l’action même de transmission l’éthique du don. Enseigner consiste alors à contraindre à l’écoute un jeune public doué pour la distraction, trop souvent massacré par l’ennui mortel, grâce à cette force centrifuge de l’offre de sens. Tout à coup singulièrement éveillés, un peu figés, les prunelles brillantes, les oreilles tendues, les fronts dépliés, les jeunes visages sont comme des miroirs offerts, et s’installe alors ce silence intense des grands moments d’écoute partagée. Un grand professeur inonde alors son auditoire du sel de sa vie, au sens de Françoise Héritier, sa manière propre de partager toute une expérience, en trois mots. On se souvient toute sa vie des professeurs passionnément écoutés.

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