Article original

© Alain Henrion, 30 octobre 2014. Source (CC BY-SA 2.0)

La fermeture de la porte, un rituel de séparation chez les Kongos

Quelle pratique dans la migration ?


Eugene NTONDO BUBOTE

Eugene Ntondo Bubote est docteur en psychologie. Psychologue au SESSD-APF des Landes. Laboratoire de rattachement EA 4139 Université de Bordeaux.

Bowlby J. (1969) Attachement et Perte, n° 1: Attachement. Paris: PUF; 1992.

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Bubote EN. Impact de la paternalité en situation migratoire sur le développement de l’enfant. Le cas des pères Kongos venus en France. Psychologie clinique. EDK. Nouvelle série n° 38. 2014/2: 75- 92.

Dorier-Apprill E, Kouvouama A, Apprill C. Vivre à Brazzaville. Modernité et crise au quotidien. Karthala; 1998.

Favret-Saada J. Les mots, la mort, les sorts. Paris: Gallimard; 1977.

Lallemand S. La mangeuse d’âmes. Sorcellerie et famille en Afrique. Paris: L’Harmattan; 1988.

Main M. Discours, Prédiction et Études récentes sur l’attachement. In: Braconnier A, Sipos J. Le bébé et les interactions précoces. Paris: PUF; 1998.

Mbemba-Ndoumba G. Les Bakongo et la pratique de la sorcellerie. Ordre ou désordre social. Paris: L’Harmattan; 2006.

Moro MR. Parents en exil. Psychopathologie et migrations. Paris: PUF; 1994.

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Pour citer cet article :

Bubote E N. La fermeture de la porte, un rituel de séparation chez les Kongos. Quelle pratique dans la migration ? L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2016, vol. 17, n°3, pp.311-320


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-originaux/fermeture-de-porte-rituel-de-separation-chez-kongos/

La fermeture de la porte, un rituel de séparation chez les Kongos. Quelle pratique dans la migration?

Cet article a pour ambition de mettre en évidence l’effet de la culture sur le psychisme. Il s’agit de montrer, à partir des situations de séparation, comment les éléments culturels peuvent nuancer le ressenti des sujets au cours de cet événement. Certains adultes revivent par le prisme de l’enfant des expériences antérieures restées non élaborées. Le vécu actuel génère une résurgence de l’angoisse ressentie autrefois. Dans le contexte de la culture première, certains moyens permettent de réduire l’intensité du ressenti de l’angoisse. Chez les Kongos, la fermeture de la porte est un des rites par lequel l’adulte aide l’enfant à surmonter cette difficulté. Dans la migration comme dans le contexte initial, l’intégration de cette pratique dans les conduites parentales permet à la dyade parent-enfant d’aborder la séparation avec sérénité et perspicacité. Une série de vignettes cliniques vont illustrer la théorie.

Mots clés :

The closing of the door, a separation ritual at the Kongos. What practice in migration?

The objective of this article is to highlight the effect of the culture on the psyche. Based on situations of separation, it is a question of showing how cultural elements can affect how subjects feel during a given event. Some adults, through the prism of a child, relive former experiences which remained undeveloped. Current experiences generate a resurgence of formally felt anguish. In the context of the first culture, certain means make it possible to reduce the intensity of anguish felt. At the Kongos home, the closing of the door is one of the rituals by which the adult helps the child to overcome the difficulty. In migration as in the initial context, integrating this practice by the parents makes it possible for the parent-child dyad to approach separation with serenity and perspicacity. A series of clinical vignettes illustrate the theory.

Keywords:

El cierre de la puerta, un ritual de separación en el Kongos. ¿Qué práctica en la migración?

Este artículo pretende poner de relieve el efecto de la cultura sobre el psiquismo. Se trata de mostrar, a partir de situaciones de separación, cómo los elementos culturales pueden matizar la experiencia de los sujetos en el curso de los acontecimientos. Algunos adultos reviven, con una perspectiva infantil, las experiencias previas no elaboradas. La experiencia actual hace resurgir la angustia experimentada previamente. En el contexto de la cultura de origen, ciertos métodos permiten reducir la intensidad de la angustia. En los Kongos, el cierre de la puerta, es uno de los ritos por el cual el adulto ayuda al niño a superar esta dificultad. También en la migración la integración de esta práctica en las conductas parentales permite al dúo padre-niño abordar la separación con serenidad y perspicacia. Una serie de casos clínicos servirán a ilustrar la teoría.

Palabras claves: brujería, creencia, cultura, Kongo, niño, relación padre-niño, rito, separación, vínculo.

La notion de séparation n’a de sens que lorsqu’il y a préalablement un attachement. Ce phénomène qui s’avère parfois récursif, emmène un individu à se désolidariser de l’environnement qui le sécurise, allant vers un ailleurs souvent étrange. Selon le contexte et l’âge, elle mobilise dans l’imaginaire du sujet, des réalités concrètes et/ou fantasmatiques qui, par la singularité de leur apparence, représentent l’inconnu (Charles-Henry Pradelles de la Tour 2001). Voleurs, fantômes, loups et sorciers sont des incarnations de la manifestation obscure qui régente la mort (Suzanne Lallemand 1988). Ils sont vécus comme des violeurs de l’intégrité du sujet et de la sécurité du foyer. Ils sont appréhendés en termes de personnages qui dérobent et éloignent leurs victimes. Par ailleurs, la peur de l’obscurité est toujours associée aux craintes de séparation et de destruction (Dorier-Apprill, Kouvouama et Apprill 1998). Être seul dans l’obscurité génère chez l’enfant des réactions de détresse intimement liées à l’absence de l’adulte sécurisant et au sentiment d’être abandonné (Mary Main 1998).

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