Article de dossier
Mourir en mer au temps de la marine à voiles
Publié dans : L’autre 2006, Vol. 7, n°3
Dossier : Avec les morts
Régis BERTRAND
Régis Bertrand est professeur d’Histoire moderne. Université de Provence. Aix-en-Provence.
Pour citer cet article :
Bertrand R. Mourir au temps de la marine à voile. À propos d’un poème de Victor Hugo. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2006, volume 7, n°3, pp. 367-381
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Mourir en mer au temps de la marine à voiles. À propos d’un poème de Victor Hugo
Dans Oceano nox (1836), V. Hugo a souligné plusieurs traits spécifiques de la mort en mer : le décès par maladie au large, l’accident, la perte d’un « homme à la mer », le naufrage perturbent diversement ou interdisent l’accomplissement des rites de passage, d’autant que la fin ou le devenir du disparu restent souvent incertains. Sauf exception, le cadavre est absent du cimetière et « présent » dans la mer. Des rites religieux, des cérémonies commémoratives, mais aussi des légendes de « revenants » indiquent un deuil difficile pour les proches. Parfois une longue mémoire familiale persiste de ceux qui ne sont pas revenus.
Mots-clés : Accident, corps absent, deuil difficile, incertitude, mémoire des disparus, naufrages, rites de passage
Dying at sea in the days of sailing ships: about a poem by Victor Hugo
In Oceano nox (183 6), Victor Hugo underlined some distinctive features of death at sea: illness on the open sea, accident, man overboard, and shipwreck are disturbing in different ways or prohibit the achievement of initiation rites, all the more since the end and destiny of the missing are uncertain. With a few exceptions, the corpse is absent from the cemetery and «present» in the sea. Religious rites, commemorative ceremonies, but also legends of ghosts indicate a painful bereavement for the relatives. Sometimes the memory of those who never came back persists for a very long time in the families.
Key words: Fatality, Missing corpse, Painful bereavement, Uncertainty, Memory of the dead, Shipwreck, Initiation rites.
Morir en el mar en tiempos de la marina de vela. A propósito de un poema de Víctor Hugo
En Oceano nox (1836), V. Hugo puso de realce varios rasgos específicos de la muerte en el mar: el fallecimiento por enfermedad mar adentro, el accidente, la pérdida de «un hombre en el mar» o el náufrago perturban de distintas maneras o vedan la realización de los ritos de pasage hacia el otro mundo, tanto más que el fin o el devenir del desaparecido suelen resultar inciertos. Salvo excepciones, el cadáver está ausente del cementerio y «presente» en el mar. Ritos religiosos, actos conmemorativos, así como leyendas sobre «fantasmas» nos revelan la dificultad del duelo para su entorno. A veces quienes jamás regresaron perduran a través de una larga memoria familiar.
Palabras claves: Accidente, cuerpo ausente, duelo penoso, incertidumbre, memoria de los desaparecidos.
« (…) Sur la mer fut ton chemin ton sentier sur les eaux innombrables Et tes traces, nul ne les connut. »
Psaume 77 (76), 20
Le 16 juillet 1836, Victor Hugo qui séjourne à Saint-Valéry-en-Caux entend la tempête faire rage. Il compose alors le poème Oceano nox (la nuit sur l’océan), qui sera publié dans le recueil Les rayons et les ombres, paru en 1840, où il évoque la mort en mer et le sort posthume de ceux qui en sont victimes (Hugo : I, 1116-1117).
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