Article de dossier

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© Jeanne Menjoulet #BACKTOTHESTREET Paris 10e. street art enfants migrants Source (CC BY 2.0)

La prévention sociale et le jeune errant : quelle clinique « en » rue possible ?


Nicolas ROBERT

Nicolas ROBERT est docteur en psychologie au Laboratoire de Psychologie clinique, de Psychopathologie et de Psychanalyse, et au Centre Interdisciplinaire d’Etude des Littératures d’Aix Marseille. Il exerce comme psychologue clinicien au service de prévention sociale de l’association CASP à Paris.

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Pour citer cet article :

Robert N. La prévention sociale et le jeune errant : quelle clinique « en » rue possible ? L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2023, volume 24, n°3, pp. 291-300


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/la-prevention-sociale-et-le-jeune-errant-quelle-clinique-en-rue-possible/

La prévention sociale et le jeune errant : quelle clinique « en » rue possible ?

Cet article rend compte de l’action menée par l’équipe pluridisciplinaire de prévention sociale de l’association CASP sur le centre de Paris et questionne plus précisément les effets du travail « dans et hors les murs » des professionnels, ainsi que les enjeux de l’utilisation du terme « jeune errant » et de la préposition « en ».

Mots clés : errance, jeune adulte, psychologue, subjectivité.

Social prevention and wandering youngsters Is clinical practice possible « on » the street, and if so what form can it take?

This article is a presentation of the actions carried out by the multidisciplinary social intervention team of the CASP association in Paris city centre. More specifically, it explores the efficacy of work « within and without walls » by these professionals. It also explores the issues of the use of the term « wandering youngsters» and the notion of within/without.

Keywords: interview, psychologist, subjectivity, wandering, young adult.

La prevención social y los jóvenes indigentes. ¿Qué clínica es posible en la calle?

Este artículo es una presentación de las acciones llevadas a cabo por el equipo multidisciplinario de prevención social de la asociación CASP en el centro de París. El artículo cuestiona más precisamente los efectos del trabajo “dentro y fuera de los muros de la institución” de los profesionales, así como la importancia del uso del término “joven de la calle” y la preposición “en”.

Palabras claves: adulto joven, entrevista, indigencia, psicólogo, subjetividad.

« J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources. »

Perec, G. (2000). Espèces d’espaces. Galilée, p. 179.

Notre réflexion porte sur l’action menée pendant cinq ans au sein du service de prévention sociale de l’association CASP implanté dans le centre de Paris, partant de la place du psychologue clinicien dans une telle institution. Ce dispositif particulier – relativement récent et novateur puisqu’il fut mis en place en janvier 2017 – repose sur l’action « dans et hors les murs » d’une équipe pluridisciplinaire composée d’éducateurs spécialisés, de médiateurs de rue, d’une assistante de service social, d’un psychologue clinicien, d’une cheffe de service et d’une coordinatrice du partenariat local. Héritière de la prévention spécialisée, la prévention sociale s’appuie sur les principes de l’anonymat, de la non-institutionnalisation de ses actions, de la libre adhésion, du travail partenarial et enfin – c’est sur ces derniers points que j’attire particulièrement l’attention des lecteurs – l’absence de mandat nominatif à la faveur d’un mandat territorial et l’aller-vers. Ces deux derniers principes commandent, plus encore que les quatre autres, une intervention en rue, dans un mouvement d’aller-vers, de l’ensemble des professionnels du service. Chacun des membres de la prévention sociale va ainsi, hors les murs, sur un territoire préalablement délimité par le département de Paris. Elle va, de cette manière, « en » un lieu découpé dans la ville, prélevé dans l’espace que cons-titue le centre de la capitale française et nommé alors « territoire » d’intervention. Il faut préciser également que la prévention sociale oriente ses actions selon trois grands axes : la coordination du partenariat local, la médiation sociale et la prévention jeunesse. Si la première a pour objectif d’encourager une connaissance partagée des actualités des différentes associations intervenant et par là, participant à la dynamique et la constitution du territoire, elle encourage également un accompagnement inter-structures et partenarial des personnes suivies. L’axe « prévention jeunesse », sur lequel nous reviendrons plus loin, commande une intervention de terrain auprès d’un public jeune (de 12 à 30 ans) fragilisé et nécessitant un accompagnement pluridisciplinaire à la fois social, éducatif et psychologique. Enfin, la médiation sociale, quant à elle, exige une connaissance de tous les publics présents de manière régulière, voire continue, sur le territoire en vue de leur orientation vers des structures adaptées à leurs spécificités (âge, situation administrative et/ou familiale, etc.) et/ou leurs problématiques et demandes (addictions, prostitutions, fugues adolescentes, etc.). Pour terminer cette brève introduction et avant d’y revenir, notons que les médiateurs de rue, particulièrement en charge de cet axe, ont pour mission la création renouvelée d’une carte spécifique qui, au-delà du plan que constitue le territoire tel qu’il est représenté dans le pré-découpage de l’espace d’intervention, tracerait les dynamiques territoriales.

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