Brèves
Syrie 2018, chroniques de Maryvonne Bargues
Maryvonne BARGUES
Maryvonne BARGUES est psychiatre et travaille depuis plusieurs années avec Médecins Sans Frontières, 8 rue Saint-Sabin, 75011 Paris. Elle a réalisé de nombreuses missions dans différents pays. Du terrain, elle fait profiter proches et collègues de fragments des carnets qu’elle tient régulièrement.
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Lien vers cet article : https://revuelautre.com/blog/syrie-2018-chroniques-de-maryvonne-bargues-2/
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Maryvonne Bargues est psychiatre pour plusieurs organisations humanitaires. Elle a participé à de nombreuses missions dans différents pays en guerre. A chaque mission où elle vient en aide aux populations, par ses témoignages et écrits, elle rend compte de ce qu’elle observe et de ce que lui confient ses patients.
Actuellement sur le terrain en Syrie, elle nous fait parvenir des textes que nous partageons avec vous au fur et à mesure.
Mourad a 33 ans… son esprit et aussi son corps sont depuis longtemps les réceptacles de la violence. Une violence qui se répète, la guerre a sept ans déjà.
La violence s’exerce avec tous ses raffinements, les coups de barre de métal en préambule puis la torture dont l’horreur ne peut se dire. Elle est un comble de l’au-delà de l’inhumanité. Les bombes prennent le relais, la violence qui troue le corps, les corps, tue l’ami à coté, puis tue des proches… Les bombes vont continuer à l’accompagner, dans ses errances que lui et les centaines d’autres commencent.
Des zones plus sûres ? Ils parcourent les campagnes de Damas à Alep, d’Alep à Deir el zor, et autres errances jusqu’à Aïn Issa où je le rencontre. Cette question d’une réplique proposée par le corps m’est posée par le mode de cette rencontre.
Mourad est retenu (avec une grande gentillesse) par un groupe d’amis. Ils sont sept à le contenir, il se débat, se frappe, tout en lui est agitation contre lui-même… C’est sur lui que la violence répétée fait retour, une violence qui le déborde qui ne peut se parler. Si ce n’est comme ça. Ainsi de temps à autre depuis sept ans. Quand le calme revient les paroles commencent à refaire histoire. C’était ainsi pour Mourad hier, aujourd’hui Ali Abdel propose un scénario identique.
Demain ?
Pour eux et d’autres, la tragédie du peuple syrien a tenté de détruire leur esprit, la réplique du corps si elle s’historise va t’elle perdre un peu de son tragique et permettre à Mourad, Ali Abdel et d’autres, de se retrouver en possession d’eux-mêmes ?
Maryvonne Bargues,
Syrie 2018