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Petite géographie des traces

Le dessin à la rencontre de l’autre en contexte transculturel


Administrateur

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Pour citer cet article :

Sternis C. Petite géographie des traces. Le dessin à la rencontre de l’autre en contexte transculturel. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2021, volume 22, n°2, pp. 198-209


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/petite-geographie-des-traces/

Petite géographie des traces. Le dessin à la rencontre de l’autre en contexte transculturel

En clinique transculturelle, le lien entre dessin et culture vient interroger l’étendue, le sens et la direction des imprégnations et des influences réciproques. L’autrice réalise dans un premier temps une revue développementale et projective des productions graphiques. Elle s’appuie ensuite sur son expérience de terrain au Bénin et au Vietnam comme clinicienne et chercheuse afin d’illustrer son analyse des intrications entre le dessin et la culture, pris entre les deux pôles de la prédétermination et du métissage.

Mots clés : approche transculturelle, Bénin, culture d’origine, dessin, enfant, médiation thérapeutique, Vietnam.

A brief geography of traces: drawing in the encounter with others in a transcultural context

In transcultural clinical practice the link between drawings and culture raises the issue of the extent, the meaning and the direction of mutual influences. The author first of all proposes a developmental and projective review of graphic productions. She then uses her field experience in Benin and Vietnam as a clinical researcher to illustrate her analysis of the interweaving of drawing and culture, halfway between predetermination and cross-breeding.

Keywords: Benin, children, cultural origins, drawing, therapeutic mediation, transcultural approach, Vietnam.

Pequeña geografía de rastros. Dibujar para conocer al otro en un contexto transcultural

En la clínica transcultural, el vínculo entre el dibujo y la cultura cuestiona el alcance, el significado y la dirección de las impregnaciones e influencias recíprocas. El autor comienza con una revisión evolutiva y proyectiva de las producciones gráficas. A continuación, se basa en su experiencia de campo en Benín y Vietnam como médico e investigadora para ilustrar su análisis de los enredos entre el dibujo y la cultura, atrapados entre los dos polos de la predeterminación y el mestizaje.

Palabras claves: Benín, cultura de orígen, dibujo, enfoque transcultural, mediación terapéutica, niño, Vietnam.

Comme psychologue clinicienne et psychanalyste, enseignante en psychologie (médiations thérapeutiques, interprétation graphique, prise en charge des personnes autistes qui, le plus souvent ne dessinent pas), nous nous sommes d’emblée passionnés pour la trace, le dessin. Traces infimes, puis dessin, qui s’engrangent ou disparaissent, que l’on observe, conserve ou oublie, qui se modifient aussi. Elles se déplacent dans le temps et l’espace, de pays en pays, fondant un récit, et interrogent : tracer, dessiner, quand, où, par et pour qui ? « Dessiner », terme français du XVIIe siècle, du latin « designare », raconte la trace, son concret (« représenter, esquisser ») et son destinataire (« désigner, pointer quelque chose »). Sa survenue est contemporaine du pointage et de la désignation qui surgit dans le développement ordinaire de l’enfant (1 an) en même temps que le langage. Dans ce pointage, cette désignation, nous voyons le regard du destinataire. Ce pointage est effrité, comme le dessin, dans l’autisme (Haag, 2018), quand l’autre est encore soi-même, non différent, impossible à quitter, là où l’intersubjectivité fait défaut. On l’observe également chez certains psychotiques qui, dans leurs moments évolutifs, contournent au crayon la main de leur thérapeute, en un « self-objet » où la main figure tout le corps, quatre membres et la tête, collant à la forme, condensant le lien et niant la perte (Marcilhacy & al., 2011). D’où cette première question : que désigne-t-on et surtout à qui ? Ici se marque cette place de l’autre, du tiers, de la relation et de l’environnement, donc de la culture. Nous permettant de nous interroger sur la matière de cet environnement, cette culture, ces autres différents avec lesquels on souhaite communiquer et qu’il s’agirait de refléter par la production graphique. Que ce soit en un sujet seul, une famille, un groupe. Des personnes, des animaux, des maisons ou un paysage. Un monde en mouvement ou figé, dans la ville ou dans la nature.

Travaillant dans divers pays (le Vietnam notamment), nous avons étudié des cohortes de dessins d’enfants (Bénin, Chine, Burkina-Faso, Cuba, Vietnam), leurs groupes témoins en France1 et avons supervisé de nombreux mémoires de DESS cliniques à l’EPP2. Nous avons été saisis par leur dimension à la fois développementale (comment chacun dessine, selon l’avancée de sa croissance, ses habiletés intellectuelles, son schéma corporel), projective (ce que chacun dessine de lui, de son « image inconsciente du corps »3, à son insu), mais aussi d’adresse à l’autre : contextuelle, relationnelle et au final culturelle. Nous nous sommes demandés si cette variable culturelle fonctionnait en prédestination, si on pouvait parler de dessin béninois, chinois, vietnamien, etc. En un mot, si le dessin était soluble dans la culture. Dans un premier temps, nous nous attacherons à analyser la compréhension développementale et projective des productions graphiques. Nous étudierons dans un second temps le mode d’imprégnation et d’influence de la culture sur le dessin.

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  1. Beaucoup de remarques qui ont nourri nos enseignements (et cet article) comme celles sur les « organes de communication » nous ont été confirmées par notre cohorte de 441 dessins de bonhomme français recueillis en individuel (ou très petits groupes, 4 maximum) auprès d’enfants filles et garçons de 5 à 10 ans de la région parisienne et lyonnaise dans un cadre scolaire (avec compléments d’anamnèse par les instituteurs et parfois les parents) fournis par des étudiants de Master 2 entre 1998 et 2015.
  2. Ecole de Psychologues Praticiens.
  3. « Image inconsciente du corps » (Dolto, 1984), proche du « moi-peau » de Anzieu (1985), enveloppe psychique narcissique étayée sur l’enveloppe corporelle, lieu des échanges et de l’individualité, avec ses marquages libidinaux et traumatiques.