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Scène du puits de Lascaux Source (CC BY-SA 2.0)

Mort et symbolisation en préhistoire et en psychanalyse


Dossier : Morts ou vifs

Alain GIBEAULT

Alain Gibeault est membre titulaire formateur de la Société Psychanalytique de Paris.

Coppola D. L’abri d’Agnano à Ostuni (Italie). Habitat, sépultures et sanctuaire. In: L’Origine des représentations. Regards croisés sur l’art préhistorique. Paris: Ithaque; 2016. p. 25-33.

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Freud S. (1912-1913 [1912-13 a]), Totem et tabou. In: Œuvres complètes. Psychanalyse, XI, 1911-1913. Paris: Presses Universitaires de France, 1998. p. 189-385.

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Mohen JP. Arts et préhistoire. Naissance mythique de l’humanité. Paris: Editions Pierre Terrail; 2002.

Mondzain MJ. Homo spectator. Paris: Bayard; 2007.

Roux ML. Culpabilité inconsciente et fantasme de matricide. In: Guillaumin J. (Ed.), Fantasme de matricide et culpabilité inconsciente. Paris: Dunod; 2014. p. 1-33.

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Vialou D. La préhistoire. Paris: Gallimard; 1991.

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Pour citer cet article :

Gibeault A. Mort et symbolisation en préhistoire et en psychanalyse. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2018, volume 19, n°3, pp. 315-322


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/mort-et-symbolisation-en-prehistoire-et-en-psychanalyse/

Mort et symbolisation en préhistoire et en psychanalyse

Les sépultures préhistoriques sont les premiers témoins de la culture humaine et d’un travail de transformation de la pulsion qui, à la fois dissimule et montre, dans un mouvement de lutte contre la détresse, l’anéantissement et la mort par la création infinie de substituts divers. A quoi s’ajoute le plaisir esthétique dans la figuration de la vie pour lutter contre les angoisses vécues devant l’énigme de la mort. Les rites funéraires participent de cette activité symbolisante et témoignent du souhait d’une société de réactiver à chaque décès le mythe fondateur de la communauté, la question des origines et d’un au-delà de la mort.

Mots clés : activité symbolisante, figuration, mort, psychanalyse, sépultures préhistoriques.

Death and symbolization in prehistory and psychoanalysis

Prehistorical burials bear witness of human culture but also of an effort to transform instinct which, through the struggle against distress, both conceals and displays annihilation and death through endless creation of various substitutes. There is an aesthetic pleasure as well in the figuration of life to fight against anxiety when facing death’s mystery. Funeral rituals take part in this symbolization activity and show the will of a society to re-enact in every death the founding myth of the community, the question of the origin and the hereafter.

Keywords: death, death and burial in prehistory, figuration, psychoanalysis, symbolization activity.

Muerte y simbolizacion en prehistoria y en psicoanalisis

Las sepulturas prehistóricas son los primeros testimonios de la cultura humana y de un trabajo de transformación de la pulsión que, al mismo tiempo, oculta y enseña, en un movimiento de lucha contra el desamparo, la aniquilación. y la muerte por la creación infinita de varios sustitutos. A lo que se suma el placer estético en la figuración de la vida para luchar contra las angustias experimentadas frente al enigma de la muerte. Los ritos funerarios son parte de esta actividad de simbolización y manifiestan el deseo de una sociedad de reactivar en cada muerte el mito fundador de la comunidad, la cuestión de los orígenes y de un más allá de la muerte.

Palabras claves: actividad de simbolización, figuración, muerte, muerte-sepulturas prehistóricas, psicoanálisis.

La même image a été le récipient d’entités spirituelles
aux contextes mythologiques probablement radicalement différents.
André Leroi-Gourhan (1977)

 

L’art paléolithique témoigne autant d’un imaginaire mythique dont les secrets nous échappent que d’un travail de transformation de la pulsion qui, à la fois dissimule et montre, dans un mouvement de lutte contre la détresse, l’anéantissement et la mort par la création infinie de substituts divers. L’homme préhistorique tout comme l’homme d’aujourd’hui appartiennent à la même espèce, l’Homo sapiens, et peuvent être compris dans leur fonctionnement mental de la même façon. C’est la fonction des processus de symbolisation de donner aux individus appartenant aux différentes époques l’opportunité de se reconnaître eux-mêmes, et cela est vrai autant pour les sociétés de chasseurs-cueilleurs à l’époque préhistorique que pour les chercheurs d’aujourd’hui, confrontés aux énigmes de l’art préhistorique et à leur interprétation.

Préhistoriens, psychanalystes, anthropologues, iconologues et hellénistes ont pu ainsi se rencontrer en donnant un rôle central à l’apparition, avec l’Homo sapiens, de l’aptitude à symboliser de façon polysémique. De ce point de vue, l’accent porté sur les fonctionnements de la symbolisation, plutôt que sur les contenus symboliques et sociaux, a permis de trouver des correspondances entre les créateurs du passé et ceux d’aujourd’hui. De même, ces « regards croisés » trouvent des points de convergence axés sur les conditions préalables au fonctionnement psychique et à la créativité (F. Sacco et E. Robert, Ed., 2016).

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