Lors d’une mission exploratoire avec Médecins Sans Frontières à Mostar en 1996, quelques mois après les accords de Dayton, j’arrivai dans une ville brisée en deux, dont le pont symbolique et séculaire entre croates et musulmans s’était affaissé, un jour de malheur, sous les coups de mortiers ennemis, dans les eaux du fleuve. A l’est, la ville détruite, à l’ouest, la partie croate, préservée. Les ONG et l’UNICEF avaient déjà proposé toute une stratégie de prévention des troubles psychiques, quadrillant la population. Mon travail exploratoire n’avait repéré qu’un maillon non couvert par la méthodique construction : les soldats démobilisés qui traînaient, à l’ouest comme à l’est.
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