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Soigner l’ennemi


Dossier : L’ennemi

Lisa OUSS-RYNGAERT

Lisa OUSS-RYNGAERT est pédopsychiatre, consultante à MSF, a travaillé en Tchétchénie, Ingouchie, Bosnie. Hôpital Necker-Enfants Malades, consultante en neuropédiatrie et en pédopsychiatrie.

Pour citer cet article :

Ouss-Ryngaert L. Soigner l’ennemi. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2002, volume 3, n°1, pp. 79-92


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/soigner-lennemi/

Soigner l’ennemi

À partir de notre expérience en psychiatrie humanitaire, nous poserons la question de la possibilité de « soigner l’ennemi  ». Après un bref rappel de la notion d’ennemi, nous questionnerons la pertinence de ce concept en pratique humanitaire à travers les questions de neutralité, exil, altérité. La revue de la littérature en matière de soin psychique des auteurs de barbarie est très pauvre, attestant à la fois de la nécessité et la difficulté à penser cette question. Nous tenterons enfin de donner quelques pistes de réflexion aux questions : pourquoi soigner les responsables d’actes barbares, qui le peut et comment ?

Mots-clés : psychiatrie humanitaire, ennemi, bourreau, traumatisme psychique, soin psychique.

Taking care of the ennemy

Starting from our experience in the field of humanitarian psychiatry, we investigate the possibility of taking care of the enemy. We shall question the relevance of such a concept in the humanitarian practice through the questions of neutrality, exile, alterity. There is little literature in the field psychological care for barbarity perpetrators; this fact attests that it is necessary and difficult to think about this question. We shall propose some tracks about these issues: why to take care of torturers, who is able to and how?

Key words: Humanitarian psychiatry, enemy, torturer, psychic trauma, psychological care.

Atender al enemigo

Partiendo de nuestra experiencia en siquiatría humanitaria, nos interrogaremos aquí sobre la posibilidad de «atender al enemigo». Luego de un breve recuerdo de la noción de enemigo, interrogaremos la pertinencia de este concepto en la práctica humanitaria a través de cuestiones tales como: neutralidad, exilio, alteridad. Las fuentes literarias en materia de atención síquica a autores de barbaries son mury pobres, lo que atesta a la vez de la necesidad y de la dificultad de pensar este problema. Finalmente trataremos de proponer algunas pistas de reflexión para las preguntas: ¿porqué atender a los responsables de actos de barbaries, quien puede hacerlo y como?

Palabras claves: Siquiatría humanitaria, enemigo, verdugo, traumatismo síquico, atención síquica.

Lors d’une mission exploratoire avec Médecins Sans Frontières à Mostar en 1996, quelques mois après les accords de Dayton, j’arrivai dans une ville brisée en deux, dont le pont symbolique et séculaire entre croates et musulmans s’était affaissé, un jour de malheur, sous les coups de mortiers ennemis, dans les eaux du fleuve. A l’est, la ville détruite, à l’ouest, la partie croate, préservée. Les ONG et l’UNICEF avaient déjà proposé toute une stratégie de prévention des troubles psychiques, quadrillant la population. Mon travail exploratoire n’avait repéré qu’un maillon non couvert par la méthodique construction : les soldats démobilisés qui traînaient, à l’ouest comme à l’est.


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