Article de dossier

Les certificats médicaux aux étrangers demandeurs d’asile et déboutés

Cliniques et politiques


Dossier : Accueil, asile, soin

Claire MESTRE

Claire Mestre est psychiatre, psychothérapeute, anthropologue, responsable de la consultation transculturelle du CHU de Bordeaux, Présidente d’Ethnotopies, co-rédactrice en chef de la revue L’autre.

Pour citer cet article :

Mestre C. Les certificats médicaux aux étrangers demandeurs d’asile et déboutés : cliniques et politiques. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2009, volume 10, n° 2, pp. 162-170


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/les-certificats-medicaux-aux-etrangers-demandeurs-dasile-et-deboutes/

Les certificats médicaux aux étrangers demandeurs d’asile et déboutés : cliniques et politiques

Cet article examine comment l’auteur, qui est psychiatre psychothérapeute, rédige des certificats et des comptes rendus médicaux dans la procédure de la demande d’asile et pour la demande de statut d’étrangers malades à des patients victimes de la torture et de la violence d’État. Le contexte de rédaction est examiné : il est composé de différentes forces en action, de la politique xénophobe de l’État français, à la présence de groupes, professionnels ou non, qui aident les requérants. Ainsi, la position du rédacteur du certificat n’est elle pas autonome, elle est prise dans une « tactique » qui aura pour effet de le positionner dans cet entrelacs de forces. La clinique du traumatisme est aussi un facteur déterminant à l’écriture d’un certificat médical. En effet, la séméiologie, la relation soignant-soigné, le contexte du traumatisme, la façon de l’exprimer, le contre transfert de celui qui écoute sont autant de composantes qui l’influencent. La demande de statut d’étrangers malades pour les personnes victimes de la torture et de la violence d’État, évolue également dans un contexte très restrictif, où les patients souffrent du déni de leur parole, et où les médecins sont suspects de vouloir aller contre le projet étatique. En conclusion, l’auteur pose la question de la place de la victime de la torture qui est insuffisamment protégée dans notre pays : leur écoute s’inscrit dans un monde globalisé, où l’exigence de la reconnaissance des existences en souffrance et de l’esprit de justice se heurtent à la menace de la banalisation du mal.

Mots-clés : Demande d’asile, Torture, Traumatisme psychique, Certificat médical, France, Droit des étrangers.

Medical certificates for asylum seekers and dismissed foreigners: clinics and politicse

This article examines how the author, who is a psychiatric psychotherapist, draws up certificates and reports for the procedure of the asylum request and residence request for medical care for the victims of torture and state violence. The context of the drawing up is examined: it is made of different forces in action, from the xenophobic politic of the french state, to the presence of professional and no professional groups, which help the foreigners. So, the position of the certificate writer is not autonomous, it is taken in a “tactic” and it has effects : it brings him into a position in this forces interlacing. The traumatism clinic is another determinant factor to the medical certificate writing. Indeed, the semiology, the relation with the patient, the traumatism context, the expression way, the counter transfer of this one who listens: all of these components have influence. The residence request for medical care for the victims of torture and violence state evolves in a very restrictive context also, in which the patients endure the denial of their word and the physicians are suspected to have the will going against the state project. In conclusion, the author has questions about the place of these victims who aren’t enough protected in our country: their listening has been registered in a globalized world, where the suffering existences recognition and the justice spirit run against the threaten of the progressive evil banality.

Key words: Asylum request, Torture, Psychological trauma, Medical certificate, France, Right of foreigners.

Los certificados médicos a extranjeros con solicitud de asilo negada: clínica y políticas

Este artículo pretende examinar el contexto en el que el autor, que es psiquiatra y psicoterapeuta, redacta certificados médicos y resúmenes de historia clínica dentro del proceso de solicitud de asilo de sus pacientes y para justificar el estatus de extranjero enfermo a pacientes víctimas de tortura y de violencia estatal. Este contexto implica la participación de diferentes fuerzas, desde la política xenófoba del estado francés, hasta la presencia de grupos, profesionales o no, que ayudan los candidatos. Así que la posición del médico que redacta el certificado no es autónoma. El certificado resultaría ser una táctica que tendrá por efecto posicionarlo en este entrecruzamiento de fuerzas. La clínica del traumatismo también es un factor determinante en la redacción del certificado médico. De hecho, la semiología, la relación médico paciente, el contexto del traumatismo, la manera de expresarlo, la contratransferencia influencian la decisión. La solicitud del estatus de extranjero enfermo para las personas víctimas de tortura y de violencia estatal también evoluciona en un contexto restrictivo, en donde la palabra del paciente es puesta en duda y en donde las autoridades sospechan que los médicos tienen la voluntad de ir en contra del proyecto de estado. En conclusión, el autor se cuestiona sobre la insuficiente protección que Francia ofrece a las víctimas de tortura: la atención que se les presta se inscribe en una sociedad globalizada, en donde la exigencia de reconocer el sufrimiento y el espíritu de justicia chocan contra la amenaza de banalización del mal.

Palabras claves: Solicitud de asilo, Tortura, Trauma psíquico, Certificado médico, Francia, Derechos de los extranjeros.

La question des certificats médicaux à l’égard des personnes ayant vécu des persécutions est arrivée brutalement au même moment où une nouvelle politique d’immigration se mettait en place en France et en Europe. En effet, des questions lancinantes sont montées des professionnels (médecins et psychologues) qui soignaient de façon habituelle des demandeurs d’asile, témoins du désarroi qui les atteignait : fallait-il un écrit médical pour prouver les tortures que le requérant disait avoir subies, pour apporter une preuve irréfutable face aux institutions de l’État en charge d’examiner les demandes d’asile ?


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