Article de dossier
Le tourisme et la rencontre de l’autre
Publié dans : L’autre 2005, Vol. 6, n°1
Dossier : Voyages, migrations, errances
Giorgia CERIANI
Agrégée de géographie, doctorante, allocataire monitrice normalienne, à l'Université de Provence. Géographe et membre de l'équipe d'accueil MIT (Mobilités, Itinéraires, Tourismes), de l'université Paris 7 - Denis Diderot.
Mathis STOCK
Maître de conférences à l'université de Reims, chercheur au laboratoire Choros à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Géographe et membre de l'équipe d'accueil MIT (Mobilités, Itinéraires, Tourismes), de l'université Paris 7 - Denis Diderot.
Philippe DUHAMEL
Philippe Duhamel est maître de conférences, géographe et membre de l'équipe d'accueil MIT (Mobilités, Itinéraires, Tourismes), de l'université Paris 7 - Denis Diderot.
Rémy KNAFOU
Professeur à l'université Paris 7 - Denis Diderot, Géographe et directeur de l'équipe d'accueil MIT (Mobilités, Itinéraires, Tourismes), de l'université Paris 7 - Denis Diderot.
Pour citer cet article :
Ceriani G, Duhamel P, Knafou R, Stock M. Le tourisme et la rencontre de l’autre. Voyage au pays des idées reçues. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2005, volume 6, n°1, pp. 71-82
Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/le-tourisme-et-la-rencontre-de-lautre/
Le tourisme et la rencontre de l’autre. Voyage au pays des idées reçues
L’idéologie dominante ne confère qu’au seul voyage la capacité de rencontre avec l’autre, reléguant de manière implicite la pratique touristique à une non-rencontre ou à une rencontre de moindre qualité, sauf dans les rares cas de « tourisme intelligent ».
On défend ici l’idée selon laquelle le tourisme permet bien la rencontre. En effet, les pratiques des touristes expriment un certain rapport à l’autre, induit par la combinaison de deux phénomènes : la recréation et le déplacement, par lequel on associe des lieux autres à des pratiques hors du quotidien. Le tourisme est créateur de conditions propres visant à réduire cette altérité ou à en atténuer les effets. Les lieux et produits touristiques (clubs de vacances, et plus généralement formules standardisées) peuvent alors être relus comme des modèles de production / atténuation d’altérité et non pas seulement comme des vecteurs d’uniformisation et de banalisation à l’échelle mondiale.
La question du lien entre altérité et tourisme permet donc de circonscrire une manière spécifique d’être avec l’autre, définissant autant le tourisme par rapport à d’autres formes de mobilité que d’autres formes de rencontre avec l’altérité.
Mots-clés : Altérité, apprentissage, déplacement, pratique, recréation, tourisme.
Turism and the other’s encounter. Travel to the land of preconceived ideas
The dominant ideology assigns solely to «travel» the capacity of encounter with the Other, conceiving the touristic practice implicitely as a «non-encounter» or as an encounter with less quality, exception made of the rare cases of «intelligent tourism».
We defend here the idea that tourism permits indeed the encounter with the Other. Touristic practices express a certain relationship to the Other, by the combination of two phenomena: the recreation and the displacement, by which individuals associate other places to non-quotidian practices. Tourism creates its proper conditions in order to decrease this alterity or, at least, to diminish its effects. Tourist places and products (vacation resorts and more generally, all standardised offers) can be reread as models of production/diminishing of alterity and not only as vectors of homogeneisation and standardisation of places at the global scale.
The question of the link between alterity and tourism permits to define a specific manner of being with the Other. Thus, tourism is to be defined relatively to other forms of geographical mobility, and to other forms of encounter with the Other.
Key words: Alterity, learning, displacement, practice, recreation, tourism.
El turismo y el encuentro del otro. Viaje al pais de las ideas preconcebidas
La ideología dominante no confiere mas que al viaje la capacidad de encuentro con el otro, relegando así de manera implícita la práctica del turismo a un no-encuentro o a un encuentro de menor calidad, salvo en los raros casos de «turismo inteligente».
Se defiende aquí la idea según la cual el turismo sí permite expresar una cierta relación al otro, inducida por la combinación de dos fenómenos: la recreación y el desplazamiento, por el cual se asocia lugares otros a una práctica fuera de lo cuotidiano. El turismo es creador de condiciones propias que tienden a reducir esta alteridad o a atenuar sus efectos. Los lugares y productos turísticos (clubes de vacaciones y mas generalmente formulas estardardizadas) pueden ser entonces revistos como modelos de producción: atenuación de la alteridad y no solamente como vectores de uniformalización y de vanalización a escala mundial.
La cuestión del lazo entre alteridad y turismo permite pues de circunscribir una manera específica de «ser con el otro», definiendo así tanto el turismo en relación a otras formas de movilidad como otras formas de encuentro con la alteridad.
Palabras claves: Alteridad, aprendisaje, desplazamiento, práctica, recreación, turismo.
Partons des idées reçues, comme ces deux citations nous y invitent. L’idéologie dominante, comme les marchands qui la co-produisent, nous le serinent en deux temps : a) voyager, c’est partir à la rencontre de l’autre ; b) être un bon touriste, un touriste intelligent, c’est retrouver l’esprit du voyage, donc aller à la rencontre de l’autre. Les idées reçues ne sont pas toutes fausses, ou pas intégralement fausses par principe.
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