Article de dossier
La torture dans Muriel d’Alain Resnais
Publié dans : L’autre 2002, Vol. 3, n°1
Dossier : L’ennemi
Raphaëlle BRANCHE
Raphaëlle Branche est docteur en Histoire, enseignante à l’Université de Marne-La-Vallée, chercheuse associée à l’Institut d’Histoire du Temps Présent.
Pour citer cet article :
Branche R. La torture dans Muriel d’Alain Resnais. Une réflexion cinématographique sur l’indicible et l’inmontrable. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2002, volume 3, n°1, pp. 69-77
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La torture dans Muriel d’Alain Resnais, une réflexion cinématographique sur l’indicible et l’inmontrable
Le cinéma de fiction peut être le lieu d’élaboration d’une réflexion sur la représentation et la transmission des expériences traumatiques. C’est le cas du film d’Alain Resnais Muriel ou le temps d’un retour (1963) dont le centre est occupé par le récit d’une scène de torture par un des soldats, acteur de la violence. Le travail du cinéaste permet de percevoir très finement les difficultés des personnes éprouvées à communiquer leur expérience mais aussi les ambiguïtés des représentations que chacun peut en donner ou s’en faire.
Mots-clés : torture, événement traumatique, représentation, transmission, cinéma.
Torture in Alain Renais Muriel a cinematographic reflection about what is unspeakable and indescribable.
Fiction films can be the place to elaborate reflections on representation and transmision of traumatic experiences. This is the case in Alain Resnais film Muriel or the time of return (1963) which is centered around the narrative of a torture scene by one of the soldier perpetuating violence.
The film maker’s approach allows for a very sensitive perception of the persons difficulties in communicating their experience and also the ambiguities of the representations each one might give or create.
Key words: torture, traumatic event, representation, transmission, cinema.
La tortura en Muriel de Alain Resnais: una reflexión cinematográfica sobre lo indecible y lo inmostrable
El cine de ficción puede ser un lugar de reflexión sobre la representación y la transmisión de experiencias traumáticas.
Es el caso de la película Muriel o el tiempo de un retorno de Alain Resnais (1963), centrada en el relato de una escena de tortura, relato hecho por uno de los soldados autores de esta violencia.
El trabajo del cineasta permite una percepción bien afinada de las dificultades que resienten las personas afectadas para comunicar sus experiencas. Y tambien la ambigüedad de las representaciones que cada uno puede dar o hacerse.
Palabras claves: tortura, acontecimiento traumático, representación, transmisión, cine.
Une ville détruite par les bombardements puis reconstruite ; un homme et une femme, sa belle-mère, hantés par la guerre, vivant comme à côté du présent, dans une temporalité décalée, tous habités du passé : tels sont les personnages principaux du troisième long métrage d’Alain Resnais, Muriel (1963). Après avoir travaillé avec Marguerite Duras pour Hiroshima mon amour (1958) et Alain Robbe-Grillet pour L’année dernière à Marienbad (1961), Alain Resnais a retrouvé comme scénariste Jean Cayrol, avec lequel il avait déjà fait Nuit et Brouillard en 1956. Le temps et la représentation des événements est une nouvelle fois au cœur de son intérêt.
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