Article de dossier

La spécificité des métis


Dossier : Métissages

Jonathan AHOVI

Jonathan Ahovi est pédopsychiatre, responsable de l’unité de psychopathologie de l’adolescent (UPA) à l’hôpital Louis Pasteur à Dôle. Il dirige une consultation transculturelle à la Maison de Solenn / Maison de adolescents de l’hôpital Cochin.

Pour citer cet article :

Ahovi J. La spécificité des métis. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2007, volume 8, n°2, pp. 213-220


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/la-specificite-des-metis/

La spécificité des métis

Il ne suffit pas de paraître « entre-deux » pour être métis. De ce point de vue, les maghrébins ne sont pas métis, entre blanc et noir, ils ne sont pas des « gris ».

Les gens qui ont la peau foncée, ne sont pas métis à cause de la couleur de leur peau mais parce que leur père et leur mère appartiennent chacun, respectivement à des groupes culturels différents. Cependant, on reconnaît les métis avant tout, à la couleur de leur peau et à leur apparence physique. La naissance des métis est le résultat d’une transgression et ils apparaissent comme une « corruption » de la pureté, avec les problèmes d’identité que cela pose. Pourtant le métissage apparaît comme la solution naturelle un mouvement perpétuel qui crée de nouvelles entités culturelles. C’est paradoxalement, une source de différenciation.

Les enfants métis ne sont ni l’un ni l’autre mais un troisième, et c’est précisément leur spécificité. Il faut donc prendre en compte cette spécificité en clinique, comme en travail social, pour que la rencontre avec la personne métisse soit possible.

Mots-clés : Métissage, transgression, couleur, différenciation, culture.

The specificity of mixed-race people

Looking “in between” is not enough to be mixed-race. From that point of view, North African people are not mixed-race, in between black and white, they are not “grey” people. Dark skinned people are not mixed-race because of the colour of their skin but because their father and their mother each belong respectively to different cultural groups. Yet, mixed-race people can be identified, above all, by the colour of their skin and their physical appearance. The birth of mixed-race people is the result of a defiance and they appear like a “corruption” of purity, with all the identity problem it presents.

Interbreeding appears nevertheless as a natural solution, a perpetual motion that creates new cultural entities. It is paradoxically a source of differentiation. Mixed-race children are neither one nor another they are a third and this is precisely their specificity. This specificity must be taken into account in clinic, as in social work, to make the meeting with the mixed-race person possible.

Key words: Intebreeding, defiance, colour, differentiation, culture.

La especificidad de los mestizos

No basta con estar « entre-dos » para ser mestizo. Desde este punto de vista los magrebíes no son mestizos, entre blanco y negro no son « grises », como pueden ser llamados peyorativamente en Francia. La gente que tiene la piel oscura no es mestiza por el color de su piel. Pero sí porque su padre y su madre pertenecen cada uno a grupos culturales diferentes. Sin embargo se reconocen a los mestizos, ante todo, por el color de su piel y su apariencia física. El nacimiento de los mestizos procede de una transgresión y aparecen como una “corrupción” de la pureza, con los problemas de identidad que ésto plantea. Sin embargo el mestizaje aparece como la solución natural a este movimiento perpetuo que crea nuevas entidades culturales. Es paradójicamente una fuente de diferenciación. Los hijos mestizos no son ni el uno ni el otro sino un tercero y ésta es su especificidad. Hay que considerar esta especificidad tanto en clínica como en el trabajo social para que el encuentro con la persona mestiza sea posible.

Palabras claves: Mestizaje, transgresión, color, diferenciación, cultura.

Il ne suffit pas de paraître « entre-deux » pour être métis. Les Maghrébins ne sont de ce point de vue pas métis entre noir et blanc ; ce ne sont donc pas des « gris ». Les gens qui ont la peau mate ne sont pas métis en raison de la couleur de leur peau. Quand ils le sont, c’est parce que leur père et leur mère appartiennent respectivement à des groupes culturels suffisamment distincts ce qui correspond dans le cas des métis noir-blanc à des couleurs de peau différentes. Mais les métis se reconnaissent d’abord et avant tout à la couleur de leur peau, à leur apparence physique.


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