Article de dossier

Du récit de vie dans l’approche de l’autre


Dossier : La vie comme récit

Daniel BERTAUX

Daniel Bertaux est Directeur de recherche en sociologie, C.N.R.S., Centre d’Etude des Mouvements Sociaux, EHESS, 54 boulevard Raspail, Paris.

Pour citer cet article :

Bertaux D. Du récit de vie dans l’approche de l’autre. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2000, volume 1, n°2, pp. 239-257


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Du récit de vie dans l’approche de l’autre

Comment se fait-il que la question « qui es-tu ? » induise nécessairement une réponse comportant récit de vie ? L’auteur part de la réponse de Hannah Arendt : « parce que nous sommes des êtres historiques ». Cela signifie notamment, pour Arendt, que nous sommes comme pris dans des enchâssements successifs de temporalités et d’actions ; mais on peut y ajouter des enchâssements successifs de contextes culturels et sociaux, et de systèmes sémantiques. Un récit de vie met donc en contact, à travers deux personnes, deux réalisations singulières de l’histoire de l’humanité. Leur appartenance commune, leur « commune humanité » est ce qui fait qu’il puisse y avoir communication, au-delà de l’inévitable méconnaissance initiale. À titre d’illustration une enquête de terrain est décrite  : des travailleurs sociaux ayant effectué des récits de vie avec des adultes maghrébins qu’ils croyaient fort bien connaître, ont découvert des aspects remarquables de leur personnalité, ce qui a eu aussitôt des conséquences pratiques très positives.

Mots Clefs : Récit de vie, historicité des personnes, enchâssements successifs, immigration, commune humanité.

The life story as path towards the other

To the question «  who are you ? » the answer necessarily involves some form of self-narrative ; but why is it so ? The author starts from Hannah Arendt’s answer : because we are historical beings. Which means for her, among many other things, that we are all taken in webs of action and temporalities. The author adds that the structure of such webs seem to be of the part/whole type : each being, together with others of the same « level », embedded or nested in a larger one which itself is again embedded in an even larger one, and so on. Social/cultural contexts, and webs of meaning, might also have this « fractal » structure of successive embedments. Thus a life story puts in contact, through two persons, two singular actualisations of human history. Their common humanity is what made some form of communication possible, beyond the initial, and unavoidable, reciprocal misrepresentations. To illustrate some of these points the author briefly describes a sociological fieldwork through which social workers interviewed adult migrants they thought they knew very well, discovered entirely new aspects of their personality ; after that common action to reduce juvenile delinquency in the neighbourhood was immediately initiated.

Key Words: Life story, historicity of individuals, successive embedments, immigration, common humanity.

Del relato de vida en la aproximacion al otro

¿Cómo es posible que la pregunta « ¿Quién eres ? » induzca necesariamente una respuesta que comporte relato de vida ? El autor toma como punto de partida la respuesta de Hannah Arendt : porque somos seres históricos. Esto significa entre otras cosas, para Arendt, que estamos atrapados en un encaje sucesivo de temporalidades y de acciones ; pero se le puede añadir encajes sucesivos de contextos culturales y sociales, y de sistemas semánticos. De modo que un relato de vida pone en contacto, mediante dos personas, dos realizaciones singulares de la historia de la humanidad. Su pertenencia común, su común humanidad es lo que permite que haya comunicación, más allá del inevitable desconocimiento inicial. Para ilustrarlo se describe una investigación de terreno : unos trabajadores sociales que habían hecho relatos de vida con adultos magrebíes que pensaban conocer muy bien, descubrieron aspectos notables de su personalidad, lo que tuvo en seguida consecuencias practicas muy positivas.

Palabras Claves: Relatos de vida, historicidad de las personas, encajes sucesivos, inmigración, humanidad común.

Que le récit de vie soit un moyen d’accès à la connaissance de l’autre, chacun de nous le sait pour l’avoir appris à l’adolescence, bien avant de l’utiliser dans un cadre professionnel. Y a-t-il, dans le monde de la vie quotidienne et des rencontres qui s’y font, une meilleure façon de savoir à qui on a affaire ? Y a-t-il une meilleure façon de dire à quelqu’un d’autre qui je suis ?


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