Article de dossier
Du premier frisson à la libre parole
Publié dans : L’autre 2000, Vol. 1, n°3
Dossier : Dire sa Souffrance
Jacques LOMBARD
Jacques Lombard est anthropologue et cinéaste à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), 44 Boulevard de Dunkerque, 13572 Marseille Cedex 02.
Michèle FIÉLOUX
Michèle Fiéloux est anthropologue et réalisatrice au Laboratoire d’Anthropologie sociale (CNRS), Collège de France, 52 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris.
Pour citer cet article :
Fieloux M, Lombard J. Du premier frisson à la libre parole. Itinéraires de possession à Madagascar. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2000, volume 1, n°3, pp. 455-473
Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/du-premier-frisson-a-la-libre-parole/
Du premier frisson à la libre parole. Itinéraires de possession à Madagascar
La possession est un apprentissage social très spécifique. L’exemple malgache qui est développé dans cet article traite de l’articulation entre les trois termes de cet apprentissage, la maîtrise des sentiments, l’exercice de la parole et les différentes phases du rituel qui accompagnent cette négociation d’un individu avec son groupe social, qu’il s’agisse de son groupe de parenté ou plus tard de son groupe professionnel.
Au départ, le groupe familial de l’élu, mettant en œuvre une véritable science de l’adorcisme, déchiffre les mille signes qui témoignent de l’intervention invisible. À la fin, le possédé parvient au plus haut niveau de la hiérarchie quand on reconnaît publiquement son génie propre, sa totale compétence grâce aux preuves nombreuses qu’il a pu donner de sa capacité à répondre aux demandes qui lui sont faites.
Plus le possédé est maître de sa possession, plus sa parole est déliée et moins le rite est nécessaire pour le légitimer.
Mots Clefs : Anthropologie, rituel, Madagascar, possession.
From the first shiver up to Free speach. The path of the possession in Madagascar
Possession is a particular social apprenticeship. The madagascan example developed in this paper deals with the three terms of his apprenticeship : feelings control, exercise of speech and the differents phases of the ritual that follows the negociation between individu and both his social group, or later on, his professional one. In the beginning, the family of elected patient put on a real knowledge of adorcism, decode the thousands signs giving evidence of the intervention of the Invisible. At the end, the possessed arrives at the high level of the Hierarchy when his proper genius and his full competence are publicly recognised after he demonstrates his capacity of answering the questions posed to him. The more the possessed controls his possession, the more his tongue is loosen and the less the rite is necessary to legitimate his speech.
Key Words: Anthropology, ritual, Madagascar, possession.
Del primer escalofrío a la palabra libre. Itinerarios de posesión en Madagascar
La posesión es un aprendizaje social muy particular. El caso malgache expuesto en este artículo trata del vínculo entre los tres términos de este aprendizaje, el dominio de los sentimientos, el uso de la palabra y las diferentes fases del rito que acompañan esta negociación de un individuo con su grupo social, sea éste su grupo de parentesco o más tarde su grupo profesional.
Al principio, el grupo familiar del elegido, al instaurar una verdadera ciencia del adorcismo, descifra los miles de signos que muestran la intervención de lo invisible. Al final, el poseso alcanza el escalón más alto de la jerarquía encuanto se le reconoce públicamente su genio propio, su total competencia gracias a numerosas pruebas que ha podido dar de su capacidad a contestar a las preguntas que se le hacen.
Cuanto más dueño esté el poseso de su posesión, más suelta está su palabra y menos necesario es el rito para legitimarlo.
Palabras Claves: Anthropologia, ritual, Madagascar, posesión.
Notre travail s’attache pour le moment, en l’état de dépouillement de l’enquête, à une analyse comparative du phénomène de la possession dans l’ensemble malgache. Cette analyse s’appuie sur deux éléments de base : une connaissance de l’appareil symbolique qui organise la lecture du « divin » ou du « sacré », masina ou hasina, l’histoire de la mise en place de cette institution, les cultes de possession, dans le droit fil du mouvement de transformation de la société malgache.
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