Article de dossier

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Du langagiaire

Traduction, transduction,
transformation

Cécile CANUTCécile Canut est
sociolinguiste et
cinéaste, détachée à
l’institut Universitaire de
France (IUF). Membre
du CERLIS (UMR
8070), elle enseigne à
l’université Paris Cité
dans le département de
sciences du langage.
Prônant une linguistique
anthropologique
politique, elle défend
une démarche située
de ia recherche. Elle
a publié notamment
Provincialiser la langue,
langage et colonialisme,
chez Amsterdam, 2021 ;
Langue, Anamosa, en
2021 ; Le langage, une
pratique sociale, Élément
d'une sociolinguistique
politique en 2018 (avec
Manon Him-Aquilli, Felix
Danos, Caroline Pañis au
PU FC) ; Mise en scène
des Roms en Bulgarie,
Petites manipulations
médiatiques ordinaires
en 2016, aux éditions
Petra (avec la
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Stefanova et Gueorgui
Jetchev).

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Canut C. Du langagiaire. Traduction, transduction,
transformation. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2025, volume 26, n°l, pp. 40-49

Résumé

Du langagiaire. Traduction, transduction, transformation

Une image devenue classique dépeint la traduction comme un pont entre deux langues, respectivement nommées langue source et langue cible. Cette affirmation, à
force d’être répétée et investie sous des modalités très diverses, s’est imposée
comme un topique convertissant la métaphore en constitution d’un objet du réel. Elle
suppose ainsi que la langue est une entité naturelle et clairement isolable d’une autre
entité. Si la commensurabilité ou l’incommensurabilité des langues est fréquemment
questionnée par les chercheurs et les traducteurs, la notion de « langue » elle-même
est rarement mise en question. À partir du concept de langagiaire, cet article propose d’appréhender la matérialité langagière qui n’est réductible ni à la langue ni à
la dimension dénotationnelle et symbolique du langage. Il s’agit, dès lors, d’aborder
l’hétérogène langagière traversant d’une part les corps, les désirs, les affects et les
relations subjectives, et d’autre part les relations de pouvoir qui sans cesse œuvrent
à la captation politique et idéologique de ses effets.

Mots-clés : traduction, langue, linguistique, politique, langage, anthropologie.

Abstract

Language. Translation, transduction, transformation

A now classic image depicts translation as a bridge between two languages, called the
source language and the target language respectively. This assertion, by dint of being
repeated and used in a wide variety of ways, has established itself as a topical principle that converts metaphor into the constitution of an object of reality. It thus assumes
that language is a natural entity that can be clearly isolated from another entity. While
the commensurabllity or incommensurability of languages is frequently questioned by
researchers and translators, the notion of ’language’ itself Is rarely called into question. Based on the concept of langagiaire, this article proposes to understand the
materiality of language, which is reducible neither to language nor to the denotational
and symbolic dimensions of language. The aim, then, is to address the heterogeneity
of language as it traverses bodies, desires, affects and subjective relations, on the one
hand, and the power relations that constantly work to capture its effects politically and
ideologically, on the other.

Keywords: translation, language, linguistics, politics, language, anthropolog.

Resumen

De la lengua. Traducción, transducción, transformación

Una imagen ya clásica representa la traducción como un puente entre dos lenguas,
denominadas respectivamente lengua de partida y lengua de llegada. Esta afirmación, a fuerza de repetirse y utilizarse de muy diversas maneras, se ha convertido en
un principio tópico que hace que la metáfora se constituya en un objeto de la realidad.
De este modo, asume que el lenguaje es una entidad natural que puede aislarse claramente de otra entidad. Mientras que la conmensurabilidad o inconmensurabilidad
de los lenguajes es cuestionada con frecuencia por investigadores y traductores, la
noción de «lengua» en sí rara vez se pone en tela de juicio. Partiendo del concepto
francés de «langagiaire» (relativo al lenguaje), este artículo propone comprender la
materialidad del lenguaje, que no es reducible ni a la lengua ni a las dimensiones
denotativas y simbólicas del lenguaje. Se trata, pues, de abordar la heterogeneidad
del lenguaje que atraviesa los cuerpos, los deseos, los afectos y las relaciones subjetivas, por una parte, y las relaciones de poder que operan constantemente para captar
política e ideológicamente sus efectos, por otra.

Palabras clave: traducción, lenguaje, lingüística, política, lengua, antropología.

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