From the promised land. Modern discourse on African jewry

Jonas Zianga
Ben-Gurion University : Neguev Press ; 2011

L’ouvrage présente différentes communautés de Juifs Africains et afro-américains. Le premier chapitre est consacré à la communauté sud-africaine des Lemba, le second aux Juifs Afro-Américains, le troisième expose la problématique de l’identité juive des noirs. L’Afrique abrite aujourd’hui différents groupes qui se réclament d’une origine juive : les Abayudaya d’Ouganda, les Ibo du Nigeria, etc. Des analyses ADN ont été pratiquées sur les Lemba qui confirment leur origine juive, voire un possible lien avec le lignage des Cohen. Toutefois les autorités juives orthodoxes ne reconnaissent pas ces indices génétiques. Pour certains les Lemba seraient persuadés d’être Juifs en raison de facteurs sociaux directement liés au contexte de l’apartheid en Afrique du sud et au rôle du discours des Européens.

37,6 millions d’Afro-Américains vivent aujourd’hui aux Etats-Unis dont 200000 « Juifs noirs ». Leur foi repose sur le récit de l’Exode. Leur désir d’émigrer a conduit à un conflit de plus de dix ans avec les autorités israéliennes. Ils ne reconnaissent pas la halakha et n’acceptent que les lois écrites de la Torah. La question de l’identité juive des Noirs suscite de vifs débats au sein de la communauté scientifique. Seule la communauté Beta Israel est aujourd’hui reconnue comme Juive par la halakha. En réaction ces communautés ont tendance à s’écarter du judaïsme officiel. La question de l’identité juive des Noirs représente un défi pour la population d’Israël en ce qui concerne la définition de la judéité. Les communautés Africaines qui souhaitent être reconnues juives n’ont aujourd’hui d’autre choix que celui de se convertir au judaïsme officiel.

En réaction certains de leurs leaders n’hésitent pas à parler de “conspiration blanche” visant à spolier les Africains de leur héritage juif. 91 % des Juifs africains se définissent en termes de religion, tandis que les Juifs blancs choisissent de s’identifier autrement qu’en termes de statut religieux. Les liens au judaïsme des communautés de Juifs Afro-américains et des Juifs noirs du continent africain sont multiples, leurs histoires et leurs pratiques religieuses diffèrent. Ces groupes n’expriment pas le désir de construire de liens entre communautés noires mais partagent un même objectif : la reconnaissance de leur double identité à la fois en tant que Noirs et Juifs.

Ce phénomène d’identification au Judaïsme et au peuple juif se manifeste aussi dans d’autres groupes ethniques et dans d’autres communautés en Europe, en Asie, en Amérique. Le discours sur les “Tribus Perdues” et retrouvées (en Chine, au Japon, en Inde, au Pérou etc.) est largement accepté dans la société israélienne où ces communautés ont été accueillies chaleureusement (Bne Menashe, Bne Israel, etc.). Le débat spécifique sur les Juifs africains semble plus témoigner d’une tension interethnique que d’un problème de pure halakha.

L’ouvrage de Jonas Zianga, docteur en sociologie présente une riche synthèse de la problématique du judaïsme africain et afro-américain au regard d’un judaïsme plus officiel. Il pose des questions sur la construction des identités, les processus de filiation et d’affiliation, et éclaire les enjeux politiques et sociaux autour de la question relativement récente du judaïsme noir.