Familles en crise : approche systémique des relations humaines

Françoise Rougeul
Georg Editeur, 2012

J’ai été particulièrement réceptive à ce livre. L’ayant découvert en même temps que l’auteur, j’ai trouvé sa présentation de l’approche systémique des relations humaines, des apports théoriques, les exemples concrets, ainsi que l’histoire de la psychiatrie, à la fois riches de sens, aisés à comprendre et à lire. La pensée systémique (première, deu­xième cybernétique), avec le principe de causalité circulaire, y est traitée avec simplicité, ce qui me paraît la meilleure manière de transmettre.

Françoise Rougeul est médecin psychiatre à la retraite, consultante et formatrice en thérapie familiale. Elle fut professeur à l’université de Paris X, puis à Nice. Elle a été un des membres créateurs du DESS de psychologie clinique de la famille et des groupes en situation de crise, ainsi que membre fondateur de l’APRTF. Ici, elle nous parle des différentes théories systémiques en s’attachant plus précisément à celles qui ont été fondatrices. Elle consacre un chapitre entier aux théories de la communication et développe plus précisément, avec des exemples concrets, les nouvelles perspectives de la thérapie familiale contextuelle et narrative.

Le rappel des enjeux de la relation, des différents types de crise (et notamment relationnelles) et leur contexte, ainsi que les injonctions paradoxales, le double lien et les thérapies familiales narratives et contextuelles, m’ont particulièrement intéressée.

« La crise s’accompagne de sentiments d’urgence ou de panique », ce n’est pas pour autant qu’il y a urgence. Pour Guy Ausloos, la crise correspond à l’état d’un système au moment où un changement va se produire (l’adolescence l’illustre bien). C’est par la crise que l’on passe d’un état à un autre.

L’injonction paradoxale engendre la paralysie de l’action et de la pensée. On rentre dans un cercle vicieux. « La seule issue consiste à sortir du cadre fixé par le paradoxe pour déceler la contradiction cachée ». Les effets sont parfois positifs. Ils peuvent stimuler la créativité.

« L’individu pris dans le double lien se trouve dans une situation intenable », il doit répondre à une injonction, sans savoir ce qu’il en est, « aucune réponse adéquate », sous une forme de manipulation de la communication.

L’approche contextuelle (I. Boszomrmeny-Nagy), considère que les problèmes de justice et injustice régulent les rapports sociaux, d’avantage que les rapports de pouvoir.

Les thérapies narratives relient étroitement connaissance et pouvoir. L’exclusion sociale n’est plus un simple fait de société, elle devient une identité imposée au sujet (délinquant, toxicomane).

« Plus qu’un ouvrage de documentation dont les différentes parties peuvent se consulter isolément, j’ai tenu à écrire une “histoire” des familles dont les chapitres s’enchainent comme des épisodes… ». Parce que selon l’auteur « les théorisations les plus intéressantes risquaient d’être lettre morte si elles ne faisaient appel à notre vécu. »

Facile d’accès, Familles en Crise s’adresse à un large public, et pourrait être un livre de chevet pour tous ceux qui ont à faire avec les groupes humains, la relation d’aide, et l’être en relation. C’est un ouvrage complet où chacun peut trouver ce dont il a besoin.