Dossier

© Jean-Michel Perrin Source D.G.

Métissages

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De tout temps, les femmes et les hommes ont voyagé, volontairement, parfois par nécessité ou par contrainte. Et cela de plus en plus. Les êtres se métissent mais aussi les idées, les manières de penser et de faire. Nous allons explorer ici les métissages humains, subtils destins singuliers, avec leurs grandeurs et leurs souffrances mais aussi les métissages conceptuels ou les bricolages méthodologiques pour mieux comprendre, mieux accueillir et mieux soigner.

Le métissage apparaît aujourd’hui comme naturel et rien ne semble pouvoir arrêter le brassage des populations et des idées. Cette évolution naturelle soulève pourtant immédiatement la question de la perte d’identité, de l’unique ancrage si rassurant et que l’on imagine douillet et sépare ceux qui croient que les gens et les pratiques évolueront inéluctablement vers le métissage pour la survie de l’humanité et ceux qui, au contraire, pensent qu’un tel destin précipitera l’humanité vers sa perte. Mais si l’on s’attarde un peu sur cette question, on s’aperçoit assez rapidement qu’il n’y a pas un métissage mais des métissages et que ces métissages concernent principalement les êtres et interrogent sur les rencontres sexuelles qui donnent naissance à des sujets difficilement classables qui échappent à une pensée binaire.

Ces sujets tendus parfois jusqu’à l’extrême entre deux mondes ou au contraire presque complètement détendus, profonds et remplis de sagesse que l’on appelle métis sont des sujets surprenants quand ils ne sont pas fascinants, toujours dans une démarche inattendue, qui fait leur spécificité. Celle-ci n’est pas repérable dans une catégorie précise. C’est une démarche déséquilibrée. C’est ce déséquilibre qui l’oblige à être sans cesse en mouvement et qui rend la position élégante. Mais derrière cette élégance peut se cacher une tension douloureuse qui n’est reconnaissable qu’à un esprit volontaire ou avisé. Sans ce souci et cette recherche, la démarche métisse peut être durablement entravée. La conséquence en est la chute du métis, qui n’est pas un retour vers l’un ou vers l’autre parce qu’il n’est ni l’un ni l’autre mais un troisième. Cette approche volontaire ne peut être le propre d’une seule discipline et nécessite un dépassement, un renoncement et des rencontres.