Article original

© podoboq 6 septembre 2012 Source (CC BY 2.0)

Psychothérapie d’enfants africains en situation migratoire


Aboubacar BARRY

Aboubacar Barry est psychologue clinicien, enseignant à l’Université de Koudougou (Burkina Faso) – 11 BP 1037 CMS Ouagadougou 11.

Barry A. La double inscription du migrant. Essaim, Revue de Psychanalyse 2001; 8: 71-83.

Collomb H. Bouffées délirantes en psychiatrie africaine. Psychopathologie Africaine 1965; 1 (2): 167-239.

Dahoun ZKS. Les us et abus de l’ethnopsychiatrie. Le patient migrant: sujet souffrant ou objet d’expérimentation clinique? Les temps modernes 1992; 552-553: 223-251.

Lacan J. Le Séminaire, livre III: les psychoses (1955-1956). Paris: Le Seuil; 1981.

Moro M. Parents en exil. Psychopathologie et migration. Paris: P.U.F.; 1994.

Moro M. Psychothérapie transculturelle d’enfants de migrants. Paris: Dunod; 1998.

Ortigues MC, Ortigues E. (1966) Œdipe africain. Paris: L’Harmattan; 1984.

Teixeira M. Rituels divinatoires et thérapeutiques chez les Manjak de Guinée-Bissau et du Sénégal. Paris: L’Harmattan; 2001.

Pour citer cet article :

Barry A. Psychothérapie d’enfants africains en situation migratoire. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2017, volume 18, n°2, pp. 205-216


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-originaux/psychotherapie-denfants-africains-situation-migratoire/

Psychothérapie d’enfants africains en situation migratoire

Ce texte rapporte le déroulement de la psychothérapie d’enfants africains reçus dans des structures de soins en France par un psychologue africain. Il rend compte de la manière dont les représentations culturelles façonnent les symptômes de ces enfants, même lorsque ceux-ci sont nés en France.

Mots clés : Afrique, ancêtre, culture, enfant de migrant, ethnopsychiatrie, filiation, possession, prénom, psychopathologie, psychothérapie, sorcellerie.

Psychotherapy of African children with a migrant background

This text relates the psychotherapy of African children received in health care centers in France by an African psychologist. It deals with the way cultural representations shape the symptoms of these children, even when they are born in France.

Keywords: Africa, ancestor, culture, ethno-psychiatry, first name, kinship, migrant children, possession, psychopathology, psychotherapy, witchcraft.

Psicoterapia de niños inmigrantes africanos

Este texto narra el desarrollo de las psicoterapias de niños africanos en centros de atención en Francia realizadas por un psicólogo africano. Se trata de las maneras con las que las representaciones culturales moldean los síntomas de estos niños incluso habiendo nacido en Francia.

Palabras claves: Africa, ancestro, brujería, cultura, etnopsiquiatría, filiación, hijo de migrantes, nombre, posesión, psicopatología, psicoterapia.

La psychothérapie transculturelle d’enfants de migrants en France a fait l’objet d’une abondante littérature. 1 Il s’agit en général de situations où les patients sont reçus en consultation par des thérapeutes occidentaux. Les cas de thérapeutes africains exerçant en France qui rendent compte de la prise en charge psychologique d’enfants africains résidant en France sont exceptionnels.

Il semble bien que les représentations qu’une société élabore autour des maladies de l’enfant structurent les attitudes des différents membres du groupe familial à l’endroit de l’enfant malade, comportements qui peuvent jouer un rôle dans 1’histoire de la maladie dont certains épisodes vont se développer conformément à des données culturelles précisément isolables. Cette conformité constitue ainsi l’impact subjectif des effets de dramatisation entraînés par la maladie de l’enfant. On pourrait penser, devant certaines situations, que le malade est conduit à s’identifier en quelque sorte au statut imaginaire correspondant à celui du sujet atteint de la maladie qu’il a, de sorte qu’on peut observer une correspondance entre le tableau symptomatologique présenté par le malade et ces représentations culturelles.

En adoptant 1’état qui lui est en quelque sorte suggéré par le groupe, l’enfant cherche à se situer en fonction du lieu d’où chacun des membres de la famille s’adresse à lui et du réseau de relations qui sont ainsi instaurées avec lui. Que la maladie de l’enfant soit interprétée en termes de possession ou de réincarnation (comme c’est souvent le cas en Afrique), et elle en fait un être dont l’identité ne peut être pensée en fonction des catégories auxquelles appartiennent les autres humains en général. Les relations avec cet être ainsi situé, mythiquement, hors du monde des humains seront différentes des échanges naturels que l’on développe avec un enfant « normal ». Une fois énoncée donc, cette identité autre obligera l’enfant à certains types de relations et de conduites qui viendront sans cesse confirmer sa nature d’enfant étranger.

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  1. Cf. par exemple Moro 1998.