Article de dossier

Children girls in southern Afghanistan, Us Military Staff, Octobre 2004 Source (CC BY 2.0)

Oser la transmission de la langue maternelle

et


Dalila REZZOUG

Dalila Rezzoug est pédopsychiatre, MCU-PH à l’université Paris 13 et dans le service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent du Professeur Marie Rose Moro, Hôpital Avicenne, 125 rue de Stalingrad, 93000 Bobigny.

Marie Rose MORO

Marie Rose Moro est pédopsychiatre, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, cheffe de service de la Maison de Solenn – Maison des Adolescents, CESP, Inserm U1178, Université de Paris, APHP, Hôpital Cochin, directrice scientifique de la revue L’autre.

Altounian J. La survivance: traduire le trauma collectif. Paris: Dunod; 2000. p. 123-127.

Altounian J. (2005) Survivre au génocide: traduire le traumatisme. (Page consultée le 25 avril 2011). Bibliothèque municipale de Lyon, [en ligne] http://www.bm-lyon.fr/spip.php?page=video&id_video=12

 

Bialystok E, Craik FIM, Klein R, Viswanathan M. Bilingualism, aging, and cognitive control: Evidence from the Simon task. Psychology and Aging 2004; 19(2): 290-303.

Brinbaum Y, Kieffer A. D’une génération à l’autre, les aspirations éducatives des familles immigrées: ambition et persévérance. Les dossiers d’éducation et formation 2005; (72): 53-75.

Deprez C. Les enfants bilingues, langues et familles. Paris: Didier, Coll. «CREDIF»; 1994.

Green DW. Mental control of the bilingual lexico-semantic system. Bilingualism: Language and cognition 1998; 1: 67-81.

Halliday MAK. Language as Social Semiotic. The social interpretation of language and meaning. Baltimore MD: University Park Press; 1978. p. 199. Cité par Francis Zimmermann: /ehess. tessitures.org/poliglotta/traduction/lexil-et-la-memoire.html

Mahler M. Épilogue (1978) L’enfant dans sa famille, l’enfant vulnérable. Paris: PUF; 1982.

Moro MR, Nathan T. Le bébé migrateur. Spécificités et psychopathologie des interactions précoces en situation migratoire. In: Lebovici S, Weil-Halpern F., editors. Psychopathologie du bébé. Paris: PUF; 1989. p. 683-722.

Moro MR. Enfants d’ici venus d’ailleurs. Naître et grandir en France. Paris: La Découverte; 2004.

Moro MR. et al. Ces enfants venus d’ailleurs. In: Bentolila A. Quelle école maternelle pour nos enfants? Paris: Odile Jacob; 2009. p. 101-129.

http://freudkleinwinnicottbion.typepad.fr/.shared/image.html?/photos/uncategorized/2008/05/03/lenfant_et_sa_famille_grand_forma_2.jpg http://freudkleinwinnicottbion.typepad.fr/.shared/image.html?/photos/uncategorized/2008/05/03/lenfant_et_sa_famille_grand_format.jpg

Reveyrand-Coulon O, Diop-Ben Gelloune A. Désir de langue, désir de mère: la transmission dans la migration. Langue(s) maternelle(s). Paris: L’Harmattan, Coll. «Cahiers de l’Infantile»; 2006. p. 87-102.

Rezzoug D, De Plaën S, Bensekhar-Bennabi M, Moro MR. Bilinguisme chez les enfants de migrants: mythes et réalités. Le Français Aujourd’hui 2007; (158): 61-68.

Sinatra F. La figure de l’étranger et l’expérience de l’exil dans la cure. In: Kaës R et al., editors. Différences culturelles et souffrance de l’identité. Paris: Dunod; 2005. p. 131-152.

Sturm G, Baubet T, Moro MR. Mobilizing social and symbolic resources in transcultural therapies with refugees and asylum seekers: the story of Mister Diallo. In: Drozdek B, Wilson P., editors. The voices of trauma: treating survivors across cultures. Boston: Springer Science/Business Media, LLC; 2007. p. 211-232.

Tisseron S. La honte, psychanalyse d’un lien social. Paris: Dunod; 2007. p. 65-67.

Tribalat M. De l’immigration à l’assimilation, enquête sur les populations d’origine étrangères en France. Paris: La Découverte/INED; 1996.

Vallet LA, Caille JP. Les élèves étrangers ou issus de l’immigration dans l’école et le collège français. Une étude d’ensemble. Les dossiers d’éducation et formation 1996; (67).

Vallet LA, Caille JP. Niveau en français et en mathématiques des élèves étrangers ou issus de l’immigration. Économie et statistique 1996; 293: 137-53.

Winnicott DW. La crainte de l’effondrement. In: La crainte de l’effondrement et autres situations cliniques. Paris: Gallimard; 2000. p. 205-216.

Pour citer cet article :

Rezzoug D, Moro MR. Oser la transmission de la langue maternelle. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2011, volume 12, n°2, pp. 153-161


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/oser-la-transmission-de-la-langue-maternelle/

Oser la transmission de la langue maternelle

Dans nos sociétés modernes où la circulation des personnes est permanente, maîtriser plusieurs langues est à la fois un atout précieux et un fait relativement banal. Dans le champ du soin en situation transculturelle, nous portons une attention particulière aux transmissions familiales qui contribuent à asseoir les enfants dans des affiliations solides et qui les préparent à créer d’autres affiliations à la société dans laquelle ils se développent. Nous discuterons la transmission de la langue maternelle, objet et un outil de construction, en contexte d’exil.

Mots clés : culture, enfant de migrant, langue maternelle, multilinguisme, relation parent-enfant, séparation-individuation, transmission du savoir.

Daring the transmission of the mother tongue

In our modern societies, where people are constantly on the move, mastering several languages is both a precious asset and a commonplace fact. In the field of transcultural care, we put the emphasis on the familial transmissions to promote the development of solid affiliations of the culture shared within the family. This will help the children to create others affiliations with the host society. We will discuss the transmission of the mother tongue in exile situation.

Keywords: culture, Immigrants’ off-spring, knowledge transmission, mother tongue, multilingualism, parent-infant relationship, separation-individuation.

Atreverse a transmitir la lengua materna

En nuestras sociedades modernas donde la circulación de personas es permanente, hablar varios idiomas es un hecho muy precioso y al mismo tiempo, bastante commun. En el campo de la salud en situación transcultural, la transmiciones familiales permiten la construcción de partenancias solidas. Esto prepara los niños a creer otras partenancias en la sociedad donde se desarollan. Vamos a discutar sobre la transmicion del idioma maternal en contexto de exilo.

Palabras claves: cultura, Hijos de inmigrantes, lengua materna, multilingüismo, relación padre-hijo, separación-individuación, transmisión del saber.

Dans nos sociétés modernes où la circulation des personnes est permanente, maîtriser plusieurs langues est à la fois un atout précieux et un fait relativement banal. De nombreux auteurs ont souligné les bénéfices inhérents au bilinguisme sur le plan cognitif, culturel et affectif (Bialystok 2004 ; Green 1998). Ces compétences peuvent contribuer entre autre à l’investissement du savoir et de l’école et à des parcours de réussite. Cependant, à côté de ces situations exemplaires, modèles éventuels d’identification, l’analyse longitudinale des parcours scolaires des enfants de migrants montre que ceux-ci font partie des élèves qui ont le plus grand risque de difficultés scolaires, d’échec, de sortie précoce du système scolaire ou des orientations vers des filières peu prestigieuses du système éducatif (Vallet & Caillé 1996 ; Brinbaum 2005). Ainsi, l’école républicaine ne parvient pas à garantir à tous ses enfants les mêmes chances. Ces enfants, déjà porteurs d’une vulnérabilité spécifique liée au risque transculturel, sont mis à mal par cet échec scolaire précoce dans la construction de leur identité et estime de soi.

Dans le champ du soin en situation transculturelle, nous portons une attention particulière aux transmissions familiales qui contribuent à asseoir les enfants dans des affiliations solides et qui les préparent à créer d’autres affiliations à la société dans laquelle ils se développent. Or, si nous sommes quotidiennement sollicités pour des troubles du langage en français, des difficultés d’apprentissage, ou des troubles d’ordre psychopathologique, les parents nous interrogent peu sur les compétences de leur enfant dans la langue familiale et a fortiori lorsque l’enfant renonce à sa langue première et met en place ce qu’on pourrait appeler par analogie un « mutisme de la langue maternelle »1. En outre, même si ce symptôme isolé de désinvestissement d’une langue au profit d’une autre est un processus adaptatif ne conduisant pas spécialement à des difficultés d’ordre développemental, il peut rendre compte de stratégies de métissage plus ou moins harmonieuses et être le témoin de modalités de transmission intrafamiliale plus compliquées.

Dans cet article, nous discuterons la transmission de la langue maternelle, un outil de construction en contexte d’exil.

 L'accès à cet article est réservé aux abonnés.


Connectez-vous pour accéder au contenu

ou abonnez-vous en cliquant ici !

  1. La définition de la langue maternelle est plurielle. Plusieurs critères permettent de distinguer la ou les langues maternelles de toutes les autres : « La capacité de dire la même chose de différentes manières, en d’autres termes de varier les registres et les styles ; la capacité de parler pour ne rien dire, très difficile à faire dans d’autres langues ; la capacité d’anticiper sur la réplique de l’inter­locuteur ; la capacité de saisir au vol dans la conversation des mots ou des tournures nouvelles sans même y penser (Michael Halliday). C’est le don de la variété, du remplissage, le don de l’anticipation et du mimétisme (Francis Zimmerman). Odile Reveyrand-Coulon et Aminata Diop-Ben Geloune proposent que la langue maternelle est la « langue en référence à l’originaire, langue matrice de toute langue, langue dans laquelle le sujet entre dans le langage. Aussi, certains préfèrent l’usage du mot langue-mère, ou langue première, celle à partir de laquelle dérivent toutes les expériences infantiles. Plus ba­­na­lement, on désigne la langue maternelle comme la langue du pays natal par opposition à la langue du pays d’accueil.

Articles de dossier


Éveil aux langues et aux cultures à l’école :
une démarche intégrée avec un triple objectif cognitif, affectif et social

Portes ouvertes à l’école :
accueillir l’enfant dans sa/ses langue/s