Article de dossier

Les lieux d’asile sont-ils des lieux d’hospitalité ?


Dossier : Hospitalités

Jacques BAROU

Jacques Barou est anthropologue. Chargé de recherche au CNRS, Unité Mixte de Recherche 5194 Pacte Politiques publiques, Actions politiques, Territoires.

Pour citer cet article :

Barou J. Les lieux d’asile sont-ils des lieux d’hospitalité ? L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2005, volume 6, n°3, pp. 359-373


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/les-lieux-dasile-sont-ils-des-lieux-dhospitalite/

Les lieux d’asile sont-ils des lieux d’hospitalité ?

L’étymologie du mot asile renvoie à un lieu de caractère sacré et inviolable où les persécutés de toutes sortes peuvent trouver refuge. Cette confusion initiale entre lieu d’asile et droit d’asile se maintient dans la chrétienté médiévale. À l’aube des temps modernes, le caractère sacré de l’asile disparaît et le droit se distingue du lieu. Mais avec l’augmentation des demandeurs d’asile depuis la fin du siècle précédent, de nouveaux lieux d’accueil apparaissent : les Centres provisoires d’hébergement puis les CADA (centres d’accueil pour demandeurs d’asile). Ils sont placés sous la responsabilité des pouvoirs publics. L’entrée y est conditionnelle et le séjour y est encadré. Les demandeurs d’asile qui y ont vécu y trouvent parfois une authentique hospitalité mais y ressentent aussi un sentiment d’enfermement aggravé par les difficultés de cohabitation entre gens d’origines différentes. Les enfants cependant parviennent à y créer des liens et de la convivialité.

Mots-clés : Asile, hospitalité, demandeurs d’asile, centres d’accueil, politique d’accueil, enfermement, cohabitation.

Are asylum centers hospitable?

The original meaning of asylum refers to a sacred place where persecuted people could find a refuge. During middle ages, churches sustained such a role before public powers decided to organise the right to ask asylum according to a certain number of conjunctural conditions more than to eternal values. In France, asylum policy often hesitated between generosity and narrowly defined acceptation. The actual centers for asylum seekers are indeed reserved to a happy few, according to social needs more than authentic situations of persecution. Those who haves lived in such centers perceived them either as really hospitable or as closed places. A study has shown that it is easier for children than for adults to take profit of the opportunities to create social relationships in such places.

Key words: Asylum, hospitality, asylum seekers, housing centers, asylum policy, locking up, cohabitation.

Los lugares de asilo son también lugares de hospitalidad?

La etimología de la palabra asilo evoca un lugar sagrado e inviolable donde los perseguidos de todo tipo pueden encontrar refugio. Esta confusión inicial entre lugar de asilo y derecho de asilo se matiene en la cristianidad medioeval. Al alba de los tiempos modernos, el caracter sagrado del asilo desaparece y el derecho se diferencia del lugar. Pero con la aumentación de los solicitantes de asilo desde fines del siglo pasado, aparecen nuevos lugares de asilo: los Centros provisorios de alojamiento y luego los CADA (Centros de acogida para solicitantes de Asilo), plazados bajo la responsabilidad de los poderes públicos. La admisión está bajo condiciones específicas y la estadía reglamentada. Los solicitantes de asilo que han vivido en ellos encuentran a menudo una hospitalidad auténtica pero resienten tambien un sentimiento de encierro, agravado por las dificultades de cohabitación con personas de origenes diferentes. Sin embargo los niños logran crear lazos de convivialidad.

Palabras claves: Asilo, hospitalidad, solicitantes de asilo, centros de acogida, política de acogida.

La dimension topique de l’asile

Donner asile n’est pas une forme d’hospitalité ordinaire. Celui qui demande asile n’est pas un hôte comme les autres. Il est dans une situation particulière qui fait de lui un être menacé mais aussi quelque part un être menaçant, tel, autrefois, le vagabond persécuté qui se réfugie dans une église pour échapper à ses poursuivants ou, aujourd’hui, l’étranger chassé de chez lui dont on ignore les raisons qui l’ont poussé à la fuite. Donner asile est un acte qui engage plus que l’individu qui accueille chez lui l’hôte de passage, c’est un acte qui engage la collectivité en tant que telle.


Cet article est disponible uniquement au format pdf


Ou
Abonnez-vous en cliquant ici !

Vous êtes abonné Premium ?
Connectez-vous

[wordpress_social_login]

Dossier

Hospitalités
Dans le même dossier

Au risque de se perdre…
Vers une clinique de l’attente

Se protéger en exil
L’attachement chez les enfants de familles en demande d’asile