Article de dossier

Les Harkis : un passé sous silence


Dossier : L’ennemi

Catherine LE DU

Catherine Le Du est psychologue clinicienne. Elle coordonne la consultation pour jeunes isolés étrangers de l’Hôpital Avicenne. Université Paris 13 SPC, AP-HP, Hôpital Avicenne, Service de psychopathologie de l’enfant, de l’adolescent, psychiatrie générale et addictologie.

Pour citer cet article :

Le Du C. Les Harkis : un passé sous silence. L’autre, cliniques, cultures et sociétés, 2002, volume 3, n°1, pp. 53-67


Lien vers cet article : https://revuelautre.com/articles-dossier/les-harkis-un-passe-sous-silence/

Les Harkis : un passé sous silence

La fin de la guerre d’Algérie entraîna pour les Harkis la rupture brutale avec leur communauté d’origine dans des circonstances rendant difficile la transmission intergénérationnelle, souvent marquée par un silence honteux. Face à des difficultés d’affiliation et de filiation, certains de leurs enfants, dans une démarche active, ont pu faire le « choix toxicomaniaque », incorporation de toxique et recherche du traumatisme pouvant se révéler renarcissisant et restructurant.

Mots clefs : Guerre d’Algérie, Harkis, transmission, toxicomanie, traumatisme.

The Harkis: a past under silence

The end of the algerian war brought about for the Harkis a brutal breakdown with their traditional community. These circumstances have rendered intergenerationnal transmission, often marked by shameful silence, more difficult. Facing difficulties of affiliation and breach of filiation, some of their children made an active choice in becoming drug addicts, incorporating toxic products in search of traumatic experiences which may restructure their narcissism.

Key words: Algerian war, Harkis, transmission, drug addiction, traumatism.

Los Harkis: un pasado bajo silencio

Para los Harkis, el fin de la guerre de Argelia trajo como consecuencia la ruptura brutal con su comunidad de origen, dificultando así la transmisión intergenerational, a menudo marcada por un silencio avergonzado.
Algunos de sus jovenes en demanda activa, confrontados a dificultades de afiliación y de filiación, no pudiceron mas que hacer una elección toxicomaniaca, incorporación de toxicos y busqueda de un traumatismo que pueda revelarse renarcisisante y restructurante.

Palabras claves: Guerra de Argelia, Harkis, transmisión, toxicomanía, traumatismo.

« Une seule chose m’était précisément interdite : celle de naître dans le pays de mes ancêtres… et d’y grandir dans la continuité d’une tradition, d’une langue, d’une communauté… quelque chose qui était à eux, qui faisait qu’ils étaient eux, leur histoire, leur culture, leur espoir, ne m’a pas été transmis. »
Georges Perec, Récits d’Ellis Island

« Les gens biens, ils sont jamais deux à la fois »
Dostoievski, Goliadkine

 

Mars 1962 : les accords d’Evian mettent un terme à huit années « d’opérations de maintien de l’ordre » : son indépendance n’est pas encore proclamée mais l’Algérie n’est déjà plus française et des familles entières vont quitter le « joyau de l’Empire » sur les ponts de bateaux en partance pour Marseille. Suivent le silence et l’amnésie par beaucoup recherchée : une chape de plomb vient étouffer les récits de « valise ou de cercueil. »


Cet article est disponible uniquement au format pdf


Ou
Abonnez-vous en cliquant ici !

Vous êtes abonné Premium ?
Connectez-vous

[wordpress_social_login]

Dossier

L’ennemi
Dans le même dossier

Roussettes et requins
Amis et ennemis

La torture dans Muriel d’Alain Resnais
Une réflexion cinématographique sur l’indicible et l’inmontrable